Alex
Ce matin-là, il fait bien plus froid que les autres jours. J'essaie de marcher en tremblant le moins possible avec Lucy pour aller déjeuner. On arrive rapidement à la table et on s'assoit face à face comme à notre habitude. L'ambiance de la cantine est toujours aussi bruyante, mais elle me semble tout de même différente. Je ne saurai comment expliquer ce sentiment. C'est comme s'il se tramait quelque chose en fond, quelque chose que Lucy et moi ne connaissons apparemment pas.
On mange tranquillement et en parlant de sujets sans grande importance. Je vois alors ce même hyène qui nous avait causé des problèmes avant-hier venir vers nous. J'ai appris qu'il s'appelle Gael, parce que depuis cette semaine, il se fait de plus en plus parler de lui, que ce soit pour ses conneries que pour ses postes sur Instagram, qui commencent à vraiment prendre de l'ampleur.
"Saluut !" Il nous salut amicalement.
Je ne suis pas vraiment de ceux qui sont de bonne humeur dès le matin.
"Huh... Salut ?" Je lui réponds dans mon humeur matinale.
"Alors ? Vous avez préparé un truc pour l'aut' tarlouze ?" Je comprends par cette question ce qu'il nous veut.
"Pourquoi on ferait ça ?" Je reste tout de même sur mes défensives.
"Beh je sais pas moi ! Peut-être parce que vous êtes les élèves les plus célèbres du lycée ? Vous vous devez de préparé quelque chose ! Les gens veulent que ça !"
"Meh, si tu le dis."
"Vous devriez vraiment faire un truc !" Sur ce, il se retourne et retourne à sa table avec sa bande.
"Si nous devions faire quelque chose, ce serait de calmer toute cette histoire." Lucy me parle encore avec cette voix bienveillante et empathique.
"On pourra en parler avec les autres après, je suppose."
Felix
Les gens me regardent en riant alors que je traverse le couloir, mon sac sous le bras.
"C'était à prévoir." Je pense, comme pour me rassurer.
Je reste le plus neutre possible et continue jusqu'à ma salle. Je rejoins Emma et Megan qui m'attendaient là.
"Salut !" Je leur lance alors que je m'approche d'elles.
"Coucou Felix !" Emma ne semble pas réagir au fait que je ne sois pas allé manger au réfectoire ce matin.
Je n'en avais tout simplement plus la force, et le stress a détruit mon appétit.
"Eh la pédale ! J'adore ton nouveau pull !" Je ne reconnais pas celui qui me lance ça, et je ne comprends même pas non plus de quoi il parle.
Megan regarde mon dos et me demande d'enlever mon pull.
"Quelque soit la personne qui a fait ça vous trouvez vraiment ça marrant ?!" Elle le hurle presque dans le couloir, et tout le monde autour s'arrête, soit pour rigoler, soit parce qu'ils sont surpris.
Surpris, je le suis en découvrant de quoi les autres parlaient ce matin.
"T'es même pas prêt pour ce qu'on t'a préparé !"
Sur le dos de mon pull est écrit en peinture rouge "SALE PD".
"Comment est-ce que j'ai pu ne pas le remarquer avant ?" Je me lamente intérieurement.
Tout s'effondre autour de moi. Je tombe sur les genoux et je sens les larmes me monter dans les yeux. Les rires deviennent flous et ma vue se réduit de plus en plus. Je commence à ne plus voir que ce mot. Les lettres flashies ne sont plus que ce qui ressort dans mon esprit. Je perds la notion de moi-même et de ce qui m'entoure alors que je continue de pleurer.
Tous les rires et le couloir reviennent soudain alors que Megan me secoue l'épaule et que Emma m'appelle :
"Felix !"
Je me lève doucement, aidé par mes deux amies, et on entre ensemble dans la salle alors que les rires continuent de tourner en boucle. Le professeur ferme la porte en appelant au silence. Il n'a apparemment aucune réaction face à ça.
"Ce doit être la personne la plus responsable du monde." Je me dis ironiquement.
L'heure se passe si lentement et je gribouille tellement sur toutes les feuilles de mon cahier que j'en perd la notion du temps.
Finalement, la sonnerie retentit. Nous sortions en dernier pour éviter tout problèmes et je vais en anglais avec Emma. Ce cours lui aussi se passe lentement et sans encombre particulier, mais je suis de plus en plus anxieux quant à la prochaine heure, après la pause : je serai seul contre tous.
