Chapitre 10.

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Le lendemain matin, après une nuit où la juge avait enfin pu retrouver les bras chaleureux de son mari, elle se décida à se lever. Elle alla préparer le petit déjeuner puis prit la direction de la chambre afin de réveiller tendrement son mari. Elle se pencha vers son doux visage et y déposa un léger baiser tout en lui carressant la joue.
- Fred, Fred mon chéri, réveilles toi dit-elle tendrement.
En ouvrant les yeux, Fred eut un autre moment d'absence. Il ne savait pas où il était ni ce qu'il faisait ici. C'est quelques minutes plus tard qu'il vit plus clair à tout ça.
Il était le commandant Frédéric Marquand, collègue mais aussi amant d'Alice Nevers, juge d'instruction. Il eut un flash. Un vague flash. Il faisait nuit, il était au volant de sa voiture, roulait au pas. Un brouillard à découper au couteau lui faisait face, il avait neigé dans la ville de Paris, les trottoirs étaient encore blanchis par les milliards de flocons qui les avaient recouverts. Une lumière blanche dans tout son champ de vision apparaît et puis plus rien. Il ouvre les yeux face à sa femme incompréhensive.
- Des flash. J'ai des flash affirma t-il perdu entre le monde réel et le monde du souvenir.
- Calmes toi mon chéri, calmes toi. Tout va bien lui dit-elle en le prenant dans ses bras pour le rassurer.
- Non tout va pas bien dit-il fermement. J'ai des flash, des souvenirs, vagues même très vagues de l'accident.
Il se leva alors et alla fouiller dans la maison, il cherchait quelque chose. Lorsqu'il s'arrêta net sur sa trouvaille, Alice le retînt pour qu'il ne tombe pas, sa tête avait tournée. Sous leurs yeux, le journal de fin novembre. Il tourna les pages et un article datant du 29 novembre le posséda. Il plongea son regard dessus et le lût. Ses iris bougeaient, suivant les lignes de l'article qui se présentait à lui. Il y avait des photos d'une voiture éventrée, des lumières bleues illuminant la scène. Un nom apparût, le sien. Il avait été identifié dès lors. Un mort, trois blessés était-il indiqué.
- Il y a eu des morts ? Demanda t-il.
- Fred... tu... tu es vraiment obligé de te replonger là dedans ?
- J'ai besoin de me souvenir.
- Un mort oui, le connard qui t'as percuté.
- Et les passagers de la voiture, ils sont dans quel état ?
- Ils vont tous bien, tu as été le seul à avoir été mis dans un tel état dit-elle tremblante.
Fred passa une main réconfortante dans le dos de d'Alice. La juge, durant le coma de son compagnon, avait tout étudié avec l'aide de Victor et de Kadiri. Elle avait besoin de réponses, de faire payer les responsables. C'est dans les moindres détails qu'elle s'était renseignée, avait dépouillé toutes les issues possible. Le responsable avait payé, il était décédé.
Durant son profond sommeil, son long séjour à l'hôpital, Marquand avait reçu plusieurs visites. Tout d'abord Alice, sa femme mais elle n'était pas la seule. Il y avait Djibril et Victor qui prenaient régulièrement des nouvelles et de lui et de madame le juge. Il y avait son beau-père aussi, Jacques. Et il y avait une autre personne, inconnue. Fred se souvint, de ces voix qui lui parlaient, toutes lui étaient communes mais il y en avait une, une seule sur toutes ces visites qui lui était inconnue.
- Il faut que j'aille à l'hôpital affirma t-il une idée en tête.
Alice pouvait être sûre d'une chose, c'est que malgré son coma, sa perte de la mémoire, son commandant avait gardé son goût de la justice, il n'avait rien perdu de son métier, il était le même. Elle décrocha un léger sourire.
- À l'hôpital ? Demanda t-elle surprise.
- Oui, j'ai des souvenirs qui reviennent, des voix qui trottent dans ma tête. Celles des visites que j'ai reçu quand j'étais dans mon lit d'hôpital. Il y a tout d'abord la tienne, régulièrement. Celle de Djibril, de Victor et de ton père. Mais il y en a une, une que je ne connais pas. Faut que j'aille me renseigner sur les visites que j'ai eu dit-il en mettant son manteau.
- Mais pas maintenant Fred, prends un peu de recul dans cette histoire, s'il te plaît. Ne me fait pas revivre tout ça, ne me fait pas revivre tout ça répéta t-elle la voix enrouée de larmes.
- Si on veut retrouver notre vie d'avant il m'en faut savoir plus. Je n'y arriverai pas seul Alice dit-il en la réconfortant.
- Mais pas maintenant, pas aujourd'hui. Tu ne peux pas, tu ne peux pas me laisser. S'il te plaît, pas ce matin.
- D'accord dit-il seulement.
- Caches ta joie dit-elle triste.
- Je ne cache pas ma joie. J'ai passé ma nuit avec la femme qui m'aime, qui m'a attendu et ça me rend heureux.

Quand rien ne va plus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant