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Un homme, qui paraissait fatigué par la vie, passait tous les jours devant cette petite ruelle en rentrant chez lui. Elle était charmante de jour, mais de nuit, c'était tout autre chose. Ce soir-là, il était assez tard lorsqu'il rentra. Il entendit une sorte de gémissement venir de la ruelle. Il pensa qu'un des chatons de sa voisine devait s'être perdu. Il habitait à deux pas d'ici et avait, de nombreuses fois, ramené l'un des chats à bon port. Il alla donc voir lequel était-ce cette fois-ci. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'au lieu voir un chat, il trouva une jeune femme, plutôt en mauvais état. Elle semblait s'être fait voler, son sac à main était éparpillé par terre. Il essaya de la réveiller, mais la jeune femme n'eut aucune réaction lorsqu'il la secoua gentiment. Lui aussi avait une fille du même âge. Il n'aurait pas aimé que ce soit elle, dans cette ruelle, ce soir-là. Il appela les secours.

Il remarqua quelque chose qui lui parut étrange : la jeune fille était blessée à la jambe, comme si un couteau avait été volontairement planté dans sa cuisse. Les autres blessures étaient surtout concentrées sur son visage. Ses poignets étaient rouges, mais cela ne l'étonnait pas. L'homme avait été infirmier, avant d'être à la retraite. Alors il lui banda la jambe avec sa chemise, en attendant les secours.

***

Des sirènes résonnaient dans mes oreilles. Je sentais qu'on me portait.

Puis plus rien.

Une lumière éclatante. Des cris. Toujours des sirènes.

Plus rien.

Un moteur.

Plus rien.

Des bips répétés. Une voix. Une autre. Celle de Guillaume.

Plus rien.

Un contact sur la main, une lumière trop forte, pas de bruits.

J'ouvris difficilement les yeux. Guillaume était là. Un homme avec une blouse aussi. J'étais à l'hôpital. Guillaume sourit. Je tentai de faire de même. En vain. Guillaume continua à sourire, puis leva les yeux. Il bougea les lèvres. Je n'entendis pas. J'essayai de lui dire, mais je crois qu'aucun mot ne sortit de ma bouche, car il me regarda bizarrement sans rien répondre. Je voulu me lever et tourner ma tête mais avant même que j'eu bougé, une main me stoppa. Bienveillante mais ferme. C'était le médecin. Il se mit en face de moi et me parla. Je ne compris pas tout, mais remarquai que petit à petit je l'entendais mieux. J'étais rassurée. Guillaume hocha la tête et le médecin sortit. C'était fini. Guillaume me le répéta je ne sais combien de fois.

***

Guillaume était soulagé. Un numéro qu'il ne connaissait pas l'avait appelé tard le soir. On avait retrouvé une jeune fille à Nantes. Le seul numéro qu'ils avaient trouvé dans son sac à main était le sien. Il s'était précipité dans le premier train qu'il trouva en direction de Nantes. Sans plus d'affaires que ce qu'il avait sur lui, il arriva à Nantes quelques heures plus tard qui lui avaient paru des siècles. Il dû attendre encore pour qu'on l'autorise à aller visiter Clémence. Il y était resté toute la journée. Clémence avait des courts moments de réveil puis retombait dans l'inconscience rapidement. Il avait eu si peur de ne pas la revoir en vie. Elle paraissait très faible. Des tuyaux et des fils partaient de toute part pour l'alimenter, vérifier l'état de son cœur et tant d'autres choses que Guillaume ne saisissait pas. Et puis elle s'était réveillée, le médecin avait expliqué qu'elle serait gardée en observation quelques jours avant de rentrer à Paris. Clémence n'avait pas l'air d'avoir compris, alors Guillaume fit oui de la tête et le médecin les laissa ensemble. Guillaume répétait que c'était fini, autant pour se rassurer lui-même que pour Clémence. Mais au fond de lui, il savait que sa petite copine serait marquée à jamais, et qu'elle devrait raconter cette histoire des milliers de fois avant d'être tranquille.

Cette pièce sordideWhere stories live. Discover now