V. Arrêt à la Trouée des Trolls

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Le soleil se couchait, éclairant de ses doux rayons la forêt dressée près des Monts Brumeux et d'où des voix en sortaient. Effectivement, sur le petit chemin de terre, se dessinaient deux silhouettes, une de grande taille et l'autre plus petite. Ces deux personnes qui marchaient d'un pas léger au milieu de cette forêt, chantaient à en perdre la voix.

- Dites à mes amis que je m'en vais
Je suis impatient d'arriver
Vers un ciel toujours bleu, oui je m'en vais
J'ai du bon temps à partager

Dites à mes amis que je m'en vais
Je suis impatient de rentrer
Sous le soleil qui descend, oui je m'en vais
Vers le bonheur à partager
Oui je m'en vais

Sur cette dernière note, ils éclatèrent de rire.

- Douce Yavanna, cela fait longtemps que je n'ai pas chanté comme ça, lâcha Bilbon.

- La musique adoucit les mœurs, informa sa compagne de voyage, Lily.

- Voilà quelque chose de bien vrai, confirma le vieux hobbit.

Ils continuèrent de marcher encore quelque peu, tout en discutant quand Bilbon se stoppa, un temps, essoufflé.

- Tout va bien, Bilbon ? s'inquiéta la jeune rouquine.

- Oui, oui, la rassura-t-il, en reprenant son souffle. J'ai juste besoin de me reposer.

- Nous allons bientôt nous arrêter pour la nuit, indiqua la jeune femme.

Ils reprirent la marche mais d'un rythme plus lent pour ménager le semi-homme et au bout d'une bonne demi-heure, ils arrivèrent dans une petite clairière abritant d'étranges statues de pierre, représentant trois énormes et immondes trolls.

- Asseyez-vous là, fit Lily, en indiquant un vieux rondin de bois. Je vais aller chercher de quoi nous nourrir et faire un bon feu.

Elle déposa ses affaires près du hobbit qui s'installa, ne gardant que son arc et son carquois et disparut dans les fourrés alentour.
Bilbon, enfin bien installé, observa avec nostalgie ces vieilles statues qui l'entouraient. Dans un coin, il reconnut le promontoire fendu sur lequel s'était tenu Gandalf 60 ans plutôt, d'un autre côté le pied de l'arbre où ses compères et lui s'étaient retrouvés entassés dans de vieux sacs. Il eut un bref rire, en se rappelant les jérémiades et grognements de ses amis nains. Ce qu'il donnerait pour se retrouver dans cette aventure, à la fleur de l'âge. Doucement, il sentit la fatigue le gagner et il somnola quelques instants, attendant le retour de son amie. Puis au bout d'un petit quart d'heure, il se réveilla en sursaut au bruit d'un craquement dans les fourrées. Il tourna la tête de tout côté et il entre-aperçu brièvement la silhouette d'une biche s'en aller. Il souffla, se détendant. Mais inconsciemment, comme pour se rassurer, il porta la main à la poche de son veston, espérant y trouver quelque chose. Mais son coeur rata un battement lorsqu'il se rendit compte qu'il ne l'avait plus. Il se redressa d'un coup, observant les alentours, paniqué.

- Où est-il ? Où est-il allé ? Répéta-t-il, sa voix teintée d'une pointe d'hystérie.

Il se mit à chercher, dans les herbes hautes, le coeur battant. L'aurait-il laissé, abandonné ? Serait-ce elle qui lui avait pris ? Une rage sans nom s'installa en lui. Bien entendu. Qui cela pouvait-il être d'autre ? Il n'était que tous les deux.

- Bilbon ! s'exclama une voix enjouée. Je suis revenue !

La jeune femme eut un petit rire.

- Ce fut facile ! Le lièvre s'est presque jeté sous ma flèche !

De dos, il l'entendit déposer son butin et lui, accroupi, se laissant guider par sa colère, prit un bâton qui se trouvait près de lui, discrètement.

La Communauté de l'Anneau (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant