châtiment

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Efface comme tu peux les dernières traces du noir qui souligne chacune de tes pensées. Retire chaque tissu, un à un, les yeux accrochés au miroir. Tu ris, tu ris en laissant tes larmes brûler tes joues. Les rayures de ta chemise sont parallèles, droites, elles s'adaptent aux formes de ton corps. Ton bras droit brûle lui aussi ; ce n'est rien. Les tambours résonnent sur la fenêtre de gauche, livre de la révélation, "on va réussir à se voir". Avec ou sans le masque, dis moi ? Je vais devoir m'y faire à nouveau, je pense. Ce n'est rien, ce n'est rien. Il y aura sûrement à nouveau du sang sur mes draps cette nuit. Spasme douteux, hier j'ai ressenti l'étau différemment. C'était tout autour de mon existence, mais pourtant dans un coin de mon crâne. Entrouvert, souvent, ces dernières semaines. Je veux que tout s'échappe. Admirer la fuite du mal qui ronge mes os. En attendant, la plante de mes pieds frappe le carrelage en rythme. Plante. Comme si ce qui me permettait de maintenir l'équilibre était végétal. Besoin d'eau, de soleil, d'air. D'air, oui. Je respire mal ces derniers temps, mais ce n'est rien, n'est ce pas ? Ma tendre frénésie, enfin retrouvée, je crois. Blottie amoureusement contre mon sein, se mouvant contre le galbe de ma hanche. J'ai froid, aujourd'hui. Je veux fuir aussi à mon tour. L'esprit vide, tournant en rond comme l'homme à qui j'ai promis ma main pour me distraire. Mon regard s'accroche à celui qui se reflète, juste en face, que peut-il m'arriver si ce n'est la mort, maintenant ? Je les imaginais tous dévêtus, misérables dans leur soudaine vulnérabilité. Je les imaginais morts. De quelle façon ? C'était là la question. Après tout, vous avez peut-être raison, je suis sans doute folle. Visage de poupée disséquée, une larme médiocrement dessinée au coin de son œil de verre, est-ce moi ? Il n'y a pas d'idées noires cette fois, c'est le monde qui prend la relève. Que faire avant de basculer, que dire, à qui, et comment ? Tout s'enlise, mais pas ce qui constitue mon esprit. Les idées, les illusions, les pensées qui n'ont de cesse de pourfendre mon crâne, rien de tout cela ne se dissout. "Ton urgence de fuir est de retour et nous le savons tous." Le savez-vous réellement ? J'aurais aimé me perdre, à défaut de trouver une âme sœur.

Ces derniers jours, nous semblons creux. Mon ventre aussi. J'espère que bientôt, ce sera au tour de ma tête.

24/10/2019

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 24, 2019 ⏰

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