My love - Ludic
(1 an plus tôt)
Je saisis mon sac de cours et sors de ma maison. Mon chauffeur privé m'attend à l'intérieur d'une grande voiture noire vernie aux airs de voiture d'agent secret. J'ouvre la portière et rentre à l'intérieur.
- Bonjour Bob.
- Bonjour Mlle Jade.
J'allume mon téléphone et scrolle mon fil d'actualité Instagram.
- Alors vous avez hâte de retourner en cours ?
J'éclate d'un rire qui sonne faux.
- Lol.
Bob me sourit dans le rétroviseur frontal. Il a été au service de la famille quasiment depuis ma naissance. Son visage reflète assez justement une cinquantaine d'années bien entamée. Il a toujours été très gentil et poli avec moi, même si je peux être la pire des pétasses quelquefois.
Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes de notre première année de lycée. Depuis ma première arrivée au collège, j'ai toujours été étiquetée comme une « populaire », principalement car ma famille possède la plus grande maison d'architecte de tout l'Etat - ça je n'en sais rien mais ça ne m'étonnerait même pas - et que notre nom est si connu qu'il est difficile de passer inaperçu. Jusqu'ici ça ne m'avait jamais trop dérangée. Qui s'offusquerait d'un petit peu d'attention après tout ?
Mais à la fin de l'année dernière, j'ai fait l'erreur de me rapprocher d'un groupe de filles très populaires et réputées pour lancer les pires rumeurs. Cependant, têtue comme je suis, je n'ai pu m'empêcher de me précipiter dans le nid d'embrouilles. Progressivement, je me suis rapprochée d'elles, lors de fêtes, ou même, dans le cas où nous avions des amis en commun, je leur demandais de me présenter à elles. Elles étaient tout ce que j'étais mais en mieux. Elle avaient tout ce que j'avais mais dernier cri. Leurs jambes étaient plus longues et effilées que les miennes, leurs cheveux plus brillants, leurs lèvres plus pulpeuses, leur teint plus parfait et leur ventre plus plat.
Bien sûr, j'étais toujours aussi proches de mes amies mais peu à peu, je me perdais à rêver de cet idéal de beauté. Je perdis du poids, appliquai des tonnes de produits capillaires et me peignai d'une quantité inconsiderable de maquillage. Bref, j'étais devenue le prototype de beauté américaine. Est ce que j'étais heureuse ? Étrangement oui. J'avais tout pour plaire et le savais bien.
Mes amies ont commencé à me prévenir de mes changements, que c'était bête de gâcher ma beauté naturelle d'avant, que l'ancienne Jade, la fille drôle et qui se fichait bien du regard des autres, leur manquait.
Malheureusement, c'est à ce moment-là que les autres filles, celles que j'avais toujours jalousées, ont commencé à s'intéresser à moi. Je me suis donc bien gardée d'écouter mes amies, mes vraies amies, et me suis précipitée dans la gorge du loup.
C'est à cette période là que les choses ont dégénérées. Je ne faisais que des bêtises, je me rendais à des tonnes de soirées avec des garçons bien plus âgés que moi, je fumais, buvais, volais. Bref j'étais irrécupérable.
J'ai fait une croix sur mes amies, ne répondant plus à leurs appels et messages, et me rapprochais dangereusement des autres filles. Elles connaissaient tous mes secrets mais je ne connaissais aucun des leurs. C'était des vraies salopes, à divulguer et colporter leurs vicieux ragots dans le dos de ceux qui pensaient être leurs amis.
J'ai donc tenté de me dépêtrer de ma relation avec elles, mais je m'étais débarrassée méchamment de mes anciennes amies. J'étais seule.
Un jour, tout de même je suis allée les trouver pour leur dire leurs quatre vérités. Le lendemain, des photocopies de mes plus gros secrets étaient placardées dans tout le lycée.
Ça s'est réglé à la dure, dans le bureau du proviseur et, même si la décision avait joué en ma faveur, j'étais vue aux yeux de tous comme une traînée qui méritait bien ce qui lui arrivait.
- Nous voilà arrivés mademoiselle.
La douce voix de Bob me sort de ma torpeur. Je décolle mon front de la vitre avant de vérifier mon reflet grâce à la caméra frontale de mon téléphone.
Les joies du lycée.
J'ouvre la portière, puis fais un petit coucou à Bob avant de m'éloigner vers la foule. Je reconnais une majorité de visage qui me sont familiers du collège.
Pas si un nouveau départ que ça, finalement.
Presque aussitôt, Veronica arrive, dans la grosse voiture noire de son père assez similaire à la mienne. En la voyant arriver vers moi avec un grand sourire ancré sur les lèvres, je réalise à quel point je suis chanceuse d'avoir des amies aussi merveilleuses, aussi cucu que ça puisse paraître.
- Je peux te faire un câlin ?
Veronica écarquille les yeux et un délicieux sourire vient flotter sur ses lèvres, face à ma demande inhabituelle.
- Cora, sors de ce corps.
Puis juste avant de rejoindre la masse de monde et entrer dans l'enceinte de l'établissement, elle me serre très fort dans ses bras.
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SACRAMENTO AFFAIR
Mystery / ThrillerSacramento, California. J'aimais la musique, danser sous la pluie et m'échapper en regardant les étoiles et en rêvant à une vie parallèle. Mais la réalité m'a rattrapée.