La Communauté de l'Anneau (Tome 2)

XV. Les Mines de la Moria

Les jours qui suivirent l'attaque au lac se ressemblèrent, ponctués par les nombreux dédales de ponts, de passages et de tunnels montant en pente douce ou descendant fortement qu'ils franchirent, dans le silence et l'obscurité la plus totale, seulement éclairés par Gandalf. Tous purent ainsi découvrir les mines creusées par les Nains, même Thorin qui n'avait jamais eu l'occasion d'admirer l'œuvre de son peuple à Khazad-dûm.

Traversant de nombreux chemins, la Communauté avait eu l'occasion de voir encore des torches et des échelles accrochés au paroi dans les crevasses, permettant l'extraction de ce que la Moria leur donnait.

- La richesse de la Moria ne vient pas de l'or ou des joyaux, avait indiqué Gandalf le premier jour, s'étant arrêté pour admirer l'un des filons qui courait sur la paroi rocheuse. Mais du mithril, leur avait-il avoué.

Dans son annonce, il avait abaissé son bâton, augmentant la lumière pour éclairer en contrebas l'extraction du métal précieux qui faisait toute la richesse de la Moria et la rendait si convoitée par les Nains. Tous les membres purent apercevoir les filons argentés de mithril qui réfléchissaient la lumière du magicien, telles les veines de la roche. C'était impressionnant. Mais le Roi d'Erebor avait eu un goût amer en observant cela. Son peuple avait toujours rêvé de retrouver leur demeure ancestrale, de retrouver cette richesse et il avait envoyé une expédition...à la mort pour un simple métal.

- Bilbon avait une cotte de maille en mithril que Thorin lui a offert, s'était élevé la voix du magicien, attirant l'attention du concerné.

- Ça, c'est un cadeau royal ! s'était exclamé Gimli, stupéfait de savoir que le vieil hobbit avait reçu un si prestigieux cadeau.

- Oui, avait affirmé Gandalf. Je ne lui ai jamais dit mais sa valeur est plus importante que la Comté entière.

Le nain roux avait tourné son regard vers son souverain mais ce dernier n'avait rien répliqué, se contentant d'un vague geste de la main. C'était un présent qui avait peu de valeur à ses yeux, comparé à ce que son vieil ami cambrioleur avait réalisé dans cette quête.

- Je vois qu'il y a des préférences, avait grommelé Guenièvre, derrière lui. Je n'ai même pas eu le droit à un tel cadeau, alors que je me suis coltinée des nains butés et braillards dans un voyage où j'ai failli mourir plus d'une fois.

Cela avait arraché un sourire à Thorin, l'arrachant de ses pensées sombres.

- Je ne pensais pas que vous survivriez aussi longtemps, avait-il laissé échapper avec un regard taquin envers son amie qui s'était renfrognée pour la forme sous les rires de certains.

Suite à ce bref épisode, le silence s'était de nouveau installé. Les jours étaient ponctués seulement par des pauses, soit pour manger ou dormir, bien qu'ils étaient complètement déboussolés par le manque de lumière, ne sachant plus trop si c'était le jour ou la nuit.

***

Au bout du quatrième jour, franchissant un immense escalier raide - marchant presque à quatre pattes pour le gravir, manquant pour certains de glisser -, Gandalf en tête finit par tomber en haut de cet escalier sur une large et sombre arche donnant sur trois passages. Toutes menaient dans la même direction, vers l'est. Cependant, celui de gauche plongeait tandis que celui de droite montait et que celui du milieu paraissait continuer, uni et horizontal, mais très étroit.

- Je ne me souviens pas de cet endroit, murmura le magicien.

Les autres observèrent un temps leur guide figé devant eux, avant que ce dernier ne leur dise de s'installer pour se reposer.