Après la récréation où nous attendons directement devant ma salle -mes amies ont insisté pour rester avec moi-, j'entre dans la salle et me met contre la fenêtre, le plus au fond possible.
Le cauchemar commence bientôt. Je vois les autres chuchoter entre eux, se lancer des regards, me lancer des regards. Je décide de l'ignorer et écris -très mal- le cours.
Je reçois rapidement des papiers roulés en boule sur ma table. Je défroisse le premier sans daigner lancer un regard à la classe.
"SUICIDE TOI ENCULÉ"
J'essaie de rester calme mais mon cœur s'emballe et mon visage brûle.
Ça dure toute l'heure. Dès que la professeure a le dos tourné, les papiers fusent vers ma tête, tout comme les insultes et les menaces. Je supporte tout, comme toujours, mais je sens que je vais vite craquer. Ce sentiment horrible d'être haï monte en moi et je m'arrache les lèvres jusqu'au sang pour essayer de me calmer.
Je ne vous souhaite pas de vivre ce que je vis dans cette salle, dans ce lycée. Une heure peut vous paraître longue, elle me paraîtra interminable.
Ils me prennent mes affaires, me lance des coups dès qu'ils peuvent, me lancent dieu sait quoi -je ne veux même plus savoir-.
La fin du cours sonne. Je me lève et sort directement de la salle par la porte du fond. Je cours vers les toilettes les plus proches et m'enferme dans une des cabines. Je m'assis contre un des murs en pleurant. L'anxiété et le stress se mélangent dans mon estomac qui commence à brûler de douleur. Je me redresse au-dessus des toilettes et vomis le petit-déjeuner que je n'ai pas pris. Je ne pourrai pas dire pourquoi, mais je n'ai pas envie que ça s'arrête. Je sens toutes mes souffrances jaillir hors de mon corps.
Après avoir extérioriser tout ce que j'avais, je me laisse tomber à côté de la cuvette. Je reste couché sur le sol qui est sûrement le plus dégueulasse du lycée, à regarder mes mains, jusqu'à que mon moment de solitude se fasse interrompre.
"HEY PD C'EST TOI ?" Quelqu'un tape sur la porte en criant. "ALLEZ SORT DE LA"
"Pourquoi est-ce que je ferais ça ?" Ma voix cassée résonne dans la minuscule pièce dans laquelle je suis enfermé.
"TU PEUX PAS RESTER LA DEDANS POUR L'ETERNITE ENCULE"
"Laisse-moi pour l'amour de dieu..." Je l'implore.
Il continue de taper à intervalle régulier. "Pd... Pd... Pd... ! Pd ! Pd ! PD !"
Mes frontières mentales cèdent. Toutes mes pensées sortent de ma bouche sans que je puisse m'arrêter :
"POURQUOI ?! JUSTE POURQUOI ?! QU'EST-CE QU'ON A DE SI DIFFERENT TOI ET MOI ?! POURQUOI EST-CE QUE VOUS ME FAITES CA ? JE SUIS UNE PERSONNE TU SAIS, ET T'AS UN PROBLEME SI TU PEUX PAS LE REMARQUER !"
"TU ES CELUI QUI A UN PROBLEME ICI PD" Je l'entends glousser à nouveau. "ET C'EST QUE LE DEBUT LA TARLOUZE, ON T'A PREPARE PLEINS D'AUTRES CHOSES !" Il me ressort encore cette phrase.
Il part enfin et je pleure toutes les larmes de mon corps. Je prends mon museau dans mes mains et le serre aussi fort que possible. Je lâche un gémissement et continue de pleurer dans ma propre agonie.
"Qu'est-ce que j'ai fait de mal... ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?! POURQUOI EST-CE QUE JE MERITE CETTE PUTAIN DE VIE ?!"
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[FR] {COMPLETE} Les Abysses de la Vie (Furry Bxb)
Fiksi Umum"J'ai toujours pensé qu'on pouvait te faire confiance." Même si ces mots viennent de quelqu'un qui m'est presque inconnu, ils resteront toujours gravés dans ma mémoire, comme ce jour où tout a commencé à s'effondrer autour de moi. (Ma première histo...