Ne va jamais le voir !

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« Je pensais t'avoir perdu... J'ai eu si peur... ne me refais jamais ça, aboya-t-elle.

- Mais maman, l'homme à la couverture, il essayait de me sauver ! »


Sa figure se déforma en une grimace indescriptible. Un mélange de haine pure et d'angoisse contractant chaque muscle de son portrait. Sa main fendit les airs pour éclater ma joue. Mon visage en imita la direction, avant de se heurter contre mon épaule. La brûlure marqua instantanément ma peau. La douleur me fit pleurer, braillant aussi fort que ses mots.


Elle me prit ensuite par les omoplates, les doigts les enserrant sauvagement. Ses ongles m'écorchaient presque. Elle me secouait de toutes ses forces, les sanglots l'inondant. Ma tête valdinguait d'avant en arrière dans des torsions impossibles. Je luttais pour ne pas me briser le cou, émergeant encore de ce cauchemar, étourdi par la gifle surréaliste.


« Il ne veut pas ton bien, c'est un monstre, il tue ! Écoute-moi, ne va jamais le voir ! », entendais-je difficilement, les oreilles souffrant de ses beuglements d'effrois. J'implorais son pardon, mon corps endolori de cette agitation. Le mal me prenait le dos. Par réflexe, je lui attrapais les poignées et m'en détachais violemment. Je me plaquais ensuite contre le mur, lui ordonnant d'arrêter, paupières enserrées et bras ballants.


La peur me courba. Je ne la reconnaissais pas. Elle continua son monologue, persuadée de le faire pour mon bien. La réalité, toutefois, me perdait. Son discours entrait en contradiction avec mes ressentis. Ses actions me tétanisaient plus que le danger de mes rêves.

L'homme, probablement nu, affrontait le froid, se sacrifiait pour moi. Il combattait une température négative pour me réchauffer. Quel monstre le ferait ?


Durant de longues minutes, sa voix résonna dans la chambre. Toujours plus forte face à mon apathie. Je ne réagissais plus, las de parler dans le vide, terrifié de subir à nouveau ses mains. Décourager de devoir justifier quelque chose d'inconscient. Les rêves créaient l'illusion d'une réalité. L'ignorée n'était pas aisée. Elle le savait, j'en étais persuadé et sa peur concernait surtout son incapacité à me sauver. Elle me révoltait, sur l'instant, je ne souhaitais que me réveiller.


Lorsqu'enfin, elle épuisa ses émotions, elle s'excusa puis m'avoua son amour, pour la énième fois. Un baiser sur ma joue me fit fléchir, puis grimacer.

Malgré la violence de ses propos, toutefois, j'y ressentais une inquiétude réelle. Elle me chérissait, de toute son âme. Je haïssais ma compréhension, mon recul face à cette situation. Ma rancœur, cependant, était intacte. Son agression, injustifiée, me hantait et ne saurait jamais être pardonnée.


Elle se posa ensuite sur la chaise, au bord de mon lit. Sans un bruit, elle m'observait. Attendait, comme à de rares occasions, mon sommeil. Je lui demandais de sortir, ne désirant plus la voir, mais elle refusait. Elle aurait le dernier mot, quoi qu'il arrive.

L'heure en résultant fut calme et ses craintes se dissipèrent doucement. Son regard, toutefois, demeurait inquiet. J'évitais mes analyses, esquivait son corps autant que possible, souhaitant dormir, pour oublier. 

Délivre-toi Des SongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant