Nous marchâmes jusqu'au manoir.
J'avais la gorge nouée, je tremblais, j'avais peur. Je ne savais pas si je faisais le bon choix, si je devais vraiment les suivre. Après tout, je ne les connaissais que depuis très peu. Comment pouvais-je leur faire confiance aussi aveuglément ?
Cependant, les voir marcher devant moi, aussi sûrs d'eux, comme s'ils l'avaient fait des dizaines de fois, réussit à me rassurer. J'avais confiance en eux, aussi étrange que cela puisse paraître.
- Quelqu'un vit ici ? chuchotai-je.
- Non, personne, dit Vyctor. Et enlève tes chaussures, elles font beaucoup trop de bruits quand tu marches. On risque de se faire repérer.
En temps normal, j'aurais refusé de marcher pieds nus. Mais je craignais tellement de rencontrer un Stup que j'ôtai mes tongs sans broncher.
Étonnamment, les quelques brindilles sur le sol ne me blessèrent pas. À vrai dire, nous étions arrivés à un stade de la forêt où de l'herbe douce avait remplacé la terre boueuse.
Nous arrivâmes à la demeure inhabitée. Elle se tenait là, à moitié en ruine, mais on pouvait tout de même voir qu'à une époque, elle avait dû avoir fière allure.
- Comment allons-nous faire pour passer alors qu'il y a un portail ? demandai-je.
En effet, un portail en fer forgé noir bloquait le passage. Sue s'avança et poussa la porte, qui céda. Le sourire aux lèvres, elle dit :
- C'est l'avantage des maisons inhabitées depuis longtemps : tout est ouvert.
Malgré tout, quand nous posâmes le pied dans le jardin de la maison, elle prit soin de refermer la porte.
- Les Stups sont de véritables crétins, expliqua-t-elle. C'est d'ailleurs pour cela qu'au monde 160, on les appelle "Stup" ; c'est pour "stupide". S'ils voient que la porte est fermée, ils ne vont même pas essayer de la pousser. Nous sommes en sécurité, ici.
Vyctor ouvrit la porte de la maison. C'était très sinistre, on aurait dit un manoir hanté. Je n'étais pas de nature froussarde, mais se retrouver dans la réplique même de la maison de la famille Adams ne me mettait pas à l'aise. De plus, j'étais en chemise à manche courte et en short, j'avais extrêmement froid. Ça sentait le renfermé et la poussière.
- Sympa, la baraque ! ironisai-je.
Aucun des deux ne firent attention à ma blague, et je suivis Vyctor et Sue dans l'un des couloirs glauques du manoir.
Le plancher craquait sous nos pas. Je relis mes tongs par précaution. Je ne voulais pas m'enfoncer des échardes dans le pied.
- On peut se transporter ici, je pense, proposa Vyctor.
Sue affirma d'un bref mouvement de la tête, et ils m'attrapèrent tous deux les mains. Ils fermèrent les yeux, je fis de même. Le stress montait.
- Il te suffit de répéter après nous, Skay. Tu es prête ?
Je pris ma respiration, comme pour m'apprêter à plonger dans l'eau.
- Je suis prête, dis-je. Parfaitement prête.
En chœur, Sue et Vyctor récitèrent l'incantation. C'en était presque terrifiant.
Lumière du pays,
Guide-nous à toi
Nous sommes des amis,
Venus protéger notre roi.- Amen, dis-je pour rire.
- Skay, s'il te plaît, ce n'est pas le moment de nous faire des blagues pourries !
Je n'y pouvais rien. Quand j'étais stressée, je ne pouvais pas m'empêcher de perdre mon sérieux.
- On reprend, dit Vyctor en soufflant. Et tous ensemble, cette fois-ci.
Nous nous serrâmes les mains encore plus fort. Je fermai les yeux.
Lumière du pays,
Guide-nous à toi
Nous sommes des amis,
Venus protéger notre roi.Je gardais les yeux clos. Je n'osais pas les ouvrir.
- Ça y est, nous y sommes ? demandai-je, toujours les yeux fermés.
Personne ne me répondit.
Je pris mon courage à deux main et j'ouvris les yeux. J'étais dans un sorte de prairie fleurie, seule. Paniquée, je me mis à crier :
- Sue, Vyctor ? Où êtes-vous ? Répondez !
Soudain, j'entendis un buisson frémir. Je sursautai. Une petite créature immonde, trapue, qui ressemblait à un mini-singe avec une tête de lutin croisé avec un gobelin sauta devant moi.
J'hurlai. La chose me sauta à la figure.
- Au secours, au secours !
Je repoussai la grenouille géante, et je constatai avec effroi qu'une horde de créatures semblables m'entourait. Je ne pouvais rien faire.
Alors que ces créatures montraient des dents, grognaient et me sautaient dessus, je distinguai une sorte de glaive pointu et aiguisé enfourcha un des singes verts. Tous les autres, terrifiés, gémirent d'un cri froid et strident, et partirent en courant sur leurs courtes pattes.
Soulagée mais terrifiée à la fois, je me laissai tomber sur les genoux.
- Ça va ? demanda quelqu'un.
C'était un jeune homme. En l'apercevant, j'eus un choque. Il avait... Comment dire ? Il...
Je n'eus pas la force de répondre et de le remercier, tant j'étais surprise et sous le choque. Cependant, lui semblait très tranquille.
Il avait les cheveux bleus.
VOUS LISEZ
DRIVE ME HOME [PAUSE]
Science FictionSkay a 18 ans. Elle vit avec sa famille dans une petite ville du nord des Etats-Unis, avec son frère et ses parents. Ils sont tous bruns. Mais Skay est née avec les cheveux...bleus. Elle ne s'est jamais demandée pourquoi, jusqu'à aujourd'hui. Et...