audio : Beach Ballin' ~ Yung Pinch/Blackbear
[PdV Cora]Les pneus de la voiture s'immobilisent dans notre allée. J'ouvre la portière en trombe et attrape mon énorme valise en coup de vent. Le bruit des roues crissant sur le gravier a dû les alerter de mon arrivée. Dommage, pour l'effet de surprise. Heureusement que la porte d'entrée est déjà ouverte car je pense que j'aurais eu beaucoup de mal à insérer la clé dans la serrure à cause de la clarté environnante. Je pousse légèrement la porte en bois massif et débouche dans le salon, sombre également. Mon père me suit de près.
- Il y a quelqu'un ? demandai-je.
C'est toujours à ce moment précis que la situation déraille dans les films d'horreur. Mais bon, je suis chez moi après tout, il n'y a rien d'effrayant à cela. Je jette un regard à mon père qui hausse les épaules.
- Tu ne peux pas leur en vouloir en même temps... déclara mon père en désignant l'horloge murale de la cuisine d'un geste du menton.
Celle-ci indique deux heures du matin passées. Bien sûr ! J'avais complétement oublié le décalage horaire. Ceci étant dit, je ne ressens pas du tout la fatigue malgré plus d'une journée de voyage sans interruption.
- Bon je monte me coucher, dis-je à mon père.
Ce dernier hoche la tête et s'éloigne en direction de la cuisine. Je commence à dévaler la salve d'escalier en direction du premier étage. Je passe devant la chambre de mes parents, légèrement entrouverte dont s'échappe un rai de lumière.
- Cora, c'est toi ma puce ? demande ma mère d'une voix ensommeillée.
- Oui je suis rentrée, lui répondis-je. Qu'est-ce que tu fais encore debout.
- Oh juste un travail de dernière minute. Bérénice me confie de plus en plus de responsabilités tu sais.
Je lui adresse une mine déconfite. Elle a les yeux lourdement marqués par des grosses cernes bleues violacées. Dernièrement, il lui a été confié le rôle de rédactrice au chef au journal officiel de la ville et de ses environs. Mais au-delà du titre et d'une fiche de paye plus importante à la fin du mois, cela n'a rien de positif. Ma mère commence réellement à se tuer à la tâche avec seulement quelques heures de sommeil par nuit. Surtout que je sais à quel point ça la met mal-à-l'aise à notre égard, elle qui avait déjà des remords à ne pas passer tant de temps que ça aux côtés de ses enfants et de son mari. Aussi, c'est la dernière année que ma sœur aînée, Liz, passe ici, dans le foyer familial avant de prendre son « envol ». Donc je sais que c'est déjà suffisamment compliqué à digérer pour ma mère le départ d'un de ses enfants pour ajouter à cela le fait qu'elle ne savoure pas ses derniers moments mère-fille avec elle avant un certain temps.
- Promets moi de ne pas te coucher trop tard. Bonne nuit.
Je lui laisse un petit bisou sur le front. Je monte une nouvelle salve d'escaliers jusqu'à arriver au dernier étage uniquement composé de notre chambre à Liz et moi. C'est une pièce mansardée de plus de trente mètres carrées, avec plusieurs fenêtres ce qui apporte de la lumière naturelle à profusion. Des vinyles et posters jonchent les murs tandis que des plantes en tout genre sont réparties dans la chambre. Au fond de la pièce, nous avons une petite salle de bain plutôt confortable et un petit couloir uniquement consacré à notre dressing commun, à moi et ma sœur. Sachant que nous avons quasiment les mêmes goûts vestimentaires et partageant presque la totalité de nos vêtements, ça ne nous a posé aucun problème d'avoir le même dressing. La chambre est plongée dans l'obscurité. Ma sœur n'est pas dans son lit ; elle doit sûrement être à une fête quelconque ou chez une amie pour la nuit. En réalité, sa présence me manque. J'ôte rapidement mes baskets et mes vêtements puis revêt un tee-shirt loose et ramène mes cheveux en un chignon lâche. Je m'allonge sur mon lit et observe les étoiles par la fenêtre qui me domine.
Étonnamment, je ne suis pas du tout fatiguée. J'imagine que ma fatigue et lassitude habituelles reviendront avec le temps. Pour le moment, la seule chose que j'ai envie de faire est de revêtir un jogging de sport et d'aller courir un peu. Mais bon il ne faut pas que j'abuse non plus ; courir un jeudi soir à deux heures et demie du matin, seule et dans le noir est sûrement le meilleur moyen de se faire enlever.
Je me demande si les filles sont connectées. Pour ce qui est de Danna, je n'en doute pas une seule seconde. C'est la première personne à courir se bourrer la gueule à la première fête venue. Patience et Veronica, je n'en ai strictement aucune idée. Ah et Jade doit très certainement être encore dans sa grande maison de vacances en Angleterre.
Tentant le tout pour le tout, je décide de leur envoyer un message sur notre groupe de discussion malgré l'heure tardive : « Guess who's back ! ». Sans grand étonnement, Danna est la première à ouvrir mon message et y répond dans la foulée : « Supeeeer ! Alors comment c'était ton road trip ? ». « C'était franchement inoubliable ! » affirmai-je. Suite l'arrivée de Veronica dans la discussion, je décide d'entamer une discussion vidéo. Peu importe mon quota de sommeil, je ne risquais pas de m'endormir de sitôt ! pensai-je.
L'écran de mon téléphone se sépara en trois, pour Veronica, Danna et moi.
- Vous avez pas idée à quel point ça me fait plaisir de vous revoir ! m'exclamai-je, le sourire au lèvres.
- Ah pas moi t'es toujours aussi moche grosse pute.
Je lève mon majeur devant ma caméra, à la destination de Danna. C'est à ce moment-là que je me rends compte que l'écran de Veronica est positionné de telle manière qu'il nous permet de voir uniquement son épaisse tignasse de cheveux bruns bouclés, dues à ses origines afro qui lui vont si bien.
- Putain, il va sérieusement falloir que tu apprennes à cadrer Véro, pouffa Danna. Ça suffit d'avoir à affaire à tes cheveux à chaque fois.
Un bruit de mastication de chips raisonne dans toute ma chambre provenant probablement du micro de Veronica.
- Réflexe ! s'écria-t-elle en balançant une chips en direction de la caméra.
- T'es vraiment la pire, ricanai-je.
Un peu plus d'une heure plus tard, après avoir parlé de tout rien, allant de la séparation de notre dernier groupe préféré en date à celle de deux personnes du lycée à qui je n'ai jamais adressé la parole, je décide d'aller me forcer à dormir un peu. Moi qui d'ordinaire, suis une grosse dormeuse, cela me paraît étrange de ne pas encore avoir ressentir de fatigue après avoir été éveillée pendant trente-six heures d'affilée. Cela étant, je dépose mon téléphone sur ma table de nuit et entreprends de trouver le sommeil. Mais il faut croire que le sort n'est pas avec moi puisque c'est bien évidemment le moment que choisis ma sœur pour faire une entrée fracassante – et je veux dire par là littéralement puisqu'elle s'étala dans les escaliers un causant un vacarme digne d'un éléphant. Je ne pus réprimer un accès de fou rire face à sa maladresse légendaire.
- Rira bien qui rira le dernier, s'exclama ma sœur Liz, rayonnante malgré le fait qu'il soit non loin de quatre heures du matin et qu'elle ait failli réveiller toute la maisonnée.
En ce moment, elle s'est lancée le défi d'utiliser le plus d'expressions typiques et phrases toutes faites en toute occasion.
- Ça me fait trop plaisir de te voir ! Ça m'a tellement manqué de ne pas avoir quelqu'un à qui se confier en permanence et surtout d'avoir cette grande chambre vide pour moi toute seule. Tu sais que j'ai même failli apprendre une nouvelle langue au cas où il me fallait un prétexte au fait que je parlais toute seule.
J'éclate d'un rire tonitruant, bien loin des petits rires mignons qu'ont ces filles parfaites dans les séries. Ça ne m'étonne guère de la part de ma sœur. Elle et moi nous sommes à la fois complémentaires et diamétralement opposées. D'un point de vue physique, nous sommes quasiment identiques avec nos longs cheveux châtains aux reflets auburn – malgré le fait que les cheveux de Liz soient cent fois plus beaux que les miens, plus brillants et plus souples – et nos yeux bleus foncés. Seulement deux centimètres nous séparent et nous possédons à peu près la même morphologie, même si ma sœur a des formes beaucoup plus voluptueuses que les miennes. Nous avons une peau assez pâle et fragile, héritage provenant de notre mère. La mienne arbore même une multitude de petites tâches de rousseur, pendant la période estivale, sous l'effet du soleil, dont je suis très fière.
- Alors parle moi de ton voyage ! Et je veux tous les détails croustillants, surtout ceux que tu caches à papa et maman ! déclara Liz d'un air rusé.
J'entame alors le récit de mon voyage. Notre conversation dure jusqu'à cinq heures du matin passées, c'est-à-dire jusqu'à que Liz et moi décidons d'aller finalement nous coucher d'un commun accord. Ma sœur s'endort quasiment immédiatement après s'être allongée sur son lit, encore habillée. Le sommeil ne m'emportant toujours pas, je me mets à contempler le visage serein de Liz. Nous sommes si différentes au fond, elle et moi. Liz c'est la fille adorable que tout le monde connaît au bahut. Elle a une bande d'amis à qui elle est restée fidèle depuis le collège et une adorable petite amie, Morgane.
On pourrait la caractériser de populaire j'imagine. Mais ça la rapprocherait trop de ce cliché de fille odieuse et insupportable, peste, même envers ses amies, qu'on voit dans trois quarts des séries américaines. Mais Liz est tout sauf ça. Elle est engagée dans des milliers de projets allant du respect des droits de la femme à la cause animale et possède un avis presque sur tout. En plus de ça, elle est très sociable, extravertie et parfois bizarre – mais dans le genre que les gens apprécient, celui qui rend une personne atypique. Aussi elle a un style du tonnerre, que je peux me vanter de posséder également puisqu'elle m'a grandement influencée. De plus, Liz est vraiment une confidente en or : elle sait écouter sans jamais juger et c'est une tombe, elle ne répétera jamais un secret sous aucune raison.
Je me retourne sur le dos et croise mes mains derrière ma tête, observant l'infini à travers la fenêtre. Des milliers de petites paillettes dorées me contemplent silencieusement. Je jette un coup d'œil à l'heure inscrite sur mon téléphone : 5 :19. Sachant que nous sommes en été, le soleil se lève tôt et se couche tard. En effet, le bleu profond qui constitue le ciel commence à lentement s'éclaircir pour très bientôt céder la place a un tableau magnifiques de nuances roses et orangées. C'est splendide. Le soleil perce enfin à l'horizon. Je pense à toutes ces âmes tombées dans les bras de Morphée tandis que je me retrouve seule face à un paysage si habituel mais qui réussit pourtant à me couper le souffle.
Une tempête de vibrations intempestives se déroule proche de mon oreille. Beaucoup trop près à mon goût. Je grogne histoire d'exprimer mon désaccord. J'ouvre un œil encore bien endormi. Liz est assise sur son lit, en train de lacer une paire de baskets de sports qu'elle a aux pieds. Elle me jette un regard.
- Oups. Désolée, j'ignorais que tu étais réveillée, dit-elle en récupérant son téléphone, abandonné quelques secondes sur la table de nuit.
Je dévisage son portable, aka l'objet de malheur qui m'a réveillée. Ce n'est pas humain de recevoir autant de messages en si peu de temps.
- Contente de voir que tu es toujours aussi peu matinale, déclara ma sœur, ironique.
- Quelle heure est-il ? demandai-je, faisant abstraction de sa blague.
Je repousse ma couette et me redresse sur mon lit.
- Près de treize heures. Ne t'inquiètes pas tu peux te rendormir, ils sont tous en train de zoner dans le salon en jouant à Mario Kart. C'est pour ça que j'ai décidé d'aller courir, affirma Liz. Tu sais bien que je déteste rester inactive trop longtemps.
Il est vrai que ma sœur ne tient pas en place, elle a besoin d'être tout le temps en action, ce qui expliquerait peut être pourquoi elle est si productive dans sa vie quotidienne.
- Tu ne vas pas me croire mais je n'ai pas du tout envie de dormir.
Ma sœur me regarde avec des yeux écarquillés ce qui me fait éclater de rire.
- Tu te fous de moi ? me demande-t-elle le sourire aux lèvres.
- Non pour de vrai, j'ai envie de faire des tas de choses aujourd'hui !
- Si tu le dis...
Liz me lance une nouvelle fois un regard interrogateur puis s'élance dans l'escalier, son téléphone et ses écouteurs à la main. Je me précipite dans la salle de bain et lance ma meilleure playlist de sons dédiés à la bonne humeur. J'observe quelques instants mon visage dans la douche. J'ai des petites cernes sous les yeux et les cheveux légèrement gras au niveau des racines mais rien d'alarmant. Ayant clairement la flemme de passer dix minutes de plus sous la douche à m'occuper de mes cheveux, je fais le choix de les réunir en une queue de cheval. Je passerai un petit coup de shampoing sec en sortant de la douche et ça fera l'affaire.
Au bout de dix minutes, je suis habillée, coiffée et j'ai mis une pointe de maquillage, c'est-à-dire du gloss et deux traits d'eye-liner. Je descends au rez-de-chaussée, dans mon salon où toute ma famille est éparpillée, excepté Liz.
