Jolan regarda Brunehilde du coin de l'œil en l'entendant prononcer ces mots. Cela ne lui suffisait donc pas de lui annoncer que sa petite amie était encore fourrée avec l'autre fourbe – il était tout à fait objectif à ce sujet –, il fallait en plus qu'elle fasse sa mauvaise et qu'elle se réjouisse de son malheur ! Cette fille était une teigne à n'en pas douter. Et dire qu'un jour il devrait gouverner avec des gens comme elle à ses côtés : il n'avait aucun doute sur la capacité à obtenir du pouvoir de la part de ces gens. Il faudrait sans doute faire un grand ménage...
Alors qu'il était en train de tenter de se distraire de la possibilité d'être trompé, Brunehilde eut la gentillesse de le ramener au sujet qu'il l'intéressait vraiment avec un petit sourire moqueur :
« Alors ? Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Comment ça ?
- Bah tu vas pas aller voir de quoi il en retourne ? »
Jolan secoua la tête négativement :
« Non, bien sûr que non. Je lui fais confiance.
- Vraiment ? »
Brunehilde paraissait plus que sceptique. Mais était-ce étonnant si elle s'attendait à ce que tout le monde soit comme elle, c'est-à-dire sans aucun doute peu digne de confiance ?
« Bien sûr. Et puis ce serait vraiment cringe de la suivre, ou quelque chose du genre.»
En entendant ça, elle ricana :
« Tu vas me dire que tu n'es pas désespéré à ce point ? A d'autres, je t'ai vu en cours, comment tu les regardes tous les deux... Et puis fais pas style : on sait très bien la manière dont marche la société aujourd'hui. Vous vous affichez tous sur les réseaux sociaux, c'est comme si vous suppliez pour qu'on vous stalk.
- Ce n'est pas une raison pour le faire ! s'insurgea Jolan.
- Je n'ai jamais prétendu être morale. Et puis je sais que tu en meurs d'envie. En même temps, ça la foutrait mal, si le Prince du royaume se faisait larguer pour un petit provincial, j'ai pas raison ? »
Bien sûr que si, elle avait raison : la presse s'en ferait les choux gras. Il était évident que Jessica arrondirait les angles, elle essaierait que cela ne l'affecte pas trop, mais Jolan n'avait aucune illusion sur les rumeurs qui courraient après. Il n'y avait qu'un pas avant qu'on l'accuse de tous les maux possibles. Après tout, pour quelle autre raison qu'un crime abominable, la jeune fille la plus respectée et la plus en vue du territoire quitterait l'héritier du trône ?
« Mais en même temps, quel Prince je ferais si je me comportais de la sorte ?
- Un qui serait en accord avec le reste de la noblesse ? proposa Brunehilde. »
Jolan manqua de s'étouffer sur place : elle ne manquait pas d'air la bougresse. Pour qui se prenait-elle à lui parler de la sorte ? Il ne savait vraiment pas ce qui l'empêchait de l'accuser de trahison et de la faire disparaître de cette école...
« Tu as vraiment du culot de te comporter comme ça avec moi, fit-il donc remarquer. Peu de monde se permet de me manquer autant de respect.
- Oh tu sais, à partir du moment où nous avons eu cet incident de croquet, j'ai compris que c'était mort pour jouer les lèches-culs avec toi... Alors entre nous, autant que je sois honnête. Et puis de toute façon, tu n'as pas de preuves !
- Je n'ai pas besoin de preuves.
- Ah parce que tu es le Prince ? Fais attention, je suis deux doigts de crier à l'abus de pouvoir si tu décides de me punir ! ricana-t-elle. »
![](https://img.wattpad.com/cover/152657772-288-k646365.jpg)
VOUS LISEZ
Fuck you, royalement vôtre
ChickLitLa première fois que Jolan de Barbon, héritier du trône de France, rencontra Brunehilde Leroy, roturière invétérée et magouilleuse à ses heures perdues, elle lui fit un doigt d'honneur. Alors comment, après une entrée en matière aussi catastrophique...