Chapitre 3

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- Wow, relax, ce n'est que moi !

Je n'en croyais pas mes yeux.

Impossible.

C'était une teinture.

Ca devait être une teinture.

N'est-ce pas ?

- Sue ? s'exclama Vyctor. Qu'est-ce que tu fous là ? Je t'ai prise pour un Stup !

Là, devant mes yeux, se tenait... Une fille aux cheveux roses.

- Elle est au courant ? demanda-t-elle à Vyctor, en levant la tête vers moi.

- Non, pas encore, répondit-il.

- Tu devrais lui dire, s'exclama-t-elle. Plus vite elle saura, mieux ce sera.

- Je ne sais pas. Ça va la bouleverser.

- Mais enfin, Vyc ! C'est pour ça que l'on t'a envoyé !

- Eh ! m'écriai-je. Je suis là, moi ! Vous voulez bien m'expliquer ? Vyctor ?

Vyctor soupira et jeta un regard noir à la fille.

- Écoute, Skay, c'est compliqué. Je ne veux pas te l'annoncer comme ça...

- M'annoncer quoi ? De quoi tu parles ?

J'en avais assez de ne rien comprendre, de me sentir hors sujet. Depuis le début de la journée, j'avais l'impression de ne plus savoir qui j'étais. En fait, j'avais l'impression de ne plus rien savoir. J'étais complètement perdue.

- Bon, écoute... commença Vyctor. Tu es... spéciale, Skay.

- Spéciale ?

- Oui... Disons que... Tu es différente des autres.

- Des autres ?

- Oui, arrête de répéter les fins de mes phrases, comme si je te parlais Fernx !

- Fernx ? Oups, désolée...

Vyctor souffla, comme agacée.

- Tu sais qu'avoir les cheveux que tu as est quelque chose d'inconcevable dans ce monde. Mais pas dans tous les mondes. L'endroit d'où tu viens est un autre monde, une autre dimension, si tu préfères. Il existe plusieurs mondes. Ces mondes fonctionnent par numéro. Le monde dit des "humains", c'est-à-dire où nous sommes exactement, est le monde numéro 333.

- Accouche, Vyc ! lança la fille aux cheveux roses. Tu lui expliqueras tout cela plus tard. Parles-lui d'elle !

- Bon, dit Vyctor. Tu ne vas sûrement pas me croire, mais si tu veux absolument le savoir... Tu fais partie du 160ème monde. Dans ton monde, les habitants ont les cheveux colorés, comme les tiens et ceux de Sue. Un jour, il y a bien longtemps, il y a eu un Affrontement entre deux mondes, le 160ème et le 666ème. Le roi Francis du monde 160, autrement dit, ton vrai père, s'est inquiété à ton sujet. Tu venais de naître, ta mère est morte quand elle t'a donné naissance. Le roi Francis a donc décidé, pour te protéger, de t'envoyer dans le 333ème Monde, autrement dit le monde où nous sommes actuellement. Sous ses ordres, tu devais rester protégée jusqu'à la fin de l'Affrontement, sauf que ce dernier ne prend pas fin, et tu dois retourner dans le 160eme monde pour te battre auprès de l'Armée, maintenant que tu es majeure. C'est pour cette raison que l'on m'a envoyé te chercher et tout t'expliquer.

Je restai clouée sur place.

Ce que racontait Vyctor ne pouvait pas être vrai.

Non. Tout ce qu'il disait était faux.

Mais alors, comme expliquai-je cette fille aux cheveux roses ?

- Si ce que vous me faites est une sorte de plaisanterie, sachez que ce n'est pas drôle du tout ! m'exclamai-je.

J'étais énervée, hors de moi. Ce mec venait de débarquer, il me traçait une vie totalement différente de la mienne, et il me demandait de le croire. Je n'en était tout simplement pas capable.

Les épaules de Vyctor s'affaissèrent.

- Je suis désolé, Skay, dit-il. J'aurais préféré que ça en soit une.

Mes larmes se remirent à couler.

- TU MENS ! TU NE PEUX QUE MENTIR ! JE TE HAIS ! JE VOUS HAIS TOUS !

Je me mis à courir comme une dératée. Je n'avais jamais couru aussi vite de toute ma vie. Je voulais être loin d'eux.

- Skay !

Je ne me retournai pas. Je continuai à m'enfoncer dans les bois.

Je ne savais absolument pas où j'allais, mais cela m'était complètement égal.

La forêt devenait de plus en plus dense et sombre, et, à bout de souffle, je me laissai tomber sur le sol terreux, les genoux à terre.

Je posai mes mains sur ma figure, et je me remis à pleurer.

Qu'est-ce qui m'arrivait ?

Pourquoi moi ?

Et dire que je commençais à apprécier Vyctor... Comment pouvait-il se servir de quelqu'un comme ça et lui jeter des mensonges aussi dégueulasses à la tronche ?

Puis, je repensai. Comment pouvait-il savoir tant de chose à mon sujet, des choses que seulement mes parents savent ?
Comment savait-il mon prénom ? Était-ce une sorte de malade qui m'espionnait depuis assez longtemps pour savoir tout ça ? Non, impossible. Nous avions presque le même âge.

J'avais beau essayer de trouver une explication plausible à cette histoire, je restai sans réponse. Mais j'avais besoin de ces réponses.

Et seul Vyctor pourrait me les apporter...

DRIVE ME HOME [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant