Chapitre 35

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    Ce matin, c'est le réveillon de Noël. Je suis aux anges. Une pensée me vient à l'esprit : il n'y avait pas de sapin hier soir dans le salon, n'en font-ils donc pas ? Avant de trop réfléchir à une heure si matinale, j'éteins l'alarme de mon téléphone et me dirige vers à la baie vitrée. Il a drôlement neigé cette nuit. J'espère que cela ne sera pas trop embêtant pour rejoindre les Champs-Élysées. Je me dirige vers la salle de bain et prends une douche rapide. Cette nuit je n'ai pas dormi avec James et je dois avouer que j'ai ressenti une sensation étrange. Je réfléchi à comment m'habiller et décide de mettre un jean avec un pull bien chaud. Il doit faire un froid de canard dehors. Je surveille l'heure et remarque qu'il est déjà neuf heures moins dix. Je me fais un makeup rapide et me passe du gloss. Un brin de parfum et le tour est joué. Je descends les escaliers avec hâte et rejoins la salle à manger. Je remarque que tout le monde n'est pas encore levé. Il manque Addy, Jace et James.
—Bonjour tout le monde.
—Comment vas-tu Emylia ? As-tu passé une bonne nuit ? me demande Elizabeth.
—Parfaite.
—Bien dit-elle, viens donc t'asseoir prendre le petit-déjeuner.
Je souri.
—Merci.
Je m'assois à la même place qu'hier soir et remarque que Georges lis Le Monde. Un journal assez connu en France apparement. Je devrais peut-être en lire moi aussi afin d'améliorer mon vocabulaire. Sur la table, il y a diverses choses. On y trouve toutes sortes de viennoiseries, du pain, des biscottes, du beurre, du fromage, de la confiture et du jambon. C'est sans compter les nombreux jus proposés. On se croirait dans un hôtel. Tout à l'air vraiment succulent. C'est très copieux. Je décide de prendre un peu de tout car je raffole autant du fromage que des viennoiseries.
—Tu aimes ? me demande Anaëlle lorsqu'elle lève les yeux de son téléphone.
—C'est vraiment bon je réponds entre deux bouchées.
Nous terminons de prendre le petit-déjeuner et je monte dans ma chambre me laver les dents et passer mes bottines. Avant de partir, je mets le béret caramel assorti au manteau que mes parents m'ont acheté. À l'extérieur, le baromètre doit être descendu en dessous de zéro. J'enroule mon écharpe autour de mon cou et rejoins Ana un instant plus tard dans l'entrée. Je constate que James n'est toujours pas descendu. On ne se verra donc que tout à l'heure. En sortant, je demande comment nous allons rejoindre le métro.
—J'ai appelé un Uber dit-elle.
En effet, je n'avais pas remarqué la voiture qui attend devant la maison. Une berline, classique.
—Il risque d'y avoir un peu de monde aujourd'hui vu que la plupart des gens n'ont pas eu le temps d'acheter leurs cadeaux de noël dit-elle tout sourire.
—J'en fais également partie je dis en rigolant.
—Moi de même.
Nous nous marrons et montons dans la voiture. Le monsieur nous met la radio alors qu'il s'insère dans le trafic. Je ne connais pas le titre de la musique qui passe ni ne comprends toutes les paroles mais de ce que je crois comprendre je l'aime beaucoup. Je sors me téléphone et la Shazam instantanément. Apparement ce serait "Compliqué" de Dadju. Je cherche rapidement une traduction des paroles et je dois dire que j'adore. Les paroles m'ont l'air si réelles. Appropriées.
—Tout va bien ? me demande Ana.
—Oui oui merci.
—Nous arrivons dans dix minutes.
J'acquiesce d'un hochement de tête et quelques minutes plus tard, le chauffeur se gare pour nous laisser sortir. Les Champs-Élysées sous la neige c'est magnifique. Des décorations de noël bordent l'avenue et c'est incroyable tant c'est beau. Nous commençons à marcher et entrons dans quelques boutiques. Je suis contente d'en apprendre davantage sur Ana. Elle est vraiment gentille. Elle me dit qu'elle aimerait vivre quelques temps sur Paris le temps de sa spécialisation. Elle va essayer d'avoir son diplôme à la fin de l'année et demander ensuite à terminer son cursus ici. Au delà de ça, elle adore la lifestyle parisienne d'où le fait qu'elle compte vivre ici. Dans un magasin de joaillerie avec une devanture de verre, j'aperçois un cadeau qui conviendrait à James. C'est un bracelet en argent où l'on peut y faire une gravure. Par chance, ils peuvent me la faire de suite. Je réfléchis quelques instants à ce que je peux y faire écrire et trouve les bons mots. J'espère que cela lui plaira. Je lui ai également trouvé un col roulé noir qui lui irait comme un gant. Je l'imagine déjà dedans avec un pantalon noir et ...
—Emylia ?
—Oui ?
—On y va ?
J'hoche la tête. J'étais perdues dans mes pensées. Les meilleures qui soient soit dit-en passant.
Anaëlle m'a appris qu'ils avaient huit cousins et cousines. J'imagine déjà la montagne de cadeau sous le sapin. Cela va être grandiose. Je n'ai acheté des cadeaux que pour les frères et sœur de James, son père ainsi que ses grands-parents. Cela a été très dur pour moi de trouver des présents. Chaque année c'est le même calvaire, je ne sais jamais quoi offrir. J'ai pris un livre de cuisine pour la grand-mère de James, fais tirer une photo que l'on avait prise à Thanksgiving et ai acheté un cadre pour la mettre dedans afin de l'offrir à John. Pour Addy, j'ai trouvé une robe de soirée qui lui irait super bien et Jace un pull habillé. Enfin, Pour Ana, cela a été complexe de lui prendre quelque chose sans qu'elle ne le vois. Je lui ai acheté deux livres dans une petite boutique vintage. J'espère que cela lui plaira. Enfin, pour leur grand-père, j'ai pensé à lui acheter une vieille édition d'un bouquin de Zola.    
    Lorsque nous franchissons le pas de la porte du restaurant, nous sommes gelées. Il fait vraiment très froid. Nous essuyons nos manteaux enneigés et demandons une table pour deux. Le serveur nous y conduit et quelques secondes plus tard nous commandons.
—Désirez-vous boire quelque chose mesdames ?
—Je prendrai un verre de rosé s'il vous plaît dis Ana.
—Deux s'il vous plaît.
Alors que nous discutons le temps que nos commandes soient communiquées au cuisinier, deux hommes s'installent à la table près de nous. L'un d'eux croise mon regard et ne cesse de m'observer. Il est brun et a de beaux yeux noisettes. Il me dit quelque chose. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Il fait mine ne pas me regarder mais je vois bien qu'il continue.
—Voici.
Le serveur dispose nos verres face à nous et je bois une gorgée en ne m'attardant plus sur cet homme.
—Tu l'as vu ? me demande Ana.
—Qui ça ?
—L'homme, à côté. Il ne cesse de te regarder.
—Je sais je suis incroyablement gênée.
—Il est plutôt pas mal.
Je pouffe de rire.
—Anaëlle, sois plus discrète !
Le serveur arrive avec nos plats
—Bon appétit.
Nous le remercions et évoquons ce qui nous attend ce soir. Selon Ana, cela va être super d'être tous ensemble bien que cela fasse un brin bizarre qu'ils se revoient tous après dix ans d'absence. Il lui tarde de revoir ces oncles et tantes ainsi que ses cousins et cousines. D'après elle, sa cousine Sophy devrait annoncer le sexe de l'enfant qu'elle porte dans la soirée. C'est un beau cadeau de Noël pour tous. Ana parie que c'est une fille.
Lorsque le serveur enlève nos assiettes pour disposer nos desserts, j'ai l'eau à la bouche. Mon fondant au chocolat et sa boule de glace à la vanille macadamia me donnent terriblement envie.
—Emylia ?
Je porte la cuillère à ma bouche mais elle ne rentre pas. Je suis comme bloquée. L'homme d'à côté vient de prononcer mon nom. Qui est-ce au juste ?
—Oui ?
—Je le savais.
Il savait quoi ? Je regarde Ana puis les deux hommes tout à tour et elle semble aussi perdue que moi. L'homme qui accompagne le brun ne semble pas se soucier de notre conversation. Il est au téléphone.
Je hausse les sourcils, attendant qu'il s'explique.
—Cela peut te sembler louche mais je te connais.
Ça ne m'aide pas beaucoup. Je fronce légèrement les sourcils et il poursuit :
—Je suis ton grand frère.
Le temps semble s'être arrêté autour de moi. Je lâche ma cuillère ce qui me vaut de mauvais regards de la part de quelques personnes au vu du bruit. Je regarde Anaëlle. Elle même ne sait pas quoi dire. Je crois qu'elle est aussi abasourdie que moi. C'est impossible, je n'ai pas de frères et sœurs. Je suis fille unique. Mes parents me l'auraient dit. Je le saurai.
—Non. C'est faux. Vous devez vous tromper.
—Je sais que ça peut te paraître bizarre mais tu dois me croire. J'ai eu un doute lorsque je t'ai vu assise ici mais là, je n'en ai plus. Tu es ma petite sœur.
Maintes pensées de bousculent dans ma tête à une vitesse folle ce qui me donne légèrement le tournis. Je continu à manger mon dessert et la sensation de froid de la glace me ramène à la réalité.
—Pourquoi faites-vous cela ? C'est complètement faux. Je le saurai quand même si j'avais un frère.
—Emylia s'il te plaît, écoutes-moi.
Les deux hommes se lèvent après avoir terminé leur déjeuner et mon prétendu « frère » me tend une carte. J'y lis le nom de sa société, son nom à lui et son numéro de téléphone. Il s'appellerait Michael White et sa entreprise se nommerait White & Law. Un cabinet d'avocats, bien sûr. Je vais finir par croire que c'est une caméra cachée. En tout cas, si c'en est une, c'en est une bonne.
—Envoies moi un message si tu veux connaître la vérité. J'espère vraiment que tu le feras. A plus.
Les deux hommes quittent le restaurant et je me surprends à le scruter lorsqu'il longe la baie vitrée. C'est juste impossible.
—Tout va bien Emylia ?
—Je crois que oui. Je suis juste... déboussolée.
—Tu le crois ?
Je prends une autre bouché et réponds :
—Je ne sais pas quoi penser de tout cela.
—Au pire, tu n'as rien à perdre. Envoies lui un message tout à l'heure si tu as envie d'en apprendre davantage.
Je fais oui de la tête et termine mon gâteau.
Je ne sais vraiment pas quoi dire de plus face à cette prétendue révélation. Après tout, c'est peut être un homme qui a le même nom de famille que moi qui croit avoir trouvé quelqu'un de perdu. Ou juste un mec ayant trouvé ce prétexte pour me parler. Encore faut-il que j'explique le fait qu'il a mentionner mon prénom. Peut-être qu'il a entendu Anaëlle le prononcer. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi mes parents m'auraient caché son existence, cela n'a aucun sens.

When it all begin tome 1 (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant