Une manche bleu

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Allongé sur mon coussin, j'attends. J'attends d'entendre le bruit qui me laissera savoir qu'il est là. Il n'est pas rentré hier soir, donc il me manque beaucoup. Je veux le voir et je commence à perdre patience, mais je reste où je suis et je garde les oreilles grandes ouvertes.

Un claquement de porte me fit sursauter et je me précipitai vers la fenêtre du salon en jappant, pour  y jeter un coup d'œil. Il n'y avait rien, sauf l'écureuil du voisinage que je détestais. Alors, je me suis à nouveau dirigé vers mon coussin, quand une odeur très particulière me rentra dans les narines. Je l'ai donc suivi, jusqu'à ce que je m'arrête devant une tasse de café vide, celle de mon maître. La tasse était installée sur le comptoir, à une distance assez loin, comme ça, je ne pouvais pas y toucher. Ça veut dire que mon maître s'était rappelé de la dernière fois, quand j'ai sauté pour m'approcher de la tasse. Mon museau l'avait fait renverser partout sur le plancher, et il n'était pas content. Pourtant,moi, j'étais fier de pouvoir goûter au liquide.

Une fois l'odeur partie, une démangeaison prit le contrôle de ma patte arrière. La sensation m'énervait et je devais m'en débarrasser le plus vite possible. Je me suis élancé vers la cuisine pour me frotter contre ma patte de chaise préférée. Depuis que j'ai fais un beau petit pipi dessus, je la considère comme la mienne. Mon maître, lui, n'était pas trop content lorsque le parfum atroce de mon urine lui pénétra le nez.

Ensuite,  je vis, dans ma vision périphérique, un morceau de tissu. Ce morceau flottait dans le vent, ce qui capta mon attention. Je me dirigeai avec précaution dans la direction du tissu pour en savoir plus. Lorsque je suis arrivé près de l'étoffe, j'ai pu voir que c'était un des chandails préférés de mon maître. Les deux manches bleues du tricot dépassaient le rebord du panier à linge. Juste assez pour que je puisse accrocher mes crocs à son matériel fin et y percer un trou.

J'y pense. J'y pense beaucoup. Est-ce que je devrais? Peut-être que si je le mâchouillais juste un peu, ça ne le dérangera pas. Non, c'est presque sûr qu'il va réagir. C'est sûr qu'il va me chicaner. Bon, c'est décidé, je n'y toucherai pas, mais je le veux. Je veux vraiment tirer dessus, mais je ne veux pas le décevoir. Même si je le fais, il ne s'en rendra pas compte. De toute façon, il  a pleins d'autres chandails.

J'ai donc pris sa manche gauche dans ma gueule puis, je commençai à la grignoter, un moyen que j'utilisais pour me garder occupé. En tirant sur le vêtement, je fis tomber le panier au complet, j'ai donc sauté dans la pile de linges, heureux d'avoir l'odeur du maître pour me tenir compagnie.

Après un certain point, j'entendis le son que j'attendais depuis si longtemps, le grincement de la porte d'entrée. J'ai relevé ma tête, avec un des chandails sur la tête, les manches qui pendaient de chaque côté. Elles jouaient le rôle d'un serpent sans espoirs. J'ai tout de suite lâché le morceau de linge que j'avais dans la gueule, faisant tomber celui sur ma tête et j'ai couru vers la porte en faisant comme si je lui parlais, «woof woof». Mon maître était enfin de retour.

Une fois en haut des escaliers, il se pencha et approcha sa main vers moi. Il commença à me flatter sur le dessus de la tête, donc j'ai pris l'occasion d'agripper la cravate qui pendait autour de son cou, comme je faisais tous les soirs quand il revenait du travail. Par contre, pour une raison ou une autre je n'en étais pas capable.

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OuroborosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant