La Communauté de l'Anneau (Tome 2)

XIV. Le Guetteur de l'eau

Il fallut à la Communauté encore plus d'une journée pour descendre le Col de Caradhras et rejoindre les portes de la Moria. Le retour fut tout autant difficile car ils eurent peu de repos, toujours talonnés par les loups de Sauron. Il fallait impérativement qu'ils disparaissent sous terre pour échapper à la vigilance de l'Ombre.

D'ailleurs, lorsqu'ils atteignirent le pied du flanc Ouest de la montagne Celebdil, - un des trois sommets qui se dressent au-dessus de la Moria -, bordé par une étendue d'eau, les astres de la nuit brillaient dans le ciel, cachés de temps à autre par des nuages.

La paroi immense et presque lisse était composée d'une roche sombre qui n'arrangeait pas l'atmosphère lugubre qui semblait y régner.

- Les portes des Nains sont invisibles quand elles sont closes, informa Gimli aux hobbits tapant délicatement avec le haut de sa hache la roche.

- Oui Gimli ! confirma Gandalf d'une voix forte à l'avant du groupe. Et même leurs maîtres ne peuvent les ouvrir quand leur secret en est oublié !

- Pourquoi cela ne me surprend-il pas ? souffla Legolas, au devant du nain roux qui n'apprécia pas la remarque.

De même que Thorin qui marmonna dans sa barbe, grognon. Il avait aussi le souvenir d'une porte difficile à ouvrir, une des portes de son propre royaume. Mais le Roi Nain avait toujours beaucoup de mal à accepter certaines vérités sur son peuple.

La Communauté finit par s'arrêter sur les berges du lac, près de la possible entrée des mines. Tandis que la plupart des membres en profitèrent pour se reposer un instant, Gandalf examinait la paroi rocheuse, un endroit encadré par deux magnifiques grands arbres noueux.

- Nous y voici enfin ! fit le magicien, attirant le regard de tous. Ici se terminait la route elfique de Houssaye qui permettait le commerce entre les Elfes et les Seigneurs de la Moria. C'étaient alors des temps plus heureux, où il régnait encore parfois une amitié étroite entre gens de race différente, même entre les Nains et les Elfes.

- Le déclin de cette amitié ne fut pas le fait des Nains, fit Gimli.

- Je n'ai jamais entendu dire que ce fût la faute des Elfes, rétorqua Legolas.

- Moi, j'ai entendu dire les deux, intervint Gandalf en posant son regard ombrageux sur eux avant de reporter son attention sur la paroi lisse encadrée par les deux arbres. De l'ithildin, finit-il par murmurer. Cela ne reflète que la lumière des étoiles et la lumière de la Lune.

Il leva la tête vers le ciel nocturne et à ce même moment, le nuage qui cachait l'astre lunaire se déplaça, permettant à la lumière de la Lune de se refléter dans les inscriptions invisibles à la lumière du jour. C'est alors que sous les regards ébahis de tous, se dessina sur la roche une arche avec deux colonnes, un arbre entremêlant ses branches autour de chacune d'elle, et une arcade comportant une inscription elfique. Sous cette arche, était visible la couronne de Durin avec sept étoiles au-dessus représentant les Sept Pères des Nains, et le marteau et l'enclume, symbole de la maison de Durin. En dessous encore, plus nette que tout le reste, brillait une unique étoile à multiples rayons au milieu de la porte.

Gandalf sourit, toujours aussi impressionné par le savoir-faire des nains qui avaient créé cette porte mais aussi par les elfes, notamment des elfes d'un ancien âge car l'inscription avait été faite par le célèbre Celebrimbor, celui qui avait forgé les anneaux.

- Il est écrit, commença Gandalf en indiquant de son bâton les écrits elfiques, les Portes de Durin, Seigneur de la Moria. Parlez ami et entrez.