deset - dix

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« La misère est si belle

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« La misère est si belle. » - Ademo, La misère est si belle.

Rien n'a changé, tout est exactement comme avant. La pièce est pareille que lorsque je l'ai quitté il y a deux ans pour la dernière fois. Elle est composée de ce même canapé gris, qui esthétiquement parlant n'a rien pour lui mais qui niveau confort n'a rien à envier aux autres, où nous passions des heures à discuter et déconner. Il y a toujours cette tête de mort accrochée au mur en signe de décoration au dessus de la télé datant de l'époque de sa rébellion avec ses parents, la petite table basse en verre est toujours sur le tapis en poil blanc et la tasse dans laquelle je bois mon café est la même depuis la dernière fois. Non rien n'a changé ou presque et cela me réconforte. J'ai l'impression que ces deux horribles années ne sont pas passées, que je suis toujours en 2014, période où ma vie n'était pas qu'un ramassis d'emmerde et dans laquelle je pouvois me considérer encore comme une personne normale, heureuse. Cela fait des années que je n'étais plus revenue dans cet appartement parisien dans lequel je passais une grande partie de mon temps à l'époque. Je n'ai pas mis beaucoup de temps à arriver ici, je me souviens parfaitement du chemin. Pour y arriver je suis passée devant le café « Le harper's » qui est un incontournable du quartier et où nous nous arrêtions en fin de journée au moins une fois par semaine, c'était notre petit rituel. Ensuite il faut descendre la rue du Passeur pendant au moins cinq bonnes minutes pour après bifurquer à l'angle de la rue, continuer tout doit, tourner à gauche dans la rue de sa résidence passer devant l'épicerie dite de Dino avant d'arriver enfin devant la porte de son bâtiment. J'ai appuyé sur la sonnette, il n'a pas tardé à décrocher et m'avait lâché un « ok monte » après lui avoir dit que c'était moi. J'ai grimpé à toute vitesse ses escaliers afin d'arriver à l'appartement 24 du troisième étage. Son expression en m'ouvrant la porte n'est pas surprise. C'est comme s'il m'attendait, comme s'il savait que j'allais venir le voir tôt ou tard. Après tout il me connaît plutôt bien, il sait comment je fonctionne, il sait déceler chacune de mes pensées et lit en moi comme dans un livre ouvert. Au début de notre amitié, cela m'avait un peu dérouté, j'étais pas vraiment habitué à ce qu'un être me ressemble autant et me comprenne aussi bien. On s'est connu à dix huit ans et notre relation est rapidement devenu comme aucune autre, si bien que je ne saurais mettre un mot sur celle-ci. Ce n'est ni mon meilleur ami, ni mon ami. C'est entre les deux. Je crois que c'est un peu comme un frère jumeau, on pense les mêmes choses aux mêmes moments, en un regard on se comprend, parfois il me fait la morale, parfois il me réconforte, parfois il fait les deux. Je suis rapidement arrivée devant son palier, il m'attend la porte ouverte. Je m'arrête devant, comme honteuse de venir ici après deux ans de silence radio de ma part.

— T'as pleuré ? Il demande. Je hoche la tête. Viens.

Après avoir posé à peine un pied dans son appartement je me jette littéralement dans ses bras pour fondre en larme. Une fois de plus j'en ai besoin, j'ai besoin de faire évacuer cette eau salée. Et en pleurant, je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment de honte. De honte de l'avoir abandonner, de m'avoir abandonner, de pleurer dans ses bras en me sentant faible. Aucun de nous deux ne parle. Il se contente de me prendre dans ses bras et de frotter sa main contre mon dos en signe de réconfort, son pouce fait des cercles sur ma nuque, jouant avec mes cheveux. J'évacue toutes les larmes que je retiens depuis le début de la journée.

Nos démons. - N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant