Chapitre 5 : Jour 1473 (part 1)

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Jour 1473

Encore une journée qui s'annonce chaude et difficile. Ce matin à notre réveil le soleil était levé, nous sommes donc partis assez rapidement toujours en direction des montagnes qui petit à petit s'approchaient de plus en plus. La marche du matin fut longue et laborieuse et grâce au ciel nous fûmes tous soulagés de découvrir un abri à l'ombre lorsque le soleil fut au plus haut dans le ciel. Cette pause nous fut extrêmement bénéfique à tous car le soleil brûlait énormément. Le repas fut court mais la sieste fut longue, nous avions décidé de repartir quand le soleil serait descendu dans le ciel et donc moins étouffant. Cela faisait déjà quelques minutes que Rosalind me faisait des signes pour que j'aille parler à Rey qui était seule dans un coin. C'était le moment rêvé mais je ne savais vraiment pas par quoi commencer. Au bout de quelques minutes de réflexion je pris mon courage à deux mains et me dirigeais vers elle d'un pas affirmé.

Quand je fus à quelques mètres d'elle je m'arrêtai et la regardai plusieurs secondes. Puis je pris une profonde inspiration pour me donner du courage et m'exclamai :

"Rey, tu vas bien ?"

"Jusque là oui, mais maintenant non" me répondit-elle d'un air énervé.

"OK..." Clairement, cette discussion commençait mal et allait mal se finir pour moi. Je le sentais pas du tout. Rosalind avait tort de me forcer à lui parler, mais en même temps il fallait bien que je le fasse un jour, mieux vaux tard que jamais comme on dit.

"En fait, ne le prend pas personnellement, je ne veux juste parler à personne" reprit-elle.

"T'es pas obligée de mentir tu sais, je sais bien que depuis quelques jours tu m'évites, je ne suis pas dupe."

"Bien. Et donc tu voulais quoi ?" balança Rey sèchement.

"Mettre les choses aux claires entre nous, et essayer de savoir pourquoi tu ne te remets pas de la mort de Beth."

"Tu sais quoi Elly ? Tu me fais chier à faire genre de t'intéresser à mes problèmes." cria Rey.

Je tournai légèrement les yeux vers les blocards qui pendant quelques instants nous avaient regardés mais qui étaient retournés à leurs discussions en devinant que ce n'était pas leurs affaires. Rosalind me sourit et me fit un signe de continuer à parler avec Rey, je levai donc les yeux au ciel et reprit d'un ton ferme mais affectif.

"Écoute Rey je ne fais pas semblant de m'intéresser à toi, je m'intéresse vraiment à toi et je veux t'aider à aller mieux..."

"Sauf que moi je t'ai rien demandé !"

"Certes mais si une personne va mal dans le groupe tout le groupe va aller mal. Et vu comme c'est dangereux ici je ne peux pas me permettre de perdre quelqu'un d'autre parce qu'il n'arrive pas à se remettre de la mort de l'un d'entre nous."

"Écoute Elly, puisque tu veux vraiment savoir ce qu'il ne va pas je vais te le dire. J'en ai marre qu'on essaie de me consoler, que TU essaies de m'aider tout le temps ! Je fais ce que je veux et quand je veux ! Ça te va comme réponse ? Et je ne t'en veux pas pour la mort de Beth, je ne t'en veux plus. Maintenant j'aimerai être seule si cela ne te dérange pas."

"Très bien... Mais sache que tu n'es pas la seule ici à être mal !" répondis-je à voix basse en me redressant avant de retourner vers mon sac.

Ma discussion avec Rey m'avait fait beaucoup de mal et je me demandais si c'était vraiment une bonne idée d'être la chef de mon groupe, la protectrice, une sorte d'ange gardien. Mon travail était mal fait, enfin c'est ce que j'en ai conclu de ma discussion avec Rey. Elle avait dit qu'elle ne m'en voulait pas mais ses yeux disaient clairement le contraire...

