Chapitre 1

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« Je n'aime pas ça du tout, Aryn, déclara Cassian pour ce qui devait être la trente-sixième fois de la journée.

- Tu n'as pas besoin de venir, cher ami, répliquai-Je donc pour la trente-sixième fois de la journée.

- Parce que tu crois que je vais t'abandonner comme ça ? De toute façon, moi je n'ai aucun problème, mais toi... Tu n'as pas réussi à produire une once de magie ! »

Je fit volte-face, m'arrêtant dans ma course, et toisai mon ami du regard. Il était plus grand que moi, plutôt costaud, avec des cheveux en bataille, coupés court, couleur blé, qui contrastait avec sa peau claire. Beaucoup de voyageur nous prenaient pour des jumeaux lorsqu'ils s'arrêtaient à l'auberge que tenait mon père. Autant dire que je n'étais pas de leur avis.

Cassian était le fils de l'épicier du village, et ne semblait pas aspirer à une vie plus glorieuse que celle d'un noble commerçant. Voilà où se trouvait notre plus grande différence. De mon côté, mon frère aîné, Tybalt, reprendrait l'auberge à la mort de notre père, son destin était tout tracé. Destin où je n'avais aucune place, puisque, selon lui, je n'étais rien qu'une « bâtarde », un sang-impur. Oui, je n'apprécie pas le moins du monde mon cher frère aîné. Mon cher demi-frère aîné. En effet, sa mère -l'épouse de mon père- est morte alors qu'il avait cinq ans, et je suis née d'une voyageuse restée plus longtemps que prévu.

Tybalt ne me laisserai jamais l'aider à l'auberge, il se ferait une trop grande joie de me chasser dès la mort de notre père.

C'est pourquoi j'espérais tant pouvoir faire partie des deux-cent adolescents qui pourraient, dès ce soir, commencer leur voyage vers l'Éternelle, la plus prestigieuse académie du pays, l'école où l'on formait les Magiciens, qu'ils soient chevalier, guérisseurs où éclaireur. Cette école qui permettrait à une œuvre jeune « bâtarde » comme moi d'accéder à un rang encore supérieur aux nobles.

Bémol 1: Il fallait que le discerneur trouve en moi de la magie.

Bémol 2: Il fallait survivre au voyage.

Bémol 3: Les combats au sein de l'école étaient violents et les professeurs sans pitié.

Bémol 4: Parmi les élèves restants, il ne serait choisi à la fin de l'année que vingt-et-un adolescent pour poursuivre leurs études.

Mon avenir semblait prometteur, dites donc.

« Mais j'en ai ! Je le sais ! C'est juste que tu n'étais pas là le jour où c'est arrivé ! expliquai-Je vaillamment.

- Ah oui ? répondit Cassian, qui semblait un peu trop sceptique à mon goût.

- Mais oui ! J'étais sur le point de me faire emporter par le courant, et là, la grosse branche tombée juste derrière moi s'est retrouvée sur la rive et j'ai pu m'y accrocher ! » racontai-Je fièrement.

Le jeune homme haussa les épaules, visiblement toujours aussi sceptique, alors que nous nous approchions tous deux de la tente plantée au milieu de notre village. Celle du discerneur.

Rien que le nom me faisait froid dans le dos. Les discerneur étaient des magiciens, souvent des anxieux guérisseurs, qui pouvaient « sonder » notre corps et notre esprit our savoir si nous possédions de la magie. De préférence une magie assez puissante pour être extériorisée.

La queue devant la tente n'était pas très longue. Alors que nous nous y ajoutions, Cassian et moi, j'en profitai pour regarder l'enclos des chevaux, à quelques mètres. Nous savions par les nombreuses histoires que les élèves que l'Éternelle possédaient leur propre cheval, avec lequel ils avaient fait le voyage jusqu'à l'académie pour « créer un lien unique entre Chevalier et Destrier ». Pour une simple fille d'aubergiste comme moi, posséder un cheval était quelque chose d'incroyable.

Le Mage du Dernier Soir - 1. Le MarquageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant