Chapitre 2

69 14 12
                                    

« Bien. »

Je clignai des yeux. Une fois, deux fois. Ma vision était brouillée, mes yeux humides. Qu'est-ce que c'était que ça ?

« Aryn Orena, vous êtes autorisée à entreprendre ce voyage. Demain, aux premières lueurs de l'aube, vous devrez être sur cette place, prête à partir, déclara le vieil homme. »

Je n'avais toujours pas compris ce qui s'était passé. Tout semblait normal, en ordre, propre. Hébétée, je regardai une nouvelle fois autour de moi, avant de réaliser ce que venait de me dire le vieil homme.

«  Je... Que... Vraiment ? 

- Aboslument. »

Le regard du discerneur s'était fait bienveillant, et j'eu même l'impression qu'il me souriait. Soudain, la tente me parut plus chaleureuse et l'air plus doux. La pression présente autour de mon cœur depuis des mois avait enfin relâché sa prise. J'ai réussi. J'ai réussi. J'ai réussi ! RÉ-U-SSI !

J'avais bien des capacités magiques. Depuis que j'étais en âge de comprendre ce qu'on me racontait, je n'avais entendu que des légendes sur cette académie, et je cherchais chaque jour à savoir si j'étais magique. Mon rêve d'enfant venait de se réaliser ! 

Je hochais vivement la tête, puis relevai les pans de toile en affichant un sourire brillant de mille feux à Cassian, puis le pris dans mes bras en le serrant bien fort, alors que ce « rêve » étrange me revenait en mémoire.

« J'ai réussi ! À toi, maintenant ! », déclarai-je avant que l'un des assistants du discerneur ne me guide vers les chevaux en me félicitant d'un sourire.

L'homme qui m'accompagnait avait de longs cheveux bruns-noisette, il devait avoir la quarantaine, et semblait être le palefrenier attitré du discerneur, avec son tablier noir et son licol à la main.

Malgré qu'il soit provisoire, l'enclos était énorme. Il recouvrait la moitié la grande place, et entourait le grand chêne. Des milliers d'éclats de couleurs différents s'agitait en hennissant, alors que l'assistant approchait. 

Nous nous assîmes sur la barrière selon ses indications, et il commença à m'expliquer:

« Tu vas siffler, normalement. Tu sais bien siffler ?

- Oui ! acquiesçai-je avec un mélange de joie et d'impatience.

- Alors tu vas siffler l'air d'une chanson, quelques secondes seulement, le temps que tous les chevaux cessent de s'agiter. Le reste viendra tout seul. »

Je trouvai ça plutôt orignal, comme consigne, même si je doutais de son efficacité. Je réfléchi quelques instants, avant de me remémorer une douce mélodie infantile. 

Un point au loin, de mille couleurs... Un air sans fin, dansant sous les fleurs...

Doucement, hésitante, je me mis à siffler. Cette chanson avait imprégné mon enfance de ses notes douces et agréables, et je la connaissait par cœur. Il fallut une dizaine de secondes pour que plus rien ne vienne troubler le silence, à part ma mélodie.

Soudain, les gracieuses bêtes s'écartèrent vers la barrière de bois. L'une ou l'autre poussa un hennissement aigu que je ne sût interpréter, alors que les autres piaffaient.

Prudemment, je descendis de la barrière pour me placer au bout du « chemin ». Au milieu de ces gigantesques animaux, je me sentais petite et inoffensive comme un brin de poussière.

J'avais l'impression de voir une ombre avancer vers moi. Grand, robuste, gracieux et plus noir que le charbon, ses longs crins étaient noués en leur bout par un fin fil d'or. Le bruit de ses sabots résonnait sur la place, alors qu'il les faisait claquer sur les dalles de pierre. 

Le Mage du Dernier Soir - 1. Le MarquageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant