Échafaud

8 1 0
                                        

Le prince était installé sur un petit promontoire en bois situé juste devant sa maison calcinée et en face du centre de la place où se situait l'échafaudage en bois. Là où encore hier il y a avait un pilori, trônait maintenant un billot. Il n'avait pas prit la peine d'y mettre un siège pour lui ou pour sa femme et ses enfants, l'affaire serait vite réglé. Les deux mages l'encadraient, T's était à sa gauche direct alors que la famille du prince électeur le séparait de Krack.

Il y avait monde sur la place, la pyromane était déjà sur l'échafaud, on avait enlevé le pilori pour le remplacer par un billot. Tout ce qui manquait, c'était le bourreau. Le village était trop petit, malgré ses centaines d'habitants, pour en avoir un permanent et le prince électeur ne voulait pas attendre le passage d'un itinérant. Heureusement, le commandant du guet se proposa dès que la criminelle fut arrêtée mais encore fallait il qu'il arrive.

Il arriva quelques temps après, à son apparition, le pendentif de Ts'avali recommença à s'agiter. Pratk' ne voulait pas rester sans agir. Ts'avali le laissa parler. Et il ne s'en priva pas.

- Tu ne peux pas la condamner pour sa violence contre le pouvoir en place, elle n'a tué personne, elle a seulement détruit les biens de salaud !

- Ses actions tueront des gens, soit par une inadvertance soit suite à des répressions. La violence appelle la violence.

- ELLE VA MOURIR Ts' ! Tu condamnes sa violence mais tu acceptes celle du pouvoir dirigent alors qu'il est partial et corrompu ! Si son peuple n'était pas traités comme un sous peuple et qu'il pouvait faire parti de ce pays, elle n'aurait rien fait de violent. La violence est une conséquence d'un mal profond qui ne peut s'exprimer autrement, il faut lutter contre la cause de la violence. Et nous on en avons les moyens !

Ts'avali les yeux dans le vide marmonna, l'air commença à vibrer, il fixa le prince électeur en serrant ses pattes. Mais son regard glissa sur la femme et les marmots à côté du dirigeant. Il visualisa la conséquence de son meurtre, des larmes, une famille déchirait, des rancoeurs, des inconnus persécutés, du sang, la mort de ceux de sa race et autres étranger...

Non, il ne sera pas la cause d'autres malheurs, il desserra ses paumes, tourna son regard vers Krak, ses yeux n'exprimaient rien, pas de colère, pas de joie, pas de peine, juste un regard vide d'un Gitnakan perdu en terre goupilienne. Il passa sa manche sur son front pour en essuyer la sueur qui s'était formée après la matérialisation de son pouvoir.

- C'est cela que tu veux Ts', être insensible au sort des autres, aux opprimés. Si par ton inaction tu laisses quelqu'un souffrir, tu te rends complice de cette souffrance.

Ts'avali n'écoutait pas les velléités de son amis, il s'emporte tout le temps face aux injustices du monde, c'est d'ailleurs ce qui causa sa mort se remémora t'il. Ts'avali porta son regard sur Tanya qui était malmenée sur l'échafaud, elle avait le regard hagard, recherchant quelques choses dans la foule. De l'aide, du soutien ou juste un regard de compassion de la part de quelqu'un, mais elle ne vit qu'une masse de haine animée et canalisée par d'autres sur elle. Ts' lui envoya un appel par sa pensé, le regard de la Falashas se porta sur lui. Il ne lu aucune rancoeur envers celui qui l'a amené là. Elle est trop intelligente pour savoir que ce n'est pas lui qu'il l'a conduit ici mais le système. Enfin c'est ce qu'il se disait pour se rassurer. Il l'apaisa avec un sort, insufflant en elle un sentiment de douceur, ce qui manque le plus dans ce monde. Elle lui sourit, d'un sourire franc, ceux qui sont les plus beaux.

S'il l'avait rencontré en un autre lieu, pensa-t-il, Non, surtout dans d'autres conditions. Sa tête fut plaquée contre le billot, elle était maligne, d'une malignité que l'on apprend pas. On lui releva ses cheveux, libérant son cou fin. Oui, il y avait quelque chose en elle qui plaisait à Ts'avali. Le commandant du guet, très grand pour un goupilien, s'approcha d'elle et leva une hache vers le ciel. Mais elle n'aurait pas arrêtée sa lutte, elle l'aurait entraînée dedans corps et âmes. La pierre du pendentif de Ts'avali vivra. Et corps et âmes, ils en seraient mort. La tête de Tanya roula sur le bois et s'immobilisa devant les pieds du bourreau.

FalashasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant