CHAPITRE 9

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Alex

Après le refus total de Gael de coopérer, je me demande si nous pourrons régler le problème sans que notre réputation en prenne un coup.

"Huuhh..."

Je devrais oublier tout ça. C'est le week-end, et ça m'étonnerait que tout continue hors du lycée.

La journée a été assez longue et laborieuse comme ça. Je sors du couloir vers l'extérieur. La nuit est déjà tombée alors que je traverse le portail pour retourner chez moi.

J'ai une vingtaine de minute de marche environ pour atteindre mon immeuble. Je traverse donc une bonne partie de la ville, seul, mais tranquille. Je pense à tout et à rien. Et si je rencontre Felix ? Après avoir vu comme il s'est énervé contre moi, je devrais le laisser vivre un peu.

Je commence à accélérer le pas alors que la pluie commence à tomber. Je ne supporte pas le fait d'avoir le pelage mouillé -hors de la douche-. Cet effet de masse d'eau dans mes poils me démange plus que tout.

Je suis alors tiré hors de mes pensées à côté d'un arrêt de bus. Je vois à la lumière d'un lampadaire 2 garçons du groupe de Gael donner des coups de pied à...

"Felix ?!"

Comment osent-ils faire ça en plein centre de la ville ?! Je marche directement vers eux et m'arrête à un pas d'eux. Ils peuvent m'attaquer, je fais au moins une tête de plus qu'eux et je suis certainement plus forts que tous ces abrutis rassemblés.

"Eh ! laissez-le." J'associe à mes paroles un regard froid.

Ils arrêtent et se retournent vers moi :

"Pff, venez, on s'casse."

Je ne pensais honnêtement pas que ce serait aussi simple, mais au moins, c'est fait.

Felix se lève lentement et en se courbant pour enfin me faire face. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais j'aurais dû me préparer à ça.

"Je n'ai pas besoin de ton aide, tu sais." Comment réagir à ça ? Je ne suis plus que le défouloir de Felix.

"Juste... Arrête..." J'essaie de rester calme, mais la tristesse et la colère reprendraient facilement le dessus.

"Laisse-moi."

Felix se retourne de moi en recommençant à marcher. Seulement, il trébuche et s'effondre, à quatre pattes sur le béton, sans que je puisse faire quoique ce soit.

"Mais laisse-moi t'aider !" Je sens dans ma voix que je n'en peux plus moi-même.

Le renard se retourne sur le sol et me regarde :

"Non ! Ne t'implique pas dans cette histoire !" Je découvre alors son visage dégoulinant de larmes, ou de pluie.

"Mais je le veux !" Je le veux vraiment.

"Je ne le mérite pas !"

"Bien sûr que si !"

"NON !"

"POURQUOI TU NE ME LAISSES PAS T'AIDER ?!" Je hurle littéralement en me mettant à pleurer.

Je ne fais même pas attention au peu de passant qui nous regarde.

"Pourquoi est-ce que tu ne veux pas... de mon aide..?"

Je le regarde dans les yeux en laissant mes larmes couler sur mes joues.

Felix

La nuit étend son ombre alors que je marche vers chez moi. Je ne suis vraiment pas rassuré, seul dans les rues de la ville de nuit, mais je serai bientôt chez moi. Je marche de plus en plus vite alors que la pluie commence à tomber. Plus que quelques centaines de mètres... Mes chaussures s'écrasent dans les flaques lorsque je me mets à courir entre les passants.

Soudain, je tombe. Je trébuche sur quelque chose, fais un gigantesque saut et finis par rouler sur le sol de béton. J'étais arrivé à un arrêt de bus, où il y avait un groupe d'élèves du lycée.

"..."

Mes épaules s'ajoutent à la liste des parties de mon corps qui me font mal, tout comme mes hanches. J'entends le gloussement de deux filles en fond alors que les deux garçons -dont celui qui m'avait fait trébuché- me lancent des coups de pied qui me blessent et m'éclaboussent.

"N'est-ce pas un bon moment pour que tout s'arrête ?" Le destin ne me laisse pas une seule heure de répit.

Je ne ressens presque plus rien, je me lasse presque de l'ennui de ces coups-bas que je reçois en permanence.

J'attends donc que ces imbéciles terminent, ce qui peut durer encore longtemps. Étonnamment, ils s'arrêtent presque soudainement, comme s'ils fuyaient quelque chose.

Je les entends dire quelque chose, mais ne le comprends pas. Je reprends mes esprits pendant quelques secondes et me lève lentement pour faire face à celui qui m'avait sauvé. Je soupire en voyant qui c'est.

"Je n'ai pas besoin de ton aide, tu sais." Je lance à l'ocelot en face de moi.

Je ne sais toujours pas pourquoi je suis froid avec lui. Il essaie tout son possible pour m'aider et je refuse tout.

"Juste... Arrête..." Il commence à dire alors que je le coupe.

"Laisse-moi."

Je me retourne pour repartir mais trébuche sur le sol glissant. Je m'effondre à quatre pattes et craque.

Pourquoi s'obstine-t-il comme ça ? Il n'a rien à faire avec moi. Mes larmes s'écrasent dans la flaque sous mon corps meurtri. Pourquoi suis-je aussi dur avec lui ? Il est le seul à pouvoir et vouloir m'aider.

"Mais laisse-moi t'aider !" Je me retourne sur le béton et le face.

"Non ! Ne t'implique pas dans cette histoire !" Je ne mérite même plus son aide maintenant.

"Mais je le veux !"

"Je ne le mérite pas !"

"Bien sûr que si !"

"NON !"

"POURQUOI TU NE ME LAISSES PAS T'AIDER ?!" Il me crie ces paroles en se mettant à pleurer.

Sa réaction me laisse sans voix. Je ne pensais pas qu'il pouvait lui aussi craquer comme ça.

"Pourquoi est-ce que tu ne veux pas... de mon aide... ?"

Je vois directement la tristesse dans ses yeux verts.

La pluie s'arrête et nous nous regardons dans les yeux.

"Viens avec nous, rejoins notre groupe... On est là pour toi..." Il tend sa main vers moi.

Je pense que cette vision restera gravée dans ma mémoire. L'ocelot est penché vers moi, en train de tendre sa main sous le ciel noir de la nuit. Son regard perce le mien, qui suis assis sur le sol.

"Je suis Alex."

"F-... Felix." Je me présente et accepte son aide de me relever.

Mon corps trempé monte à la hauteur de Alex, qui a une demi-tête de plus que moi.

"Comment peux-tu être aussi grand ?" Je rigole en posant la question.

"Mon père est un tigre, et ma mère un ocelot." Je lui souris, les larmes aux yeux, et me jette dans ses bras, comme instinctivement.

Je ne remplacerai jamais ce moment. Je sens contre ma tête, sous ses vêtements trempés, ses pectoraux sous lesquels bat rapidement son cœur. Il passe ses bras sur mes épaules alors que je me serre encore plus contre lui. Nous restons ainsi quelques secondes avant de nous lâcher. Je lui fais face et regarde à nouveau ses yeux si vivants, si tendres et violents en même temps.

Nous repartons ensemble après s'être remis du moment. Il m'apprend qu'il habite dans le quartier des affaires, pas très loin de chez moi. On marche donc tous les deux côte à côte vers nos habitats.

Ma maison est la première sur notre chemin.

"Donc hum... A lundi ?"

"Je suppose !" On rit et j'entre dans ma maison, le laissant derrière moi.

[FR] {COMPLETE} Les Abysses de la Vie (Furry Bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant