Bettany, Bess et Britney étaient des filles de la pire espèce, selon Brunehilde. Bon, peut-être pas autant que les Jessica, mais on n'en était pas si loin. Pourquoi ? Parce que ce type de demoiselles n'avait absolument pas travaillé pour en être au niveau de vilenie où elles étaient actuellement. Cela venait juste avec le package « petite fille riche pourrie gâtée », sans doute dans la même boîte bonus que les sacs à main hideux qu'elles se trimbalaient partout.
(Brunehilde avait stalké leur Instagram pour en arriver à la conclusion que tant que c'était cher, elles avaient l'air d'apprécier toutes les horreurs.)
C'est pour toutes ces raisons que Brunehilde n'avait absolument pas l'intention de les laisser s'en sortir à si bon compte. Les 3B auraient dû savoir qu'il ne fallait pas s'attaquer à elle. Surtout après l'affaire du croquet. A moins que ce ne soit ça qui ait provoqué les hostilités ? Comme s'il s'agissait d'un sorte de pass pour en faire une cible, du genre « tu as voulu blesser le prince, tu dois donc mourir » ? Ils allaient avoir une drôle de surprise, vraiment.
Sixtine avait l'air beaucoup moins en confiance, derrière Brunehilde. Ce n'était pas de sa faute : elle était plus habituée à être dans les coulisses que sous les feux de la rampe. Et puis franchement, on ne pouvait pas dire que sa nouvelle camarade lui donnait confiance avec son petit sourire innocent. Innocent mais qui aurait paru louche à n'importe qui un tant soit peu doué de bon sens. Ce qui semblait être rare dans le coin.
« Il y a un problème ? demanda Brunehilde d'une voix tellement doucereuse qu'elle aurait pu donner le diabète.
- Eh bien figure-toi que oui ! s'exclama Bess. »
A première vue, il était difficile de les différencier mais Brunehilde avait beaucoup trop fouiné dans leurs photos sur internet pour se laisser avoir. Bess était la cheffe du groupe – reconnaissable à son maquillage beaucoup trop élaboré pour les cours. Bettany, c'était la seconde de Bess. Toujours des extensions sur le crâne – indétectables si l'on avait pas l'œil (Brunehilde l'avait). Et enfin Britney. Il n'y avait pas grand-chose à dire sur elle. Elle était plus chihuahua collant qu'humaine selon les recherches de Brunehilde. Rien qui ne puisse l'inquiéter, vraiment.
« Et c'est...
- Tu as volé ma blouse ! déclara Bettany. »
Brunehilde était à ça de lever les yeux au ciel avant de les gratifier d'un petit rire méprisant (elle savait très bien les faire). Comme si elle allait faire une chose pareille. Voler une blouse... Jamais de la vie : qui aurait acheté une chose aussi bas de gamme ? Leur Iphone dernier cri par contre, ça se revendait bien sur le marché de l'occasion. Enfin, c'était quelqu'un qui lui avait dit bien évidemment. Elle n'avait rien à voir avec ce genre de trafic.
« Pardon ? Et pourquoi je ferais ça au juste ?
- Parce que tu es... tu es... pauvre. »
Jamais avait-on dit ce mot sur un ton si insultant. Brunehilde avait très envie de rectifier : « Je suis de la classe moyenne, madame ! Mais je veux être riche, ça c'est sûr ! » Cependant, elle ne le fit pas. Elle était beaucoup trop occupée à jouer l'offensée.
« Excuse-moi ? Tu crois vraiment que je vais voler ta blouse ? Mais dans quel monde tu vis ? Tu es ridicule, ma pauvre amie ! Trouve au moins quelque chose de crédible ! »
Pas que Brunehilde les en croie capables. S'il y avait bien une chose que les réseaux sociaux lui avaient appris, c'était que les 3B étaient bêtes. Très bêtes.
« Je croyais que ce lycée était accueillant avec toutes les tranches de la population. Après tout, c'est ce qui est marqué sur votre dépliant - qui ne précise pas les frais d'inscription mais ça c'est une autre histoire !
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Fuck you, royalement vôtre
ChickLitLa première fois que Jolan de Barbon, héritier du trône de France, rencontra Brunehilde Leroy, roturière invétérée et magouilleuse à ses heures perdues, elle lui fit un doigt d'honneur. Alors comment, après une entrée en matière aussi catastrophique...