Chapitre 8

186 18 0
                                    


Alanna.

Liberté : jour un.

J'ouvris les paupières avec la sensation que je venais à peine de les fermer. Je mis du temps à me rappeler où j'étais. Mes yeux balayèrent la petite chambre faiblement éclairée. Je ne savais pas quelle heure il était ni quel jour nous étions. Brennan m'avait conseillé de me reposer après mon moment de détresse, et il était resté jusqu'à ce que je glisse dans les bras de Morphée. Sa présence rassurante m'avait apaisée, mais malgré cet endormissement paisible, mon sommeil avait été agité et entrecoupé de cauchemars.

Je me redressai péniblement, la bouche pâteuse, et constatai qu'Alisha n'était pas à côté de moi. Son côté du lit n'était même pas défait. Le silence semblait régner dans l'appartement. Je n'entendais aucun bruit.

J'avais un sentiment diffus d'angoisse et d'expectative. Maintenant que les vampires avaient pris l'initiative de se dévoiler, plaçant les surnaturels sous le feu des projecteurs, tout allait changer. J'espérais que la situation n'allait pas devenir incontrôlable, mais je n'étais pas vraiment optimiste, connaissant les réactions de mes congénères lorsqu'ils se retrouvaient confrontés à la différence. Découvrir l'existence d'autres espèces qui les reléguaient en bas de la chaîne alimentaire allait engendrer des conséquences difficilement prévisibles à plus ou moins long terme.

Je sortis du lit, toujours vêtue de mon jogging et de mon tee-shirt de la veille, et me rendis dans la pièce principale où j'entendais le bruit de fond de la télévision. Alisha était installée sur le canapé devant l'écran, les traits tirés.

— Tu as passé la nuit ici ? lui demandai-je.

— Oui, répondit-elle, j'étais trop perturbée. Nous sommes le lendemain du jour où cet enfoiré de Sehen a forcé le coming out de toutes les espèces surnaturelles et je ne pouvais pas aller me reposer en sachant ce qu'il était en train d'arriver. On dirait que plusieurs jours se sont écoulés alors que ce ne sont que quelques heures, dit-elle avec amertume.

— Quelle heure est-il ?

— Il est quatorze heures.

— Quelles sont les nouvelles ? demandai-je, en m'installant à côté d'elle.

— Au niveau humain, on nage en pleine crise. Il y a déjà des émeutes un peu partout à l'étranger, mais elles sont contenues par les forces de l'ordre. Dans ces conditions, la peur le dispute à la curiosité et aux questions en tout genre. Un couvre-feu a été instauré en Europe et aux États-Unis. Un sommet entre l'ONU* et le Haut-Conseil** a été organisé en urgence, ainsi que plusieurs conférences de presse. Les dirigeants de chaque pays ont sorti plusieurs communiqués et des interventions en direct se succèdent sur toutes les chaînes, en continu.

— C'est donc vraiment en train d'arriver.

— Oui, répondit-elle avec lassitude. Si Sehen voulait générer le chaos, il a bien réussi son coup. Il y a déjà des manifestations anti-vampires et anti-surnaturels un peu partout. Certains annoncent la fin du monde.

Les Gardiens d'Apophis tome 2: Résilience (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant