Maman est là

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Je ne saurais préciser la durée de cette situation, tout ce que je sais, c'est que je ne fais que boire, encore et encore.

La lettre d'Amy demeure fermement tenue dans ma main, ravivant en moi le souvenir de toutes mes erreurs. Cela ne fait qu'accroître mon agacement envers moi-même. Tout ceci est de ma faute. J'ai infligé de la douleur, et c'est pourquoi elle est partie. C'est simple.

Peut-être, j'aurais dû éviter ce rendez-vous café avec Zarah. Il est plausible que si je n'avais pas choisi de partir ce soir-là, et si j'étais resté auprès d'elle, elle aurait pu changer d'avis. Voilà tout ça c'est à cause du doc.

Qu'est-ce que je raconte, c'est absurdes et égoïstes de ma part. C'est moi qui l'ai invitée, après tout. Cette pensée égoïste, une fois de plus, me renvoie à la faute.

Je relève la tête en direction de la barmaid.

- Un autre verre.

Son regard se pose sur moi, semblable aux regards précédents, puis elle m'apporte ma commande. D'un trait, je vide le contenu du verre de bourbon. À force de boire, je perds toute sensation. Je crois que je me suis saoulé, puis dessaoulé puis encore replonger dans l'ébriété une fois de plus. À ce stade, l'alcool ne produit plus aucun effet.

Je fais à nouveau appel à la barmaid, mais elle m'informe que l'établissement ferme. Je jette un coup d'œil autour de moi, constatant qu'il n'y a plus âme qui vive dans le bar, à l'exception de nous deux. Me relevant avec peine, je sors quelques billets de ma poche et les dépose sur le comptoir.

Je quitte le bar. Dehors, il fait froid, une fine neige commence à tomber, et les taxis se font rares. Après une demi-heure d'attente, je finis par trouver un taxi. Une fois chez moi, je m'effondre sur le lit, suivant la même routine qui s'est installée il y a maintenant dix jours.



                                ...*...



J'entends un murmure lointain, ce qui me pousse à peiner pour ouvrir les yeux face à la lumière provenant des fenêtres. Je m'étonne de constater que les stores des fenêtres sont relevés, une action que je ne me souviens pas avoir effectuée. Mes yeux se détachent du coussin alors que je remarque Amanda et ma mère assises sur les tabourets de mon bar de cuisine. Un grognement s'échappe de moi avant que je ne laisse ma tête retomber, fermant mes paupières, puis je me lève du lit.

- Depuis combien de temps êtes-vous ici? Demandai-je en m'approchant d'elles.

- Assez longtemps pour déduire que tu étais presque passée de vie à trépas pendant ton sommeil. Me lance ma mère en se levant de son siège.

Elle s'approche et me pince l'oreille.

- Aïe, maman! Criai-je.

- C'est donc ainsi que tu t'es transformée? Une clocharde alcoolisée qui a de surcroît perdu sa foi. Dit-elle en me tordant l'oreille.

- Ma foi n'est pas perdue, maman. Dis-je en gigotant.

- Quand es-tu allée pour la dernière fois à la mosquée?

- Pas plus tard que ce matin, elle accentue son propos. Mais arrête, maman!

- J'arrêterai quand tu me diras la vérité, je suis ici depuis hier, et quand tu es rentrée, tu n'as même pas remarqué ma présence. Dit-elle, penchant la tête d'un air provocateur.

Je relève la tête.

- C'est vrai? Elle insiste davantage son emprise sur mon oreille. Bon, d'accord, je n'y suis pas allée depuis quelques jours.

Juliette et Juliette ®️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant