Dans les coulisses de L'esprit Du Temps

Avec ou sans plan ? Sur place ou à emporter ?

Et salut bande de gens plein de couleurs ! ça faisait longtemps donc j'ai decidé qu'il était temps de revenir avec une chronique un peu particulière dans le sens où elle touche plus ma façon d'écrire que les connaissances sur les personnages et le monde d'EDT. Mais après tout les deux sont liés donc pourquoi pas ?

En ce moment sur le net, il y a une espèce de bad buzz littéraire qui consiste à opposer deux teams alias : ceux qui ne jurent que par un plan narratif, et ceux qui s'en tamponnent le cactus. Une personne sans doute à la base bien intentionnée a donc divisé les deux camps en les « architectes » et les « jardiniers ». Les architectes, ceux qui construisent avec un plan détaillé, vous l'avez compris. Et les jardiniers, ceux qui.... Euh aucune fucking idée de pourquoi un jardinier. J'suis absolument pas un jardinier. Tout ce que j'ai chez moi c'est deux mini cactus, je REFUSE cette appellation. Non mais ! Bref, tout ça c'est bien joli si on ne compte pas le fait qu'il existe une autre catégorie : ceux qui font les deux. Merci encore une fois de nous exclure !

Du coup aujourd'hui, j'vais vous parler de ma façon de faire parce que finalement... j'ai beau chercher, je ne vois pas grand monde qui fonctionne pareil et j'me sens un peu à part. Genre un peu dans la solitude la plus totale, voyez ?

Leï : non j'vois pas, vas-y redis ça un peu ?

Ouais bon, la solitude HUMAINE, la plus totale, ça te va ?

Donc j'vais vous parler d'abord de ma façon d'écrire sans plan, ensuite de comment je vis au quotidien avec mes personnages, parce que les deux sont intrinsèquement liés. Vous allez voir que ça déconne pas.

Et comme il n'y a rien de mieux qu'un bon exemple pour illustrer son propos, on va partir d'EDT. (parce que bah oui, sinon cette chronique n'aurait rien à foutre là). Comment se crée une histoire chez moi ?

Ceux qui ont lu la chronique un et qui me connaissent un peu savent que S&T c'est un peu particulier. Ce sont des personnages qui, comme Pete et Célia, existent dans ma tête depuis onze ans maintenant. Du coup, vous allez m'dire « okay tu fais pas de plan mais au bout de 10 ans dans ta tête, t'as forcément une logique d'histoire ». Bah oui mais non. Parce que l'histoire originelle n'a rien à voir avec le véritable tome 1 : le garçon dans le noir. Et finalement, les seuls personnages qui sont restés un peu pareils, ce sont Travis et Célia. Pour les autres j'ai un peu redémarré de zéro.

Pour en avoir déjà discuté, si on est potes d'écriture, vous savez certainement que je fonctionne avec ce que je nomme des scènes piliers. Quand une idée de roman me vient en tête, il faut savoir qu'en général (j'insiste sur le en général parce que pour EdT évidemment c'était pas le cas), j'ai une situation de départ, je sais comment ça se termine. Il me manque juste le milieu. (Juste ahah). C'est là qu'interviennent mes fameuses scènes piliers. Et c'est exactement à cause de ces scènes que je ne suis ni architecte ni jardinier.

Une scène pilier qu'est ce que c'est ? C'est une scène précise, un dialogue, une action, qui va arriver. Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment. Je sais juste qu'elle doit absolument faire partie du livre parce que j'en ai envie et c'est comme ça. Merci l'argument. Pour expliquer un peu ma façon d'écrire, j'utilise souvent l'exemple d'un immense vide obscure. C'est le livre qui n'est pas encore écrit. Je me trouve là, debout, dans le noir. Et les scènes pilier ce sont ces petites lumières qui flottent, ces réverbères qui se dressent au milieu... Bref, je les vois de loin et je dois les atteindre. Le hic c'est qu'entre moi et les lumières... il y a de la distance. Cette distance, c'est le reste du livre. Voilà sur quoi repose la base de mes livres. Que ce soit pour EdT ou pour le jugement premier, j'ai fonctionné pareil. (pour ceux qui ne connaissent pas le jugement premier, c'est un thriller à double enquêtes, donc non, une bonne fois pour toute pour renverser cet a priori merdique, même pour un thriller y'a pas forcément besoin de plan. Chut).