Prologue

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Poudlard, juin 1995

« J'ai peur. »

La chaleur collait à la peau d'Hermione, juin était poisseux, langoureux, comme un poison. Elle avait rejetée les draps, allongée sur son lit, tentant de calmer sa respiration rapide. Mais elle s'agaçait plus qu'autre chose, toute cette humidité appuyait sur ses poumons et la gardait éveillée. Elle en voulut aux filles de son dortoir qui dormait paisiblement, alors qu'elle, la seule qui voulut se reposer pour être concentrée au court du lendemain, n'y parvenait pas.

Ce sentiment s'en fut aussi vite qu'il était venu et elle s'assit sur son lit, poussant ses pieds à terre. Le carrelage était frais, elle eu envie de s'y allonger, mais au lieu de ça, elle se leva et marcha jusqu'à une des grandes fenêtres quadrillées du dortoir. Sans aucun bruit, elle tira doucement et ouvrit. Même l'air était chaud, mais il remua ses lourdes boucles, dégageant légèrement son cou.

Le ciel était noir d'encre, sombre et rassurant, comme un monstre endormi. Les étoiles s'y étaient accrochées avec succès et tout semblait dormir. Aucun bruit dans la nuit, seulement la paresse d'un monde qui dormait à point fermé.

Elle eut la malencontreuse idée de baisser les yeux et l'éclat de la lune lui permit de deviner les pierres de la muraille qui semblait filer et s'écraser contre le sol. Elle eut un mouvement de recul et le souffle coupé.

Hermione Granger détestait la hauteur.

Et ce frisson soudain en fit venir d'autre ; la nuit lui sembla se réveiller et les bois s'agiter. Le vent souffla un peu plus fort contre son corps.

Elle se mit à penser à tout ce qui l'attendait, à ces cendres de l'Ordre qui se relevaient tant bien que mal, déjà éparpillées et brisées. À Harry dont le poids du nom courbait de plus en plus les épaules, à Dumbledore qui pour la première fois n'avait pas la solution. Au monde qui savait que ce monstre terrible qu'on appelait Voldemort était revenu, aux enfants monstres qui dormait dans les cachots avec des rêves pleins la tête, ses cauchemars.

Alors avec tout le calme possible, elle murmura son secret au vent.

« J'ai peur. »

Elle n'avait pas peur d'une peur profonde, mais d'une peur semblable à celle d'un examen, de ne pas réussir et d'échouer, peur comme un frisson, quand on ne sait pas encore ce qui nous attend, de l'appréhension, une boule au fond de la gorge.

Non, la peur qui tiraillait les entrailles, qui brûlait le ventre et tapait la tête, elle appartenait au garçon du cachot, qui avait prononcé ces mêmes mots, au même moment qu'elle. Lui, il tremblait parfois, il faisait semblant, mais lui, pire qu'elle, il savait ce qui l'attendait, et il se le cachait.

Cette nuit pour la première fois, il s'était réveillé en sueur, d'un coup. Et les battements de son cœur lui avait indiqués que la moiteur de son corps n'avait rien à voir avec la chaleur pesante.

Drago Malefoy recevait un avertissement, de lui-même.

Il se cachait d'avoir peur, il riait des autres. Mais bientôt, il ne pourrait plus se cacher à lui même qu'il était lâche.

Alors il était assis sur son lit, empêtré dans des draps aussi verts que l'eau des marais. Tous dormait, sauf lui. Parce que c'était à lui qu'on réservait le pire destin. Alors il ferma les yeux et se recoucha, fermant son esprit, se répétant qu'il n'avait pas peur.

Et les deux gamins refermèrent, l'un la fenêtre et l'autre son cœur en priant désespérément pour que ce sentiment s'en aille, sans savoir qu'il était installé pour de bon.

Je veux te sauver, Granger [Dramione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant