Le soleil avait entamé sa descente vers l'horizon quand j'arrivai enfin aux Montagnes du Dragon. Leurs pics enneigés semblaient défier les nuages, alors que les doux rayons du soleil faisaient étinceler d'or les hautes parois rocheuses. Ces lieux, berceau de nombreux mythes et légendes, était véritablement impressionnant. Comme fières et orgueilleuses, elles semblaient vouloir défier hommes et animaux à arriver à leur hauteur.
Une pente raides me séparait des falaises escarpées. Je soupirai. Je ne pouvais pas contourner les montagnes, cela me prendrait au moins trois jours. Il allait donc falloir que je traverse. Les Monts du Dragon étaient hauts et glissants, et contrairement aux montagnes plus aux sud, ils se tortillaient, accidentés et escarpés. Quelques nuages dansaient autour des pics, rosée par le crépuscule, sous une voûte claire.
J'espérai trouver une auberge, peut-être même un village. Je savais qu'il en existait plusieurs, relié les uns aux autres par des chemins de gravier. Hors je n'en voyais aucun, aussi loin que je pouvais regarder. La dernière fois que j'avais vu un chemin, c'était à midi, et je l'avais quitté depuis longtemps.
Je fis un rapide calcul dans mon esprit. Il me faudrait environ un jour une nuit pour traverser les montagnes, puis je pourrai galoper en ligne droite jusqu'à Tervhall, selon la carte que j'avais étudié plus tôt. Cela me prendrai une journée, tout au plus. Le plus intelligent serait ensuite de repartir en ligne droite vers Fenan, trajet durant lequel je me poserai pour dormir quelque part. Depuis cette ville, il me faudrait traverser la Forêt Blanche, et j'arriverai, si tout se passe bien, au début de la cinquième journée. Parfait.
J'engageai Dušan dans la descente d'un trot prudent. Le cheval noir n'en avait pas encore trop fait des siennes, mis à part qu'il avait obstinément refusé de traverser un large ruisseau plus tôt dans la journée. Je laissai un instant ses pas réguliers me bercer alors qu'une douce brise d'automne chantait entre les pierres. Néanmoins, je me battais contre ma fatigue, alors que le Marchand de Sable semblait me narguer. L'air était doux et portait une agréable odeur humide, comme de la mousse. Mes doigts commençaient à s'engourdir, serrés sur les rênes noirs de mon compagnon, et je luttai toujours pour ne pas glisser en avant.
En face de moi, le soleil, caché par les imposants ponts gris et blancs, donnait aux nuages une couleur rosée. Je devinai qu'il ne devrait pas tarder à disparaître à l'horizon. Je me demandai si il était prudent de continuer ma route en pleine nuit, et j'espérais sincèrement que la lumière de la lune serait suffisante. Le chemin, si on pouvait l'appeler comme ça, que je suivais était quelque peu accidenté par endroit, mais les parcelles de terre et de mousse qui le recouvraient rendaient le voyage plus agréable que si il avait seulement été fait de pierre.
Bientôt, je dûs mettre pied à terre, afin d'aider Dušan à escalader un étroit sentier qui semblait traverser les montagnes. C'était un bon compromis.
En effet, la lumière de la lune éclairait suffisamment le chemin pour que je n'ai pas à m'inquiéter. Je supposais que nous traversions les montagnes depuis environ trois heures. Le soleil avait disparu depuis longtemps, et la voûte céleste brillait de mille petites étoiles dorées. La piste sur laquelle nous marchions, Dušan et moi, était assez large pour que cinq chevaux y fassent la course sans problèmes. À ma droit, de la mousse encore humide percée de petite fleurs en étoile recouvrait une montée escarpée, alors que je ne préférais ne pas regarder à gauche, histoire de m'épargner des inquiétudes inutile. Je devinai qu'une rivière y coulait, mais bien trop bas à mon goût.
Ladite rivière baignait le chemin dans une ambiance douce et rassurante, par les clapotis constants qui résonnaient sur les parois qui nous entouraient. L'air s'était rafraîchi, et j'avais enfilé ma cape pour ne pas attraper froid.
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Le Mage du Dernier Soir - 1. Le Marquage
FantasyUne place dans la prestigieuse "Éternelle". Voilà la raison pour laquelle deux-cents adolescents vont devoir se battre une année entière, au terme de laquelle il n'en restera que vingt-et-un. Cela a toujours été ainsi, et cela le sera toujours. Néan...