MON PRINCE NIGÉRIAN, de l'orage au coup de foudre.

| 01 | Nadjélika

J'arrive enfin devant la boutique. Je jette un coup d'œil à ma montre et elle affiche neuf heure vingt et une minutes. De toutes les personnes se trouvant à Manchester il a fallut que ça tombe sur moi. C'est mon premier jour de travail et je vais encore une fois « confirmer » l'un de leur préjugé.

J'ajuste mon decolté puis enjambe les marches de l'escalier à grande foulée.
- Euh... madame Brown?

La grande brune devant moi retira les loupes qu'elle portait sous les yeux et me reluqua de haut en bas.
- Mrs Nadjélika, vous confirmez l'heure africaine, lanca t-elle hautainement.

Qu'est-ce que je disais?
- Ça fait excatement quarante sept minutes que je vous devriez être à votre poste, continua t-elle.

- Desolée ce so...

Je n'eu même pas le temps de finir ma phrase qu'elle me stoppa net.
- Je n'ai ni le temps, ni l'envie d'écouter vos explications. Bref, allons-y.

Elle me demande de la suivre et me mène jusqu'à là où je suis censée passer mes mardis soir et samedis matin. Et donc, je suis chargée d'inscrire les noms des fans derrières leurs maillots.

A la longue je m'habitue à mon poste à la boutique de foot et je m'en sort assez bien. Actuellement c'est la période de la champion's league ce qui fait qu'on reçoit pas mal de clients jusqu'à tard les soirs. Avec l'université et le boulot je n'ai même plus de vie sociale! C'est à peine si je réussis à voir mes amis.
Je m'admire une dernière fois dans le miroire de ma salle de bain et je crois que c'est bon, je suis présentable. Le dernier coup de gloss et je suis fin prête pour une énième mi-journée de boulot.

Je sors enfin de mon apartement et comme toujours, all eyes on me! J'entends des sifflements de gauche à droite mais je fais comme si de rien n'étais. Moi qui pensais que c'etais seulement les teneurs de mur d'Abidjan qui fesaient ça, je me suis bien trompée. Comme quoi les teneurs de mur qu'ils soient noirs ou blancs sont tous pareil!

Je prend mon bus et arrive à la boutique. Il y avait un monde fou! Pour savoir ce qui se passe j'approche James. James c'est le garçon que je remplace tous les mardis après-midi. Il est gentil, respectueux et a un certain charme comme tout bon anglais mais il est loin d'être un James Bond hein.
- Il se passe quoi ici?

- Ah tu parles de tous ces gens! Demain y a united qui joue donc tu vois un peu.

Qui dit match demain, dit travaille multiplié par dix... Génial! C'est exactement ce dont j'avais besoin!
Je n'arrive même pas au bout de mes pensées que je vois madame Brown s'avancer jusqu'à moi. Et comme vous l'aurez deviné, elle me demande de faire des heures supplémentaires. J'espère seulement que cette fois-ci ces heures supp' seront renumérées.

***

Là maintenant, je suis à deux doigts de la crise de nerf. J'ai presque tous les supporters de Manchester United du coin sur le dos! Arrrgh qui m'a dit d'accepter ces heures supp' 😭. Et pour tout couronner y a un gar trop chiant qui veut me montrer comment faire mon travail.
- Je ne m'appelle pas Riliwayne! Y a pas d'i grec dans Ri-li-wa-ne!

- Pas la peine de crier comme ça j'ai compris !

C'est une erreur que je vais bien évidemment rectifier.

- Beh tu ferais mieux de vite me corriger ça. Quelle connerie!

Je le fixe dans les yeux. Il a de la chance lui! Je ne peux pas le laver correctement comme il le merite au risque de me faire congédier pour avoir été « mal polie » envers la clientèle. Il allait trop me sentir celui-là! Comme tout bon Ivoirien, je n'allais pas le louper.

Je demande à James de s'occuper du client qui vient après « monsieur casse-couilles » pendant que je modifie le nom.

La pression! La pression haaaaa! Le volcan au fond de moi est sur le point de faire érruption!

Quelques minutes plus tard je finis son maillot et je l'emballe.
- Tenez c'est fait.

- C'est pas trop tôt!

- Je vous en prie, lancais-je sourire sournois aux lèvres.

Je suppose que mon sarcasme l'a encore plus énervé car il m'a toisé d'une de ces manières.
Il paye puis sort.

J'espère seulement ne plus avoir affaire à ce genre de clients sinon je crois, je vais craquer.

***

18H35.
Enfin terminé tout ce travail! Les clients étaient pour la plupart satisfaits de leurs tee-shirts.

Je me presse. A cette heure, on rencontre énormément de bouchons puisque c'est la descente.
Je me mets en route pour le métro et tout d'un coup mon esprit revient sur ce type. Oui, celui qui m'a tellement soûlée tout à l'heure parce que je m'étais trompée sur l'orthographe de son prénom! Il était canon ouais. Beau mais énervant !
Bref je m'enlève son image de la tête pour éviter de faire des cauchemards.

Maintenant devant mon immeuble, je monte les marches nonchalamment. I'm so tired !

Je sors mes clés de mon sac pour ouvrir la porte mais je me rends compte qu'elle est fermée de l'intérieur. Ah oui! Sonya doit être rentrée .
Je toc et la porte s'ouvre sur elle.
- Ah tu es enfin là, dit-elle.

Sonya tout comme moi est venu en Angleterre pour les études. Elle revient de la RDC 🇨🇩, sa terre natale. Dans les débuts on ne s'entendait pas vraiment mais avec le temps, nous nous sommes beaucoup rapprochées. C'est une fille superbe, un peu tête en l'air mais bon, elle gère. De plus elle m'aide. Ensemble, nous joignons les salaires de nos petites activités pour le loyer, la nourriture et autres car, je ne veux plus dépendre de mes parents donc voilà...

- Si tu savais comment la journée a été longue, je m'affale dans le canapé. La boutique était super pleine à cause du match de demain. Tout le monde voulait avoir son maillot pour l'occasion.

- Mais ça t'arrange non? Au moins tu seras plus renumerée.

- Bof... ouais je pense... Mais y'a un gar qui m'a trop énervée aujourd'hui! Il me criait dessus comme une fillette parce que j'me suis trompée sur son nom bizarre là. Je déteste qu'on me crie dessus...

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