- Réveille toi !
J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur ! S'en aller, fuir, courir, abandonner... T'abandonner, t'abandonner, t'abandonner...
Je suis désolé.
Je suis tellement désolé...
- Réveille toi, je t'aime.
...
La main tendue de tes mots tout contre ma joue qui sortent de terre comme des fleurs fanées : des mots perdus, oubliés, jaillissant sans prévenir au creux de la vallée.
- Je t'aime !
Et sourire de plaisir, tout doucement, au son cristallin de ta voix qui rebondit sur le sol avec l'échos du souvenir.
- Moi aussi ! Si tu savais...
Oh... Juste un regard de l'autre côté... Juste un regard...
- Il faut t'en aller, tu sais.
- J'ai oublié les traits de ton visages...
- Mais pas les mots. Pas les rires. Pas les habitudes ridicules décalquées de nos journées heureuses.
- Tu es partout, sans visage, sans voix, errant à tous les coins de rues.
- Non, je se ne suis pas là, je n'y serai pas, juste là, droit devant toi.
- Mais pourquoi ? Juste un regard, s'il te plait... J'ai oublié la chaleur de tes bras...
- Mais pas celle de la lumière qui nimbe dans la clarté de l'hiver les murs de notre chambre. Pas celle du feu qui palpite dans la cheminée à la montagne. Pas celle du bonheur qui a traversé et traversera tes heures d'été.
- Oh je suis désolé, tellement désolé...
- Qu'elle est laide ta culpabilité ! Tu as le droit, tu sais ? De rire...
- J'ai oublié la douceur de ta main...
- Tans mieux, tu as toujours les tiennes pour relever les autres.
- Et toi ?
- Moi ? De qui tu parles... ?
J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur... Froid de la mort tout contre ma joue, froid bleue de la mort près de mes lèvres... J'ai peur, aide-moi !
...
Vie quotidienne. Gestes quotidiens. Sous les persiennes,
Odeur de romarin.
C'est toi, ça ! Tu traînes dans les couloirs, invisible et sans contours, de tout tu t'accapares et ma main vide, cherche la pression de tes doigts. Ils claquent dans le vide et font danser la poussière dans la lumière du soir. Ils claquent dans le silence pour soulever les bribes de souvenirs avec aisance.
Odeur de romarin, sous les persiennes. C'est toi ? Une main me pousse dans le dos en me volant un baiser. Tes mot, tes mots perdus et abandonnés au creux de mes pensées me prennent à la gorge, par le col, me jettent en avant pour courir loin de la peur.
S'en aller, avancer loin de cette vie solitaire et se demander si peut-être je pourrais jeter un regard de l'autre côté.
Juste un regard...
...
- Vraiment ?- Non. Non. Tu as raison. Ça ira. Merci. Je t'aime.
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Mots en nage.
Poetry[Poésie.] - Attends, j'ai perdu quelque chose, je reviens ! - Qu'est ce que c'est ? - Je... Je crois que je ne sais plus. Je crois que j'ai oublié... J'ai oublié les traits de son visage...