Prologue

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Brian frissonna dans son lit. Il était glacé. Le lit et lui. Il se sentais vide, mais ce n'était pas nouveau. Mais ce n'était pas la première fois. Mais comment aurait-il pu se sentir complet sans lui ?
Il tatonna sur sa table de chevet et attrapa sa boîte de médicaments. Des antidépresseurs. Enfin, c'est ce qu'il y avait sur la boîte parce que, en vrai, ça ne servait pas à grand chose.
Il en avala deux, sans eau.
Est-ce que c'était vraiment une bonne idée d'en prendre autant ? Il ne savait pas. Il ne savait plus.
Il se leva et marcha lentement jusqu'à sa salle de bain. Il se regarda devant le miroir. Il faisait peine à voir. Ses yeux étaient cernés de bleu-noir, son teint était blafard, ses yeux vides. Il se tenta à sourire.
Un sourire vide de tout sens. Un sourire avec la bouche.
Il se rinça le visage.
Pourquoi continuait-il a vivre ici ? Cet appartement était vide. Vide de lui. Vide de toutes ses affaires. Vide se son odeur. Vide de Roger.
Et la présence de son absence était insupportable.
Brian avait emballé tout ce qui restait de lui dans trois gros cartons au fond de sa chambre. Il ne les avait plus ouvert. C'était trop dur. Il n'avait pas le courage.
Il soupira devant son miroir et se dirigea vers son canapé.
C'était la première chose qu'ils avaient acheté en arrivant, ce canapé-lit en toile beige. Ça avait été leur premier meuble. Ils en avaient fait des choses sur ce canapé. Ils avaient mangés, dormis, rigolés, parlés pendant des heures, fais des parties de Mario kart effrénées, ils avaient...
Brian aurait bien sourie mais ce souvenir joyeux le rendit plus triste encore. Il rendait l'absence de Roger insoutenable. Et ce souvenir, complètement irréel.
Roger. Toujours Roger. Il n'avait plus que lui dans la tête. Il ne restait dans cet appartement plus aucune trace de son passage ici, mais son spectre était encore sans la tête de Brian.
Comme s'il l'avait quitté hier. Comme si Roger était parti dans la soirée. Sans un merci ni un merde. Sans adresse. Sans numéro.
Ses traits fins étaient encore gravés sur la rétine de Brian. Ses cheveux blonds, ses yeux pur et capricieux, sa peau claire. Tellement claire.
Brian se senti tomber sur le canapé. C'est là qu'il passait ses journées. Sans manger ni boire, à ressasser le passé.
Et il avait honte. Tellement honte de ne pas pouvoir passer à autre chose. Pourtant il essayait. Il essayait tellement fort.
Mais Roger.
Il était tellement beau. Tellement envoûtant. Tellement drôle. Tellement parfait.
Et Brian était tellement amoureux.
Tellement éperdument amoureux de Roger qu'il en oubliait tout.
Ça faisait trois ans. Trois longues, terriblement longues années qu'il ne l'avait pas revu.
Qu'il n'avait revu personne. Au début il avait essayé de reprendre sa vie normale, mais ça n'avait pas marché. Alors il avait arrêté de faire semblant.
Il avait pleuré. Tellement pleuré. Mais maintenant les larmes ne venaient plus. Non, maintenant, les regrets et la tristesse avaient pris le dessus.
Il regarda son appartement avec ses yeux tristes.
Il était bien rangé. Trop bien rangé. Quand Roger était là, rien n'était à sa place. C'était le bordel constamment. Il y avait des guirlandes lumineuses, des poster, des bougies, l'alcool et les cigarette qui l'accompagnent toujours.
Toutes ces choses étaient maintenant enfermé dans les cartons.
Et l'appartement était vide de vie. Les choses étaient à leurs place et plaine de poussière.
Brian soupira. Il avait envie de pleurer. Mais ça ne venait plus.
Et à quoi bon ?
Il attrapa son somnifères. Il avait envie de dormir. Il n'avait pas envie de se réveiller d'ailleurs. Mais c'était pas le moment de penser à ça.
Il se leva, pris un verre d'eau dans la cuisine et mis deux gouttes du produit avant d'avaler cul-sec.

Café noir sur Vodka citronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant