Chapitre 2

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Les deux mois estivaux étaient passés à une vitesse folle et avec la rentrée, arrivait pour moi le début d'une période particulièrement chargée au travail. Plusieurs de mes clients commençaient déjà à préparer leurs maquettes pour leurs nouveaux visuels, affiches et autres, en vue des fêtes qui approchaient rapidement. En tant que graphiste indépendant, je verrai bientôt le nombre de mes commandes augmenter brusquement. Mais, ce matin-là, je fus bien décidé à profiter encore un peu de mes derniers instants de tranquillité, auprès de ma ravissante future femme. Cécile se tenait dans le creux de mes bras, le menton appuyé sur mon torse, elle me souriait, son regard de séductrice ancré dans le mien. Le drap qui recouvrait nos corps de moitié était entièrement froissé, il fallait avouer que la soirée d'hier avait été plus que mouvementée. 

— Bonjour, ronronna-t-elle. 

Je souris devant son visage angélique. Ses yeux noisette encore ensommeillés ne me lâchaient pas, ses cheveux blonds formaient une forme indistincte et s’entremêlaient sur les côtés de son crâne, pourtant, je ne pouvais m'empêcher de la trouver adorable. Je posai délicatement mes lèvres sur l'arête de son nez fin en guise de réponse, puis sur son front, ses pommettes... Ma bouche parcourut sa peau, descendant vers sa nuque, son épaule. Cécile gloussa doucement et se hissa sur moi de façon à se retrouver complètement allongée sur le ventre. Elle posa finalement ses coudes sur mon torse et laissa ses doigts fins glisser sur ma mâchoire. 

— Est-ce que tu penses que tu as le temps de t'occuper un peu de moi avant de partir ? minauda-t-elle. 

— Bien sûr que oui ma belle. Flo et Antoine n’atterrissent qu'à treize heures cette après-midi. Alors ce matin, je te suis entièrement dévoué, roucoulai-je. 

Mes amis étaient partis depuis deux semaines pour un tour de l'Europe de l'Est et rentraient aujourd'hui de leur périple. Ils m'avaient demandé de les récupérer à l'aéroport pour les conduire directement à la gare où ils iraient chercher Lucie, en vacances chez sa tante. J'avais hâte qu'ils me racontent ce qu'ils avaient découvert et visités cette fois-ci. Cela faisait trois ans que je n'avais pas pu partir moi-même en voyage, mais cet hiver, cela allait changer : nous décollerions tous pour la Suède. J'avais même réussi à convaincre Cécile de prendre part à cette expédition, malgré la présence de ma filleule. J'attendais donc avec impatience ces deux semaines de pur bonheur que je passerais auprès de ma fiancée et mes meilleurs amis. 

— Oh très bien... Il ne me reste donc plus qu'à trouver quelque chose pour m'occuper avec un bel homme nu se trouvant à ma disposition, susurra-t-elle à mon oreille. 

— J'attends vos ordres, maîtresse, la taquinai-je.

Un sourire charmeur se dessina sur ses lèvres rosées avant qu'elle ne les presse fougueusement contre les miennes. J'agrippai ses hanches avec fermeté, souhaitant la sentir au plus proche de moi. Cécile mordilla ma lèvre inférieure en agitant lentement son bassin. Mes mains remontèrent dans son dos avant de venir palper ses seins qui trahirent son excitation. Sa bouche finit par quitter la mienne pour venir déposer plusieurs baisers brûlant sur ma mâchoire et mon cou. Je sentis ses dents râper ma peau, me faisant frémir. Alors qu'elle se releva légèrement, j'empoignai son fessier pour positionner ses hanches au plus près de mon visage. Je sentis mon sang bouillir dans mes veines et une chaleur intense, mais agréable, prendre possession de mon corps. Cécile me regarda envieusement, guettant mes doigts se rapprocher de son intimité. Tandis que mes caresses prirent de l'ampleur, ma fiancée - dont le visage rougit à vue d’œil sous l'appétit sensuel et inassouvi qui la consumait - s'agrippa à la tête de lit, gémissant par à-coups. Elle était si belle, peu importe la situation. J'eus envie d'accentuer son plaisir et rapprochai ma tête de son entrejambe. Lorsqu'elle comprit mon intention, elle écarta les cuisses et baissa son bassin, me donnant ainsi entièrement accès à son sexe chaud et humide. Ma langue joua habilement avec ses bouts de chairs, passant lentement entre ses lèvres et stimulant son clitoris gonflé de désir. Les hanches de Cécile se murent en rythme avec ses gémissements, appuyant parfois plus ardemment contre mon visage pour me faire passer un message : elle en voulait plus. 

