Entre Baudelaire et Moi

Gavroche

Les ongles crissant sur l'ardoise noire là ou barbouille la craie, il trace maladroitement des lettres. Aux mains, quelque taches les cuticules toujours pleines de terre un peu rognées par la violence du frottement des dents récurent sur la plaie à vif, geste incontestablement satisfaisant. Elles accompagnent le lourd mouvement de l'encre qui tâche le papier et les doigts, s'abreuvant de mots lancés dans la pièce comme les confettis pour Carnaval. L'enfant sous sa blouse travaille. L'eau gifle les carreaux ou niche la buée automnale, elle se prélasse sur les bocaux détrempés le long de la fenêtre et de concert,s'appliquant à accompagner la morosité d'un jeudi gris ou les gamins des rues traînent les poches vides et godillots dans le gravier devant l'école catholique ou la dame rigide comme le marbre et élancée comme les blés fait les cents pas devant sa classe, le chignon bien serré. L'éducation fut un privilège social .