Il était environ dix heures trente du matin. Gong Eun Seok posa ses valises à terre et leva la tête pour regarder la grande enseigne de l’immeuble. Mondo était exactement le même. Les lettres bleues géantes n’avaient pas changé outre la peinture qui commençait un peu à s’écailler. Il faudrait les repeindre, songea t-elle en soupirant. C’était son rêve : bâtir un immeuble pas trop grand, suivre les normes du développement durable, l’appeler « Mondo » un lieu où elle accueillerait toutes les âmes perdues et même les sans papiers. Vivre en harmonie avec eux, s’impliquer dans quelques de leurs problèmes personnels, être l’héroïne qui arrange tout et être surnommée Maman Gong. L’immeuble était là, mais tout le reste semblait appartenir au mot « rêve ».
Elle rejoignit son appartement en trimballant paresseusement ses bagages et repensa à la douce brise marine qu’elle ne sentirait plus chaque matin. La maison aussi était exactement comme elle l’avait laissée. Les petits chaussons à l’entrée, les chaises biens placées contre la table, la vaisselle recouverte et les draps du lit sans aucun pli : toute cette monotonie la rendait neurasthénique. Elle en arrivait même à souhaiter qu’on l’avait cambriolée, au moins, cela aurait pu égayer le jour de son arrivée. Elle regretta un instant d’avoir fait le ménage avant de partir pour sa ville natale, puis elle se dirigea à la cuisine.
Madame Gong se servit un verre d’eau et se demanda si ces trois mois loin de sa vie quotidienne l’avaient réellement aidée à faire le point. Elle ne savait toujours pas si elle allait lui accorder ce divorce ou non. Elle regarda la montre en forme de pomme collée au mur du salon et se dépêcha de se préparer pour son rendez-vous de onze heures. Ce serait indécent de faire attendre le Maître Ji, par contre, elle prenait un plaisir fou à imaginer son mari poireauter dans la salle d’attente du tribunal. Elle n’avait pas vraiment hâte d’entendre les arguments de son époux pour s’attirer les bonnes grâces du juge. Et de toute façon, toutes les excuses étaient bonnes. Madame ne remplit pas son devoir conjugal, Madame est névrosée, Madame ne m’a pas donné d’enfants, mais la plus puérile qu’elle ait entendu jusque là c’était bien « Madame voit un autre homme ». Une fois changée, elle sortit en rigolant légèrement. Son mari n’était pas très intelligent certes, mais pour celle là, il a sûrement vidé tout son stock d’imagination…
Gong Eun Seok passa rapidement à la réception pour vérifier si ses chers locataires avaient bien payé leurs factures d’électricité et d’eau durant son absence et aussi pour prendre un peu d’argent. Etrangement, la consommation totale de l’eau de l’immeuble avait doublé et celle de l’électricité triplé. Elle nota dans son bloc-notes cérébral qu’elle devait parler à la famille Hua de leurs consommations journalières puis éteignit l’ordinateur. En passant près des boîtes aux lettres, elle trouva ça de plus en plus curieux : seuls les appartements 03, 04, et 05 étaient habités mais la boîte du septième était remplie de factures et de lettres. Mais c’était sûrement Kang Lucie qui donnait la mauvaise adresse à ses multiples amants…
Madame Gong fit semblant de ne pas s’en soucier. C’est vrai que dans un petit immeuble comme Mondo, le moindre petit changement était proéminant. Elle sortit enfin de l’immeuble et fit de son mieux pour ignorer ces petits détails bizarres. En marchant vers la rue principale, Madame Gong croisa Mr Arturo, le concierge qui la salua avec un énorme sourire. Il était toujours de bonne humeur et semblait être heureux de revoir la dame.
-Ah, c’est le jour des poubelles ? Demanda t-elle en enfouissant ses mains dans les poches de son manteau.
-Oui ! Le camion passe à onze heures ! Répondit-il en brandissant d’énormes sacs poubelles en l’air. C’était bien plus que ce que tout l’immeuble produisait en un mois et pourtant, c’était la collecte hebdomadaire.
-Pourquoi est-ce qu’il y en a autant cette semaine ? Brailla Madame Gong en regardant les sacs plastiques avec de gros yeux tous ronds. La famille Hua, ces chinois sérieusement ! Ils n’ont pas compris le principe d’un éco-quartier ou quoi…
-Pardon ? Mais ça a toujours été comme ça voyons…Du moins, depuis trois mois. Et c’est très normal.
-Très normal ? Mais pas du- Attendez, il est quelle heure ?
Il était onze heures moins le quart et Madame Gong se mit à courir vers l’arrêt de bus le plus proche. Son cœur lui fit un peu mal lorsque les mots « les vacances sont finies » résonnèrent dans sa tête. Et puis, d’un autre côté, reprendre sa vie là où elle l’avait suspendue la rassurait un peu ! Les choses à Mondo avaient besoin d’être prises en main. Non loin, elle aperçut Jae Woo porter un gros carton sortir de l’agence immobilière où il travaillait et pria pour que ce soit un renvoi. Elle continua ensuite sa route sans regretter son souhait.
Avant de traverser la rue, son regard croisa celui d’un homme très familier. Il affichait un mince sourire et invitait Madame Gong à le rejoindre. Il portait un élégant costume noir, des chaussures vernies et des lunettes rondes dorées. Un sourire béat fendit le visage de Madame Gong et elle oublia totalement Mondo et ses histoires bizarres, le rendez-vous avec l’avocat et même son mari pour quelques instants…
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La petite étoile si tu as aimé s'il te plaît? :)
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Happier | BTS | [FR]
FanfictionIl s'agit aujourd'hui chers amis, d'un boysband, d'humains totalement incroyables, d'une musique incomparable et que je respecte beaucoup : les BTS. J'étais là depuis leurs débuts. J'ai grandi avec leur musique et ils ont forgé une grande partie de...