Revenir dans la ville de mon enfance après une longue absence est plus bizarre que je le pensais. L'environnement a changé me laissant dans un lieu inconnu qui m'était pourtant si familier il n'y a pas si longtemps. La population a changé également, des connaissances ont déménagées ou encore devenues étoiles comme ce bon vieil Alfred qui tenait le tabac-presse dans l'angle de la rue. Même la petite supérette la plus réputée du coin à mit la clé sous la porte arborant fièrement une pancarte en bois noté A Vendre.
Voyant que j'étais bientôt arrivé à destination je demande au chauffeur de me déposer et continue la route à pieds et mon inspection générale sur le quartier par la même occasion. Mon esprit divague entre des milliers de souvenirs remontant à la surface. De jolies souvenirs, comme les instants posés en terrasse du café avec mamie Agathe, ou encore ce vieux chêne au fond du parc pour enfant où j'ai donné mon premier baiser un soir d'été. Il s'appelait Tony et on était en CM1. Mais plus mes chaussures arpentent le bitume en se rapprochant dangereusement de mon adresse que mes démons du passé ressortent provoquant un début de crise de panique. Les battements de mon cœur s'accélèrent quand je dépose enfin mes yeux sur le parvis, ma main agrippe fortement la rambarde du perron pour ainsi reprendre mon souffle.
Elle n'a pas changé, toujours aussi sombre, toujours aussi vide de vie. Me revoilà dans ma grotte, ma maison des enfers. L'extérieur est si sombre que les enfants changent de trottoir en passant. Cette maison de mon enfance regorge de tous mes songes, de tous mes secrets me faisant réaliser que mes démons du passé ne sont toujours pas effacés. Au contraire, je les sens encore plus nombreux et plus féroces.
Et oui, il y a deux ans de cela je suis parti, pour me reconstruire mais également pour échapper à ce lieu qui me montre en pleine face que je suis seule désormais. Etant élevée par mamie Agathe à la suite de la mort de mes parents à ma naissance, je n'avais qu'elle pour titre de famille mais elle est partie retrouver le ciel me laissant seul sur terre pour de bon. Je lui en ai tellement voulu de m'abandonner que je l'ai haie pendant presqu'un ans avant de comprendre que ce n'était pas sa faute. Son absence me brise tous les jours et encore plus depuis que je suis de retour ici. Pendant cette première année de deuil j'ai même cherché à la retrouver dans l'au-delà pour lui crier toute ma haine et toute la souffrance qu'elle me donnait se qui m'a simplement donnée deux mois à l'hôpital et trois mois dans un centre psychiatrique.
- Stop ! Arrête ça, me dis-je en passant la main dans mes cheveux et en ouvrant la porte d'entrée.
De la poussière et une odeur de renfermée me scotcha sur place me poussant à mettre mes mains devant mon visage pour respirer. Je cours jusqu'à la fenêtre et l'ouvre en grand. Rien n'a bougé. La sonnerie de mon téléphone se déclencha me faisant sursauter de peur. Je mis ma main à mon cœur et couru vers mon sac de voyage que j'avais jeté négligemment dans l'entrée.
Cassie : Coucou ma poule ! Tu es arrivée ? Me demande-t-elle en criant dans le combiné. Je souffle de manière peu discrète.
Moi : EH ! Pas besoin d'hurler tu sais ! Oui j'y suis. Cassie ?
Cassie : Olly qu'est-ce-qui se passe ? Me demande-t-elle légèrement inquiète.
Je pris une grande inspiration : Je ne pensais pas que se serais aussi dure, Lui dis-je les larmes aux yeux.
Cassie : Ok ma poule, je suis là dans 5 minutes. Me dit-elle en me raccrochant littéralement à la figure.
Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et lève les yeux sur ce salon désert qui m'est totalement inconnue malgré tout. J'ai l'impression de me retrouver dans une maison complètement différente bien que rien n'ai changé. Même mes dessins de jeunesse se trouvent encore accroché sur le mur comme quand je les ai laissés. Alors pourquoi cette impression d'être une étrangère. Je pose doucement mes mains sur le napperon en dentelle beige de ma grand-mère. Je n'avais pas eu la force de ranger ses affaires. Je pense que la peur de la solitude et de l'abandon l'avait remporté. J'essuie rageusement à l'aide de mon avant-bras la larme solitaire qui roulait sur ma joue depuis une bonne minute et passa mes deux mains dans mes cheveux. - Allez reprend toi ma vieille : Me dis-je tout en commençant à récupérer les cartons vides que j'avais laissé là tout seul. Je commence à prendre toutes les affaires de mamie et les places proprement dans le carton afin de ne pas les abîmer.
Absorbé par les cartons je sursaute par le bruit de la sonnette me prévenant d'une visite. PUNAISE respire poule mouillée. Je me lève et pars ouvrir.
Cassie : Olly !!! Et me voilà écrasée par une touffe bordeaux me serrant à la limite de l'étranglement. Je la serra fort dans mes bras également tout en essayant de prendre un minimum d'air.
Moi : Sers moins fort, tu vas me tuer! Lui dis-je en rigolant. Elle lâche sa prise et me détaille de la tête aux pieds.
Cassie : Bah punaise ! Deux ans ma vieille et tu reviens en bombe ! La vache ! Elle vient littéralement de me percer le tympan. Je souris à son air choqué et la reprend dans mes bras. C'est vrai qu'elle m'avait manqué cette folle. Je connais Cassie depuis mes 6 ans, on s'étaient rencontré par hasard quand elle m'avait renversé, sans faire exprès, avec son vélo, et depuis on ne s'étaient jamais quitté. Elle a eu du mal à me laisser partir il y a deux ans mais elle avait accepté ma décision.
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Olympea
Teen FictionUne nouvelle vie malgré le passé sombre qui reste encré à ma peau. @Photographie by Anna Dittmann