La Révélation

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    Mes souvenirs revenaient, je comprenais enfin tout : la maladie, le rôle et la disparition du Dr. Alfred Montgomery, mes cauchemars, ma transformation physique … Tout était clair, limpide, logique. Le Dr. Montgomery était mon prédécesseur, et avait massacré la population locale en 1867 ! Il obéissait à ce monstre cruel … Le Dieu Noir … Gol-goroth … Et c’était à présent à mon tour. J’étais devenu l’esclave de ce monstre, dévorant et tuant des personnes innocentes ! Je savais que si je racontais toutes mes péripéties aux autorités, ils m’auraient pris pour un fou ou un alcoolique et m’auraient renvoyé chez moi. J’aurai alors continué à commettre ces actes horribles.

Je devais aller jusqu’au bout, même si je ne savais pas où cela me mènerait. Je traversai la pièce remplie de cadavres, et arrivai dans l’immense pièce que je reconnaissais immédiatement, et que je décidai d’appeler « la chambre du monstre ». Des restes de cadavres se trouvaient dans la pièce, et semblaient avoir été digérés. Je restai sur mes gardes. Tout à coup, j’entendis un bruit derrière moi : la porte par laquelle j’étais entré, représentant la seule issue, était en train de se fermer. Je courus le plus vite possible, mais il était trop tard : j’étais pris au piège. Je me retournai, et vis au loin dans la pénombre la créature qui m’avait asservie. Ces yeux rouges me fixaient, et pendant qu’elle s’avançait vers moi, elle recracha les os d’une de ses victimes. Le dernier bruit que j’entendis, fût le rire machiavélique de ces maudites gargouilles, cachées derrière les colonnes.

J’étais désormais à l’hôpital, « en sécurité » d’après les médecins. Mais je savais que c’était faux, et je les suppliai de bien vouloir m’écouter. Mais jugé trop dangereux, ils m’avaient enfermé dans une cellule capitonnée, dans laquelle mon seul contact avec le monde était une petite vitre en forme de hublot qui permettait à ces inconscients de m’observer. Je me sentais comme un lion en cage. Je savais que le danger rodait toujours, et sentis au plus profond de moi que quelque chose de terrible allait arriver. Je hurlai, me jetai contre les parois de la pièce, essayant infructueusement de me libérer de ma camisole. J’étais hors de moi. Mais mon accès de colère fut interrompu lorsque je vis à travers le hublot un épais brouillard noir, accompagné d’un faisceau rouge. Je compris instantanément. Il était là pour moi. Je tapai sur la porte pour que quelqu’un me libère, mais en vain. J’étais condamné. J’allai m’asseoir au fond de ma cage en tremblant. Pourquoi cela m’arrivait-il à moi ? Qu’avais-je provoqué ?

Cette question résonnait dans ma tête. Mon esprit scientifique cherchait en vain une réponse à cette terrible question. Mais hélas pour moi, il n’y avait pas d’autres possibilités : je devais terminer mon travail pour être libéré de ce monstrueux bourreau. La porte de ma cellule s’ouvrit. Je sortis lentement de ma prison, et regardai aux alentours. J’entendis un bourdonnement : une gargouille volant dans le couloir se dirigeait vers moi, le sourire aux lèvres, avec le couteau meurtrier dans ses mains. Je m’approchai lentement de la créature, pris le couteau, et sortis de l’institut, prêt à affronter ma terrible infortune.

LE PHARE D'OUTRE TOMBEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant