Sauve qui peut

57 6 0
                                    

Le lendemain matin,

Une odeur enivrante flottait dans l'air du petit salon accompagnée d'une musique douce qui faisait dandiner Callie de temps en temps. Cette dernière était très concentrée par la préparation du petit déjeuner. Elle se déplaçait avec une souplesse affirmée d'un coin à l'autre, choisissant ses ingrédients et les ustensiles soigneusement pour ensuite placer le tout sur le potager et commencer les cuisinassions de son plat préféré ces derniers temps. Elle était encore chamboulée par les événements d'hier soir et ne pouvait se résoudre à se remémorer cet homme qui lui tenait compagnie dans ses souvenirs. Une voix lui soufflait que toutes les réponses se trouvaient devant ses yeux, qu'elle n'avait qu'à les ouvrir vigoureusement et mieux observer son entourage pour découvrir la vérité. Néanmoins elle n'a jusqu'à présent aucune piste à décortiquer mais elle se basera sur son instinct qui ne l'a jamais trompé. Elle s'apprêta à débuter son enquête commençant par préparer le petit déjeuner comme bon lui soufflait sa conscience. Elle ne se savait pas si bonne cuisinière ni même capable de cuisiner un tel plat étranger. Mais ses mains se déplaçaient d'une fluidité surprenante pour préparer le plat comme si elle avait répété ces gestes tant et tant de fois.

_ « Gabriel, à table le repas est prêt »s'écria Callie depuis la salle à manger.

En dévalant les escaliers, Gabriel fut attiré par ce parfum de nourriture encore chaud qu'il avait l'eau à la bouche exprimant son avidité à se régaler. Cependant son sourire tomba immédiatement lorsqu'il se rendit compte du plat servi ; le Sfogliatella, une sorte de croissant en forme de cône découpé en lamelles fait de pate feuilletée très douce et des plus légères. C'est un met typique de petit déjeuner italien et c'était son plat préféré. Quand il était encore gosse sa mère le leur préparait, ses frères et lui chaque matin et avec le temps il avait appris à le faire lui aussi pour qu'ensuite il l'apprend à Callie.

*****************
Flashback
DEUX MOIS AVANT L'ACCIDENT,

Le mois de décembre se montrait hésitant, tantôt chaud et ensoleillé, tantôt froid et brumeux. Ce matin, nous avions eu droit au deuxième choix. Un vent violent faisait trembler les fenêtres du petit appartement et la pluie incessante depuis tout à l'heure n'aidait pas à améliorer les températures. C'était le jour typique à passer dans la maison allongé devant la télé. En sortant de la chambre, j'aperçus Callie assise au fond du salon, engloutie dans une grande couette, entrain de s'échauffer devant la cheminé, des tas de feuilles étaient éparpillées autour d'elle, elle avait un stylo entre les lèvres et semblait tellement concentrée dans ce qu'elle faisait, je ne voulais pas la perturber ; je savais Callie et je savais désormais que quand elle se mettait dans cet état fallait mieux la laisser tranquille. Alors je restais là à l'observer s'acharner sur son travail, plissant les sourcils des fois et fermant les yeux d'autres fois. À cet instant précis, elle ne se doutait guère que je l'observais. Elle était plongée dans sa lecture et dégager une beauté singulière. Et soudain, comme si elle s'est aperçue de ma présence elle tourna la tête et me sourit tendrement. Si j'avais su à cet instant ce que ces papiers contenaient je ne l'aurais jamais laissée aller plus loin dans ses recherches. Mais malheureusement, j'étais trop aveuglé par mon amour pour elle que j'ai du oublié mon côté méfiant et ma vigilance permanente. Elle se leva gracieusement, ramassa ses feuilles précipitamment. En ce moment même j'aurais du me douter de quelque chose mais elle parvenait à me distraire en posant un petit bisou sur ma joue puis elle me tira par le bras vers la cuisine.

_ « Aller vient mon Gaby, t'as promis de m'apprendre à cuisiner ton plat préféré. » me supplia-elle en faisant les yeux mous. Je ne pus résister à son regard trop longtemps et puis je me disais que ces papiers ne seraient que des dossiers sur l'enquête qu'elle menait dans notre centre, c'est ce qu'elle m'avait fait croire en tout cas. Je me dirigeai vers le lavabo lavai mes mains tout en lançant : « t'es prête à déguster le plat du meilleur chef de la planète » Callie leva les yeux au ciel et en me narguant : « faut pas prendre trop la grosse tête tout de même... »

Le Prix de l'OubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant