Bon, petit mot pour vous confirmer en effet que cette fanfiction n'est pas aussi joyeuse que certaines autres que j'ai pu faire. Je voulais retranscrire la jeunesse de ce personnage qui n'a pas été des plus facile. Surtout à ce moment-ci de l'histoire. Je suis vraiment désolée si vous la trouvez trop triste.
Toutes mes excuses.Cela faisait des heures qu'on m'avait placée sur ce long banc en bois inconfortable où je reprenais peu à peu mes esprits. Après avoir vérifié que le lieu était désert, je retirai la capuche de mon manteau qu'on avait bien voulu que j'emporte avant de quitter ma maison. Je dégageai une mèche de cheveux afin de libérer mon œil sombre et osai parcourir mon regard sur ce couloir de la gendarmerie défraîchi et malodorant. Rien ici n'était factice. La vraie vie.
À ma gauche, se tenait l'entrée d'un bureau duquel entraient et sortaient sporadiquement des hommes en uniforme. Une certaine tension y était palpable et de leurs conversations et des nombreux appels téléphoniques qui arrivaient jusqu'à mes oreilles, je compris petit à petit ce qu'il s'était passé.
Onze. Onze était le mot qui me glaça le sang lorsque je compris que c'était le nombre de victimes que ces hommes avaient découvert ce soir. Onze, c'est à dire l'entièreté de ma famille et de celle qui vivait sous notre toit. En un seul chiffre, que jamais je n'oublierais, je réalisai que j'avais perdu tous les êtres qui m'étaient chers, faisant de moi désormais une orpheline.
Des larmes perlaient sans bruit de mes joues, mais je n'y portai aucune attention, trop concentrée sur toutes nouvelles informations qui pouvaient calmer mes émois et essayer de comprendre l'impensable.
La seule chose qui mit un peu de baume dans mon cœur profondément meurtri est qu'il semblerait qu'ils n'aient point soufferts, qu'ils se soient tous endormis... pour toujours. L'officier en charge de « l'affaire » émettait de sérieuses hypothèses quant aux coupables, des nobles issus d'un clan qu'il appelait les narcotiques. Je n'en avais alors jamais entendu parler. Cependant, ils n'avaient retrouvé aucune preuve sur les lieux qui auraient pu permettre de les inculper.
Au fil des éléments que je surprenais, je découvris qu'ils me prenaient tous pour une soubrette au service de la famille du ministre et non sa fille légitime. Je regardais cette petite robe grise et ce tablier chiffonné, ils croyaient ce qu'ils voyaient. Puis je songeai à ces êtres ignobles qui avaient usé de leur pouvoir pour supprimer sans vergogne tout un autre clan, en une seule visite. Ce clan criminel avait, sans hésiter, mit fin à la vie d'innocents, hommes, femmes, enfants et domestiques. J'aurais pu être l'un de ceux-là, j'aurais dû être l'un d'entre eux.
Enfin, on se souvint de moi et me fit entrer dans ce fameux bureau. L'officier en face de moi affichait un regard contrit et fatigué. Cette histoire devait lui porter beaucoup de soucis mais bien moins que ceux que je vivais présentement. Je triturais mes mains, impressionnée. C'est maintenant que je devais faire un choix: tout avouer ou me protéger. Même si l'homme semblait faire preuve de compassion, je restai méfiante.
- Quel est ton nom?
- Heuuu... Elle... Ga... Ga...ëlle! Bredouillai-je.Voilà, mes propres lèvres avaient fait le choix pour moi. Un instinct de survie. En un mot, un nom inventé sur l'instant, je devenais celle qu'ils pensaient que j'étais. C'était la première fois que je mentais de ma vie, un principe de famille, et répondre aux questions suivantes me demanda beaucoup de concentration pour rester la plus sincère possible.
Oui, j'étais dans la maison pendant le drame.
Oui, je me trouvai au deuxième étage dans une des chambres.
Oui, je m'étais assoupie et n'ai rien vu ni entendu.
Tout cela était indubitablement la vérité. Ma vérité.Puis, il n'eut plus aucune question. L'interrogatoire fut bref et sans aucune utilité. L'officier rangeait déjà ma déposition dans une caisse parmi d'autres. Dans ce monde-ci on ne porte guère attention aux témoignages d'une domestique à peine sortie de l'enfance, constatai-je amèrement. Il me congédia distraitement en me disant de rentrer chez moi.
Interloquée je demandai:
- Je peux rentrer au manoir?
- Hein? Fit l'officier qui réalisa subitement ma question. Dans la demeure du Ministre? Il n'en est pas question! Non, certainement pas!
Il se leva et me toisa surpris.
- On y a mit les scellés et puis maintenant que nous n'avons plus de ministre de la justice, il faut que les gens de la haute – il pointa un doigt vers le plafond – ils nous en retrouvent un! Et puis, il faut que notre bon Esprit de Famille, le sieur Farouk valide ce choix! Non, croyez-moi, il se passera un bon moment avant que quelqu'un puisse y pénétrer!Au nom de Farouk, sa voix avait pris un ton plein de déférence et je songeai que ce nom ne m'était pas inconnu. J'avais déjà entendu mon père le prononcer mais pas avec autant de considération que cet officier. Non, je me souvins que Père en parlait avec méfiance et réprobation.
L'officier me regarda alors avec une certaine bienveillance, un peu comme Nana quand elle voyait que pointait en moi un gros chagrin. Il me demanda si je savais où terminer ma nuit. Je fis non de la tête. Il me demanda si j'avais mangé, je niai également.
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Souvenirs d'une petite Nihiliste
FanfictionPetite fanfiction sur la jeunesse d'un des personnages de La Passe Miroir de Christelle Dabos. En stand by.