Le cœur battant, je l'aidai donc à se retirer et me relevai à mon tour. À genoux, l'un en face de l'autre, nos regards s'embrasèrent d'un amour puissant. Elle m'attira à elle et se lova contre mon corps tendu et impatient. Notre baiser se fit encore plus passionné et bientôt, je la basculai en arrière. Alors que, n'y tenant plus, je m'apprêtai à la pénétrer, Cécile m'écarta de quelques centimètres. Troublé, je lui lançai un coup d’œil interrogateur pour m'assurer qu'elle se sentait bien. Elle me rassura d'un sourire avant d'ouvrir la bouche : 

— Je me disais que... avec un peu de musique, notre matinée ne pourrait pas être plus parfaite. 

Soulagé et encore plus grisé par sa proposition, j'acceptai vivement. Ma fiancée se saisit alors de la télécommande de la télévision, pour pouvoir accéder à l'application musicale intégrée à la box. L'écran s'alluma instantanément, mais je ne fis pas tout de suite attention aux images défilant devant nos yeux, bien trop occupé à scruter avec envie le corps de Cécile. Cependant, la voix du présentateur de ce qui semblait être un bulletin spécial me fit quelque peu sortir de ma transe lorsqu'il annonça gravement :

— Pour rappel, l'explosion de l'aéroport de Berlin a eu lieu ce samedi matin à 11h07. Il semblerait qu'il s’agisse bel et bien d'une attaque terroriste ayant été revendiquée, le Premier ministre devrait confirmer cette information dans les plus brefs délais. Une quarantaine de Français étaient présents au moment des faits, mais il nous est encore impossible d'annoncer de manière certaine le nombre de victimes, qui selon les dernières remontées, dépasserait une vingtaine de morts et une cinquantaine de blessés. 

Il me fallut plusieurs secondes pour réaliser ce que je venais d'entendre. Je stoppai soudainement le mouvement de Cécile qui s'apprêtait à appuyer sur le bouton qu'elle cherchait. Confuse, elle me lança un regard interrogateur, auquel je ne répondis pas tout de suite. Ma gorge se serra instantanément lorsque j'assimilai enfin les paroles du présentateur. Un poids énorme et invisible s'abattit avec violence sur mes épaules qui s'affaissèrent d'un seul coup. Je sentis ma respiration devenir plus laborieuse et mon ventre se tordre, tandis que je scrutai les images de l'attaque, désormais très concentré. Mon visage devait à présent renvoyer toute l'angoisse qui me tiraillait les entrailles, puisque Cécile me saisit doucement la main, m'invitant silencieusement à lui expliquer par un regard teinté de douceur et d’inquiétude. Malgré la panique qui menaça de m'envahir, je pris un instant pour respirer profondément. Je n'avais encore aucune certitude sur ce qu'il s'était passé et il était inutile de m'affoler plus que de raison pour le moment. 

— Lucas ? Que se passe-t-il ? Qu'est-ce qu'il t'arrive tout à coup ? s'enquit Cécile. 

— Florence et Antoine devaient prendre leur dernière correspondance à Berlin pour rentrer en France, murmurai-je d'une voix rocailleuse. 

Ma fiancée écarquilla les yeux de surprise avant que je ne lise la même agitation qui m'habitait actuellement, sur son visage. 

— Ils... Ils n'étaient peut-être pas encore là-bas ? Ou bien peut-être ne se trouvaient-ils pas dans la zone qui a été touchée ? On va tenter de s'assurer au plus vite qu'ils vont bien mon cœur, d'accord ?  

Elle se voulait rassurante, mais j'étais certain de l'inquiétude qui la rongeait également à présent. Pourtant, ses paroles ravivèrent en moi un mince souffle d'espoir. Nous allions tenter de contacter mes amis, et ils nous rassureront très vite sur leur état. Il ne pouvait pas en être autrement. 

Je m'habillai, tandis que Cécile s'affaira à faire sonner les téléphones de Florence et d’Antoine, qui laissaient défiler les sonneries désespérément sans réponse. Soudainement, mon portable se mit à vibrer. D'un bond, je m'en saisis, le cœur battant à toute allure. Peut-être était-ce l'un d'eux qui tentait de me joindre, je voulus y croire plus que tout. La main tremblante, je rapprochai l'appareil de moi pour y lire le nom de mon correspondant. Mon angoisse grimpa en flèche lorsque je vis qu'il s'agissait d'Aurélie, la sœur de Florence. Je tentai de me ressaisir en me convainquant qu'elle avait certainement des nouvelles, que j'espérais bonnes, à me transmettre. 

Nerveusement, j'appuyais sur l'écran pour décrocher. Ma respiration resta bloquée, comme si je m'attendis déjà au pire. En entendant les pleurs étouffés à l'autre bout de l'appareil, mon cœur se brisa. Il n'y avait pas eu besoin de mot, j'avais compris à la seconde où j'avais pris l'appel. Des larmes chaudes brouillèrent ma vision et un cri déchirant s'éleva dans l'air. Ce n'est que lorsque je me mis à suffoquer que je compris qu'il venait de moi. Mais peu m'importais désormais, mes amis s'en étaient allés et plus jamais je ne pourrais entendre leur voix. 

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