— Cécile ça ne sert à rien, je ne changerais pas d’avis, soufflai-je epuisé.
Cela faisait deux bonnes heures que nous nous disputions. J’avais avoué à ma fiancée mon désir d’accepter la tutelle de Lucie, seulement elle ne comptait pas céder aussi facilement.
— Et qu’est-ce que tu fais de nous ? Je devais finaliser mon emménagement ici à la fin du mois.
— Rien ne t’empêche de le faire…
— Tu sais très bien que si ! Ta décision, nous empêche de vivre ensemble ! appuya-t-elle.
Je ne pus m’empêcher de soupirer. Bien sûr, je ne pouvais dans un sens pas la contredire. Je lui imposai mon choix, alors que je savais pertinemment qu’elle refusait catégoriquement cette situation. Nous avions toujours été clair sur ce sujet : elle ne désirait pas d’enfant. Jusqu'à quelques jours encore, je partageais cette envie, mais tout avait changé depuis l’attentat.
— Je dois le faire, ok ? Écoute, je sais que ce n’était pas prévu dans nos projets de vie, mais si tu savais à quel avenir je la condamne si je ne la prend pas avec moi. J’ai épluché des tonnes d’articles et vu plusieurs reportages sérieux sur le sujet. Les gosses sont baladés de famille d’accueil en famille d’accueil et leur avenir est compromis. Antoine et Flo n’auraient pas voulu de ça pour elle, je ne peux pas permettre que ça lui arrive. Je ne peux pas l’abandonner.
— Alors tu m’abandonnes moi, assena-t-elle sèchement.
Je passai la main sur mon visage dans un soupir. J’eus beau tourner le problème dans tous les sens, je ne réussis pas à trouver une solution pour que Cécile accepte mon choix sans se sentir rejetée.
— Bien sûr que non ! Mais… Il s’agit de leur fille ! Son sort t’es donc si indifférent ?
Cécile me fixa un instant, le regard froid. Elle se rapprocha de moi d’un pas lent et contrôlé, mais je sentis bouillir la colère qu’elle tentait de dissimuler. Lorsqu'elle fut à moins d’un mètre, elle croisa les bras sévèrement.
— Alors c'est ça ? Je suis la méchante insensible de l’histoire ? Lucas tu sais très bien que, toi comme moi, nous ne pouvons rien apporter de bien à cette petite ! Bien évidemment que je m’inquiète de son avenir, et nous veillerons à ce qu'elle trouve la meilleure personne qui soit pour s’occuper d’elle. Mais il ne s'agit pas de nous, il ne s’agit pas de toi !
Elle marqua une pause en passant ses mains dans ses cheveux pour les tirer en arrière. Cécile semblait au bout du rouleau, tout comme moi. Ce débat nous épuisait moralement, et malgré toute l’énergie que nous y mettions, il paraissait de plus en plus clair que personne n’obtiendrait gain de cause face à l’autre.
— Tu l’a dit toi même il y a quelque jours. Tu es encore trop instable émotionnellement pour t’occuper de qui que ce soit. Et au delà du fait qu'il a toujours été clair entre nous que nous partagerions jamais notre vie avec un enfant, je suis moi-même incapable de prendre soin d’elle. Lucie sera malheureuse ici, et je ne veux pas de ça pour la fille d’Antoine et Florence.
Son ton s'était radouci, mais il restait sans appel. Je dus admettre que ses arguments étaient justifiés et véridiques. Pourtant, je ne pus me résoudre à abandonner.
— Je suis désolé, sincèrement. Je t’aime Cécile, et je ne demande qu’à vivre avec toi à mes côtés encore très longtemps. Mais tu me demande une chose que je suis incapable de t’accorder, soufflai-je tristement.
En relevant la tête vers ma fiancé, je vis que ses yeux rougis s’embrumèrent de larmes. Je voulus l’éteindre, affecté par sa détresse, mais elle plaça ses avant bras entre nous, faisant barrière pour m’empêcher de terminer mon geste.
— Pourquoi est-ce que tu t’obstine ainsi ? Nous ferons notre maximum pour que Lucie ai le meilleur avenir possible. Mais la faire s’installer ici serait tout sauf lui rendre service. On en souffrirait tous les trois, je te l’assure.
Mes lèvres vinrent se poser sur son front dans un soupir. J’espérai qu'elle me pardonnerait. Peut-être même arriverais-je à lui démontrer qu'elle se trompait dans quelques semaines. Toujours était-il que je la suppliai intérieurement de croire en moi.
— Je regrette, mais il va falloir que tu me fasses confiance. Ma décision est prise et je ne reviendrais pas dessus, murmurai-je doucement à son oreille, comme une supplication.
Cécile releva la tête vers moi, prête à craquer. Elle s’agrippa à mon polo avec la force du désespoir.
— Tu n’as rien à prouver Lucas. Florence et Antoine ne t’auraient jamais reproché de ne pas faire plus que ce qui est en ton pouvoir. Ils ne t’en voudraient pas de ne pas assumer un rôle que tu ne peux pas tenir, lâcha-t-elle la voix chevrotante.
— Je sais déjà tout ça. Mais il est inutile que tu t’evertue inlassablement à tenter de me faire changer d’avis. J’ai rendez-vous jeudi avec le juge des tutelles, et je compte bien accepter la garde de Lucie quoi qu'il arrive.
— Mais pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça Lucas ? s'égosilla-t-elle à présent en pleur.
— Je leur ai promis.
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Promesses Liées
General FictionLucas a une vie bien remplie. Entre sa fiancée Cécile avec qui il coule le parfait amour, son métier de graphiste dans lequel il s'épanouit pleinement et ses amis, le jeune homme voit arriver son avenir sous les meilleurs augures. Du moins était-ce...