Mes petits frères et mon père sont en pleine partie de Mario Kart tandis que ma mère est assise à la table de la cuisine, accompagnée de ses fidèles serviteurs, son ordinateur portable et sa tasse de café. Je la rejoins directement, sachant qu'engager une discussion avec le reste de ma famille serait peine perdue considéré leur niveau de concentration et d'application à envoyer des carapaces aux uns les autres.
- Ça va ? Tu veux prendre quelque chose ? Je peux te faire du thé aussi si tu veux ?
Je réponds à ma mère par un sourire.
- Ne t'inquiètes pas. Je n'ai pas très faim de toute manière. Je sors retrouver les filles au centre commercial. Ça ne te pose pas de problème ?
- Ça devrait ? demanda ma mère, me souriant.
J'étreigne ma mère doucement, emporte mon tote bag Van Gogh avec moi puis lance un au revoir à la ronde avant de fermer la porte derrière moi.
Hier, durant notre long appel vidéo nous avions conclu de nous retrouver au centre commercial le lendemain. Je marche une dizaine de minutes en slalomant entre les différentes ruelles environnantes avant d'arriver devant Arden Fair Mall, le centre commercial de référence de Sacramento, récemment construit, non loin du centre historique de la ville. Je m'asseois au bord de la prestigieuse fontaine qui fait face à l'entrée nord du centre.
J'ai vingt minutes d'avance par rapport aux filles, leur ayant dit de me rejoindre à quatorze heures, n'étant pas vraiment sûre de l'heure à laquelle j'allais me réveiller ni combien de temps j'allais mettre. Mais bientôt arrive Veronica, toujours en avance comme à son habitude. Au moment où je la vois arriver, je lève mes fesses de la fontaine où je les avais posées et m'élance à sa rencontre dans le but d'aller lui faire un câlin. Aujourd'hui, elle est particulièrement radieuse, s'étant fait des baby hair et deux chignons sur le haut de son crâne. Sa peau, un mélange entre la couleur de la cannelle et du sucre brun, brille avec le soleil et elle a appliqué de l'highlighter qui fait ressortir ses pommettes bien dessinées.
- Ça me fait vraiment plaisir de te voir ! m'exclamai-je.
- Moi aussi. Tu as pleins de choses à nous raconter !
Main dans la main – je suis une personne très câline et tactile -, nous nous dirigeons vers l'entrée du centre commercial. Nous nous installons à la terrasse d'une crêperie en attendant les filles. Celles-ci arrivèrent quelques minutes plus tard.
- Le salon des potins est ouvert ! lança Danna en s'asseyant.
Cette expression m'avait manquée.
- D'ailleurs vous avez eu des nouvelles de Jade ? demande Patience, l'air soucieux.
- Pas vraiment non. Je vous avoue que je ne sais même pas si elle est rentrée à Sacramento, répond Danna.
Cette dernière pose son doigt délicatement sur son verre et coulisse lentement en formant des cercles imaginaires.
- Je ne sais pas quoi en penser, intervient Veronica.
Elle qui normalement reste sereine en toutes situations semble assez perplexe.
- Je veux dire, est-ce que je suis la seule à avoir trouvé son comportement plus qu'étrange, ces derniers temps ? reprend-elle, en se rongeant distraitement les ongles.
Danna sort son briquet de sa poche et allume une cigarette. Elle fait toujours ça quand elle est un minimum tendue. Elle prend comme prétexte que la nicotine lui libère l'esprit, à défaut de lui encrasser irrémédiablement les poumons.
- Par ces derniers temps, tu parles d'un comportement bizarre depuis le début des vacances scolaires ou depuis... Liam ? demande Danna, les yeux écarquillés.
- Je n'en sais trop rien, soupire Veronica.
Nous ressemblons à un groupe de psychologues, en cercle, comme ça, à discuter à voix basse. J'avoue n'avoir pas trop d'avis sur la question ; certes il est étrange que notre amie oublie complètement de nous donner de ces nouvelles, mais, après tout, c'est Jade. Elle doit être très certainement en train de nager avec des requins aux Bahamas actuellement ou bien de survoler le Grand Canyon en hélicoptère.
- Moi, je vous propose d'oublier cette histoire qui ne doit être certainement qu'un énorme malentendu et trinquer à notre belle fin d'été, j'affirme, levant mon verre de grenadine au ciel.
- Et notre fin de tranquillité, lâche Patience.
- Wow, vous vendez du rêve dîtes moi, déclare Danna, écarquillant à nouveau ses yeux bruns foncés.
Nous partons d'un petit rire. Le serveur arriva au même moment pour prendre notre commande. Après avoir mangé, nous nous rendons dans l'allée principale du centre commercial. Il n'y a aucun doute, la Californie possède les meilleures destinations shopping de tout le pays.Le reste de la semaine passa à une vitesse folle. Les filles et moi nous retrouvâmes tous les jours. La deuxième semaine je m'étais inscrite à un stage d'arts plastiques et histoire de l'art. C'était pour moi l'occasion de me décider sur le choix ou pas de ces options. Après tout, cette année de première était comme une année butoir ; c'était l'année où nous devions prendre la décision de quoi faire après la fin du lycée. Pour ma part, j'avais toujours témoigné d'un tempérament calme et artistique. Je débordais de curiosité et étais apte à réaliser des œuvres de longue haleine.
Un soir où je rentrais de mon stage - où j'avais d'ailleurs fait de nombreuses rencontres et découvertes intéressantes - je rencontrai ma mère dans la cuisine. Je m'apprêtai à me concocter un croque-monsieur, dégoulinant de fromage, mon plat de résistance en ce moment.
Tandis que je sortais un paquet de pain de mie sans bordures, du jambon et du fromage, j'adressai un petit sourire en coin à ma mère et sa meilleure amie, sa tasse de café que Liz lui avait offerte il y a quelques années à l'occasion de la fête des mères, sa tasse de café arborant le message « Best Mum Ever ».
- Alors quoi de neuf ? me demanda-t-elle tout en se réinstallant devant son ordinateur.
La lumière extérieure commençait à baisser, c'est pourquoi, je pris la décision d'allumer la lumière du séjour, histoire de ne pas trop se fatiguer les yeux.
- Écoute ce stage me plaît vraiment ! répondis- je d'une voix plus qu'enjouée. J'imagine que ça pourrait réellement être une voie dans laquelle m'engager. En plus les gens du stage sont vraiment super ! Je veux dire ils sont tous très ouverts d'esprit et parfois nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes, ce qui permet des débats très intéressants ! C'est typiquement le genre de métier que j'aimerais faire, un où l'on ne s'ennuie jamais. Tu vois, rester derrière un ordinateur toute la journée ne m'intéresse pas le moins du monde.
Je jetai un coup d'œil à ma mère, levant un sourcil narquois à mon égard, devant son ordinateur.
- Désolée.
Je m'arrêtai quelques secondes, assez fatiguée de ce flot de paroles pourtant habituel chez moi, afin de croquer dans mon croque-monsieur laissé à l'abandon dans une assiette sur la table.
- J'imagine que tu as trouvé ta vocation alors, déclara ma mère en riant. Le moins qu'on puisse dire c'est que tu as l'air emballée.
Elle récupéra ses affaires et s'éloigna.
- Je vais travailler à l'étage.
J'entendis le son de ses pas s'atténuer.
- Ah Cora dernière chose, déclara ma mère en sortant sa tête du chambranle du premier étage. La mère de Jade a appelé toute à l'heure. Je ne sais pas ce qu'elle voulait mais j'imagine que c'était pour toi. Elle a laissé un message.
Elle me fît un clin d'œil puis disparût à nouveau. Je me dirigeai vers le téléphone fixe situé au centre du salon. Bizarre. Personne n'appelait jamais ici, à part les agences de publicité mais puisque même celles ci ne laissaient pas de message vocal, nous ne consultions jamais ce téléphone.
J'appuyai sur le bouton rouge afin d'écouter le message.
« Oui bonjour Cora, c'est Sandrine la maman de Jade. Je te passais juste un petit coup de fil pour te demander si tu avais eu des nouvelles de ma fille. Elle n'est pas revenue à la maison depuis hier soir et je suis très inquiète. Je sais qu'elle n'est pas du genre à donner des nouvelles mais bon ça fait quand même 24 heures qu'on ne l'a pas vue. Bref, je ne te dérangerais pas plus longtemps, contacte moi si tu as des nouvelles. Je vais téléphoner aux autres filles aussi. Bisous. »
Le téléphone émit un bip après la longue tirade de Sandrine la maman de Jade, avec son accent et son nom à consonance française. L'esprit un peu en panique, je décidai d'envoyer un message sur le groupe de discussion pour obtenir des informations.alors ce premier chapitre ? quels sont vos avis ?
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SACRAMENTO AFFAIR
Mystery / ThrillerSacramento, California. J'aimais la musique, danser sous la pluie et m'échapper en regardant les étoiles et en rêvant à une vie parallèle. Mais la réalité m'a rattrapée.