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J'entendis un téléphone sonner dans la pièce voisine. Je cru reconnaître ma sonnerie. La musique se rapprochait de la porte métallique, puis celle-ci s'ouvrit. C'était ma sonnerie. L'homme de tout à l'heure était de nouveau en face de moi, mon téléphone dans la main. Un sourire presque cruel se dessina sur son visage. La peur refit surface, j'étais paralysée. Il alluma le téléphone, et l'écran afficha vingt-trois appels en absence, deux de ma patronne, et vingt-et-un de Guillaume. Le dernier datait de quelques secondes à peine. Il devait être paniqué, et je le comprenais.

"Au moins, il y en a un qui s'inquiète pour toi", dit l'homme en ricanant.

Il m'enleva mon bâillon, tout en me faisant comprendre que si je criais, ou même si je bougeais, je risquai gros. Il ralluma l'écran et appuya sur la photo de Guillaume.

" Tu vas gentiment faire ce que je vais te demander, hein ?" dit-il en passant son doigt sous mon menton.

Je hochai la tête, de toute façon je n'avais pas vraiment d'autre options. Il ralluma l'écran du téléphone et appuya sur la photo de Guillaume. Guillaume ne mit pas longtemps à répondre.

" Allô ? Clémence ? Tout va bien ? " Il paraissait affolé. L'homme me fit signe de dire que tout allait bien.

"Oui ça va..." Je ne devais pas être très convaincante, Guillaume me coupa.

"- T'es sure ?

- Oui, oui, t'inquiète pas...

- Mais si je m'inquiète ! T'es où ? Pourquoi t'as pas répondu à mes appels ? "

Je jetai un regard vers l'homme qui me fixait depuis le début de la conversation. Il sortit un bloc note de sa poche, et écrivit "article à Nantes, pas de batterie"

"Tu sais, mon... mon rendez-vous d'hier, c'était plus urgent que prévu. J'ai dû aller à Nantes pour l'article. Et je... j'avais plus de batterie, je suis désolée...

- T'es sûre que ça va ? J'ai l'impression que t'as pleuré

- Oui, je... suis juste crevée, t'inquiète pas.

- Tu rentres quand ?

- Je sais pas, quand tout ça sera fini. "

La dernière phrase était vraie, enfin j'espérai. Au moins Guillaume paraissait rassuré. L'homme n'avait pas l'air trop énervé en raccrochant. Il eut un demi-sourire, ou peut-être était-ce un rictus moqueur, je ne sais pas.

Il reprit : "Maintenant, tu vas pouvoir répondre à mes questions. Tu faisais quoi hier avec ce gars ? "

Le problème était là : je ne me souvenais toujours pas de ce que m'avait dit ce fameux gars.

" Il m'a dit qu'il avait un scoop...

- A quoi est-ce qu'il ressemblait ?

- Je sais pas

- Mais tu l'as vu ! Réponds !"

Je crois que je n'avais plus si peur que ça. Je n'avais toujours pas vu d'armes. Je répondis alors :

"Non."

"Quoi, non ? " dit-il d'un air dédaigneux.

"Non je ne l'ai pas vu"

Je disais la vérité, je ne l'avais pas vu, ou du moins, je ne m'en souvenais pas. Je vis le visage de l'homme se crisper de colère. Cependant, il ne répliqua pas. Il leva son bras droit, je distinguai un début de tatouage sur son épaule, mais je n'eu pas le temps d'en voir plus. La main retomba avec force sur ma joue droite. Je sentis la douleur se répandre dans tout mon corps, fatigué et endolori. Son autre main alla s'abattre sur ma joue gauche. Encore plus violemment que la première. Je sentis ma tête vriller puis retomber contre mon torse. Un filet de sang coula sur mon T-shirt. J'avais eu tort de ne plus avoir peur.

"Jusqu'ici, j'ai été gentil avec toi, mais c'est fini."

Il me frappa une nouvelle fois. Et encore une. Et recommença encore et encore. Jusqu'à ce qu'il me remette le bâillon, encore plus serré qu'avant, et qu'il sortit de la pièce. Me laissant seule dans le noir. 

Cette pièce sordideWhere stories live. Discover now