Le Prix de l'Oubli

Incompréhension

Une semaine plus tard,

Une odeur piquante et exquise flottait dans l'air du petit restaurant. L'un des temples les plus rémunérés de la nourriture japonaise. Le restaurant battait à son comble, il n'était pas encore midi mais on entendit les éclats de voix et les bavardages de la clientèle, les rires des petits enfants excités et les pleurniches de ceux impatients de voir leurs plats arrivés. Les serveurs s'agitaient, se bousculaient, s'excusaient puis reprenaient leurs courses de table en table, les cuisiniers suaient dans leurs blouses en effectuant des mouvements machinalement tant ils les avaient répétés jour après jour. Callie était assise sur un banc dehors en face du pub, elle profitait de sa courte pause pour se reposer et observait cette foule qui grouillait dans le restaurant. Elle aimait ces moments qu'elle se procurait pour elle toute seule, ou elle restait là à contempler les gens en silence et à essayer de deviner la vie de chacun deux, comme le jeune homme qui venait d'entrer, habillait d'un pantalon beige au dessous d'une chemise à carreaux, il paraissait le genre d'homme maladroit et timide avec sa démarche gauche et ses gestes bizarres se dit-elle. Elle jeta un autre coup d'il vers l'afflux, et distingua une femme à la quarantaine, cheveux peints en blond, habillait en mode cosy et qui tirait un petit garçon par la manche pour l'inciter à se lever du sol, ça ne doit pas être facile pour la pauvre maman de gérer les regards de désapprobation d'autrui songea-elle. Callie resta comme ça une bonne dizaine de minutes à contempler les venants et les partants quand tout à coup une voix grave surgit de nulle part :

« Qu'est ce que tu fous bon sang ? »

Callie sursauta, en se retournant, elle aperçut Dan essoufflé, le visage rouge par la fatigue et les cheveux embrouillées : « On t'appelle depuis tout à l'heure, ta pause s'est achevée depuis des minutes, le chef va péter un câble s'il ne te trouve pas en plein service, aller grouilles-toi j'ai besoin d'un coup de main, le resto est blindé. »

Callie se leva lentement, jeta la tasse de plastique qu'elle avait entre les mains dans la corbeille et mit son tablier de serveuse tout en pénétrant dans la salle. Une odeur douce de plats chauds mélangée à la sueur lui piquait le nez. Elle se dirigeait vers la première table non servie pour prendre les commandes. Cette dernière était occupée par un jeune couple épanouie vu les regards tendres et malicieux qui se jetaient l'un pour l'autre. Callie s'approcha tout sourire :

« Qu'est ce que je vous sers ? »

L'homme regarda sa compagne en l'encourageant à choisir.

_ « Qu'est ce que vous avez de bon dans ce restaurant ? » demanda celle-ci avec une voix douce et amicale

_ « je vous conseille le plat du jour, le Tayoyaki, ce sont des petites boules de pate fourrées avec du poulpe à l'intérieur. Elles vous plairont c'est sûr. » Annonça cette dernière avec fierté.

_ « D'accord, on prendra deux plats de Tayo... »Hésita l'homme

_ « Tayoyaki» termina Callie un petit rictus amusé :

« On rencontre toujours ce problème avec les noms des plats japonais » le rassura-elle.

Le couple laissa échapper un rire avenant et l'homme poursuivit : « donc je disais, deux Tayoyakis et un dessert de votre choix pour Laëtitia ma future épouse, s'il vous plait. » réclama le jeune homme avec fierté tout en lançant un regard amoureux pour sa compagne. Celle-ci rougit et entrelaça ses mains avec celles de son homme. Callie les laissai à leur petit jeu et s'en alla poursuivre les commandes.

Durant toute la journée, elle ne cessa de penser au jeune couple de ce matin, en la comparant à sa vie amoureuse totalement inexistante, elle s'imagina en compagnie d'un homme qui l'aimera à ce qu'elle est vraiment, et non pas pour son physique séduisant ou sa beauté attirante.