La suite de notre voyage pour l'après-midi se passa plutôt rapidement car le soleil était plus agréable que le matin. Je n'arrêtais pas de penser à Rey et à notre altercation. Le fait qu'elle soit si triste me rendait triste mais j'ai eu l'impression qu'en fin de compte elle avait réussi à passer au-dessus de la mort de Beth. Et maintenant quand je la regarde, je la vois sourire et cela me rends heureuse car je n'ai pas forcément échoué partout en fait, non ?
Après une journée laborieuse de marche nous nous sommes arrêtés sous ce qui devait être une grange à l'époque où le monde ressemblait à quelque chose.
Nous nous sommes ensuite tous attablés autour d'une planche surélevée par des rondins pour manger. Nous n'avions littéralement plus de nourriture à la fin du repas et nous n'avions plus d'eau depuis déjà une demi-journée, la soif se faisait sentir. Et les montagnes paraissaient toujours aussi lointaines. Un silence pesant régnait et je ne me sentais pas très à l'aise. En regardant chacune des personnes autour de la table je ne vis aucun sourire. Ils avaient tous l'air dépité, triste, apeuré, affamé, assoiffé et perdu dans leurs pensées. C'est alors qu'une idée me vint, une idée qui réchaufferait sûrement les cœurs de tout le monde.

J'ouvris donc la bouche et entonnais un chant que les blocardes et moi chantions dans le bloc lorsque nous n'étions pas bien ou les soirs plus durs que d'autres.
(METTRE LA MUSIQUE)
"Sing me a song of a lass that is gone... Say, could that lass be I ? Merry of soul, she sailed on a day over the sea to Skye. Billow and breeze, islands and seas, moutains of rain and sun... All that was good, all that was fair, all that was me is gone."
(PAUSE A 0:45)
Après ces quelques phrases je vis des sourires s'afficher sur les visages d'Abi, de Rosalind puis de Jenn et des autres. C'est alors que les voix des blocardes rejoignirent la mienne pour chanter le refrain de cette merveilleuse chanson.
(REPRISE)
"Sing me a song of a lass that is gone... Say, could that lass be I ? Merry of soul, she sailed on a day over the sea to Skye."

Un sourire radieux aux lèvres nous finissons de chanter puis nous nous prenons chacune dans les bras des autres.
La fin du repas se fit dans la joie et la bonne humeur, tous riaient et discutaient. J'avais réussi à changer les idées de tout le monde.

C'est alors que vint l'heure de partir se coucher pour la nuit. Je me mis dans un coin calme et regardait les autres s'endormirent petit à petit. J'avais sorti mon carnet et venais d'écrire le dernier mot de ma journée. Quand soudain une voix m'a sorti de mes pensées, c'était celle de Newt.

"Elly ?"

Je relevai la tête vers lui et sourit.
"Newt ! Ça va ?"

"Oui et toi ? Je peux m'asseoir avec toi ?"

"Oui vas-y assieds-toi..."

Il s'assit alors à côté de moi et demanda.
"C'était quoi cette chanson tout à l'heure ?"

"Et bien... C'est Nina et Jane qui nous l'apprenaient quand on arrivait dans le bloc et puis après leurs... morts c'était moi qui l'apprenait aux nouvelles venues. Et quand on allait pas bien ou que personne n'avait le moral dans le bloc je l'entonnais et elles me suivaient en chantant."

"Elle est magnifique cette chanson..."

"Merci..." répondis-je en souriant. "Et oui elle est magnifique et elle a le don de réchauffer les cœurs."

"Ça c'est bien vrai, il y avait une atmosphère pesante juste avant et après tout le monde riait et parlait." s'exclama Newt en riant.

Je ris à mon tour et m'adossai à un des murs de l'ancienne grange en regardant dehors l'étendue de sable.
"J'aimerais qu'on soit arrivé..." répliquai-je.

"Moi aussi..." rajouta Newt en soupirant.

Je fixais l'horizon depuis quelques minutes, mes pensées étaient tournées vers lui.
Est-ce que nous trouverons un jour ces montagnes ?
Et après, le bras-droit existe-t-il vraiment ?
Est-il vraiment différent de WICKED ?
Et surtout est-il de notre côté et pourra-t-il nous aider ?

Ces questions trottinaient dans ma tête quand un ronflement me sortit de mes pensées. Je me tournai vers le bruit et vit que Newt s'était endormi tout comme les autres d'ailleurs. J'ai décidé alors d'écrire ces quelques mots. Mais la fatigue me rattrapa et je pense que je vais aller dormir comme mes amis et laisser mon carnet jusqu'à demain.

The Maze Game - Tome 2 : Le Bras-droitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant