L'allée des Camélias

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Dans l'allée des Camélias, un phonographe, celui du vieux cinéma, déploie ses balades chaque jour depuis vingt ans, le long des Do Ré Mi Fa Sol La Si Do des oiseaux qui l'accompagnent.  Avec lui, le bruit de la machine à pop corn qui embrasse le murmure du vent, les sourires sucrés des gosses la figure barbouillée de confiserie qui déborde du pot en carton ; au détour des conversations enrubanées des adultes -" Voir ta mère ? / Le nouvel An en bord de mer, si c'est pas le rêve ça ! / On déménage à Dijon" et autres conversations futiles, un courant d'air se fait discret.
Une brise légère vêtue d'un cardigan gris souris,tenant une canne doré dans la paume de sa main, un pantalon de flanelle et une moustache qui tournicote.  Ses pas sur le comptoir en bois de la vendeuse, couvert de papiers jaunes, oranges puis des bleus aussi.

Au rythme ou fleurissent les tickets de cinéma dans la caisse enregistreuse, le courant d'air chatouille, s'amuse et fait bourgeonner des éclats de rire.

Puis alors, la queue du guichet terminée, les spectateurs s'affalent sur les sièges moelleux comme le serait un bon gâteaux fait par nos grands mères, ou ces câlins enroulés dans une couverture épaisse.

C'est là que les lumières vont se mêler à la nuit le temps d'une heure ou deux. Enlacés dans le noir profond et chaleureux du cinéma.
L'homme invisible à la moustache qui tournicote ri de bon cœur.
Ça se passe dans le Cinéma.
Vous savez, celui de la rue des Camélias.

Entre Baudelaire et MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant