dva - deux

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« Est-ce-que tu t'es déjà senti vivre ou t'essayes de t'persuader ? » - Nekfeu, rêve d'avoir des rêves

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« Est-ce-que tu t'es déjà senti vivre ou t'essayes de t'persuader ? » - Nekfeu, rêve d'avoir des rêves.

Avant, la mort me faisait peur. Penser à ce mot me provoquait de multiples frissons le long de mon échine, ou encore dans le pire des cas, des crises de panique. Le genre de crises qui t'empêche de respirer, qui te fait suffoquer jusqu'à avoir l'impression que ta respiration se coupe momentanément. Le genre de crise qui te déchire le coeur, qui le fait battre tellement vite que tu as l'impression qu'il va bondir de ta cage thoracique à tout moment, te faisant souffrir par la même occasion.

Le genre de crise où tu es incontrôlable.

Quand j'ai eu mon cancer, cette phobie s'est intensifiée. Je faisais des crises tous les jours, il m'était quasiment impossible de vivre normalement. Car ce n'est pas vivable de vivre avec cette peur. Chaque jour était un calvaire, chaque seconde je réfléchissais à m'occuper l'esprit pour m'empêcher de penser à ça, tout en ayant une pression au coeur, consciente qu'à la moindre pensée morbide, l'angoisse prendra possession de mon cerveau. J'avais peur de tout, de la douche car c'était pour moi un moment où mes pensées pouvaient prendre le dessus, où je pouvais penser trop, j'avais peur de l'idée même de penser. Les actions quotidiennes devenaient une angoisse. Le fait d'avoir un cancer paraissait finalement minime, futile face à toutes ces émotions aux allures destructrices.

Mais après avoir perdu espoir et frôler la mort, j'ai compris. J'ai enfin compris qu'il ne fallait pas voir la mort comme un fardeau, mais plutôt comme une libération. Certains pensent aller au paradis, d'autres en enfer ou encore certains croient en la réincarnation. Je n'avais aucun point de vue là-dessus bizarrement.

Tant que ce mot synonyme de fatalité pouvait m'accorder la paix intérieure et la liberté, je m'en fichais.

Alors j'avais enfin accepté l'éventualité de mourir. Je l'avais accepté, adopté, approprié et j'attendais ce moment tant redouté par les thanatophobes*.

Et pourtant, je me trouve en ce moment dans ce bureau, à écouter encore et encore le même discours depuis que l'on m'a "sauvé", il y a de ça moins d'un an.

Le médecin regarde mes radios, IRM ou encore scanners attentivement.

Peut-on dire qu'ils m'ont sauvé ? Non. Ce n'est pas une vie de passer une fois tous les trois mois dans un hôpital. C'est un enfer. Un enfer que je voulais voir se finir, en vain. On m'avait donné une chance inutilement car le cancer pouvait revenir et les risques de récidive sont élevés. Les médecins m'ont donné des poumons neufs qui mourront peut être dans quelques mois à cause de mon cancer. Ils me les ont donné à moi, au lieu de les donner à une personne qui a une malformation du coeur et qui en a plus besoin que moi.

Je sens encore cette odeur de mort à chaque fois que je viens. Elle m'accueille à bras ouverts comme si elle n'avait que moi à hanter. Pourquoi la mort ne m'a-t-elle pas accueillie chez elle directement plutôt que dans cet hôpital ? Sentir cette immonde odeur m'est bien plus douloureux car elle me rappelle chaque instant que j'ai failli y passer. Elle me nargue.

Nos démons. - N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant