VII. Lettre de Fondcombe (partie 1)

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La lune trônait haut dans le ciel sombre, offrant sa clarté au monde de la nuit. Les murmures des cascades résonnaient doucement, de façon feutrée dans la vallée qui s'étendait sous la lumière lunaire. Et le Seigneur Elrond, dans la grande bibliothèque de Fondcombe, était perdu dans ses pensées. Son visage, lisse de toute émotion d'habitude, était habité d'une grande inquiétude. Des rumeurs s'élevaient au-delà des frontières de Rivendell, des murmures d'une ancienne terreur ayant dévasté la Terre du Milieu, il y a fort longtemps.
Des pas légers et souples retentirent dans son dos, alors qu'il observait sans vraiment le voir le paysage devant lui.

- Voilà bien trop longtemps que nous n'avons pas eu de nouvelle de Mithrandir, déclara-t-il à son interlocuteur.

- Non, pas depuis la Comté, confirma le nouveau venu.

Elrond soupira, la tête baissée, accablé par de funestes souvenirs et la légère inquiétude pour l'un des gardiens de la Terre du Milieu, qui était avant tout un ami, le tenaillait.
D'autres pensées sombres l'accaparèrent par ailleurs. Il y a un peu plus d'un mois, le Seigneur de Fondcombe avait reçu une lettre alarmante du magicien gris, qui avait accentué le pressentiment du semi-elfe que de terribles événements allaient survenir.
Comment était-il possible qu'un anneau de pouvoir ait été en la possession d'un hobbit, et aussi longtemps ? Mithrandir avait fait des recherches à Minas Tirith, pendant de très, très long mois et les faits qu'il lui avait retransmis depuis ce haut-lieu, dans cette lettre, n'avait pas été fait pour le rassurer. Serait-ce vraiment l'Anneau Unique ? La toute dernière lettre de son ami portait à le croire.

- Elrond, intervint l'interlocuteur, brisant le lourd silence, c'est l'Anneau Unique, n'est-ce pas ?

- Oui, souffla l'elfe brun, accablé, tout en se retournant vers lui. Seul le feu peut révéler son secret, ajouta-t-il dans un murmure.

- Où est-il en ce moment ? Questionna l'elfe blond devant lui, impassible, mais où une lueur inquiète brillait dans son regard bleu.

- Quelque part entre la Comté et ici, répondit le Seigneur de Rivendell reprenant son assurance. Entre les mains d'un hobbit, plus précisément du neveu de Maître Bilbon Sacquet.

- Pensez-vous qu'il parviendra sans encombre jusqu'à nous ? Demanda l'elfe.

- Les hobbits sont des créatures surprenantes, éluda le Maître de Imladris. Vous le savez aussi bien que moi, Glorfindel. De plus, le neveu de Bilbon Sacquet doit posséder le même courage que son oncle.

- Probablement, sourit brièvement le Capitaine de Gondoline. Alors, prions les Valars pour lui.

Le Seigneur de Rivendell hocha de la tête avant de descendre les escaliers qui menait au balcon de la bibliothèque.

- Quant à nous, nous avons le devoir de prévenir les autres dirigeants de la menace qui arrive, déclara Elrond. Le destin de la Terre du Milieu dépendra de leur choix.

***

Les rues de Dale étaient particulièrement animées en cette fin de mois d'août de l'an 3018. Le soleil était haut dans le ciel, offrant sa chaleur estivale. Les fleurs s'épanouissaient, embaumant l'air de leur doux parfum. Les marchands haranguaient la foule, les passants observaient avec émerveillement ou avec un air réfléchi les produits présentés dans les petites échoppes. Le temps était à la douce clameur et à la bonne humeur.

Ce sont dans ces dédales de ruelles que Lily, Dorian et Frerin avec Sara assise sur ses épaules se promenaient en cette après-midi, tenant compagnie à la douce Tilda aidée de Erika, accompagnés de Dwalin pour les surveiller. Les jeunes gens avaient dû accepter la présence du Capitaine de la Garde imposé par Lucy. Cette dernière était occupée avec un dossier très important concernant les mines et lorsque son aîné était venu lui demander s'il pouvait sortir à Dale, sa mère avait réprimé un soupir, désirant elle aussi s'aérer l'esprit avec ses enfants. Elle avait accepté, bien évidemment, avec tout de même une certaine réticence lorsqu'il a abordé le fait d'emmener Sara avec lui. Donc, pour se rassurer, elle avait demandé à Dwalin s'il pouvait les accompagner. Voilà la raison qui expliquait la présence du grand guerrier grognon avec eux.

La Communauté de l'Anneau (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant