Approximativement trois heures plus tard, Calum gara le véhicule dans une minuscule clairière perdue dans la forêt. Les constructions urbaines s'étaient raréfiées au fur et à mesure que nous nous étions éloignés des axes principaux. Le paysage était devenu de plus en plus sauvage, les troncs des arbres défilaient inlassablement à travers la vitre, leur couleur sombre offrant un contraste saisissant avec la blancheur de la neige.
Nous avions traversé le parc national de Banff et j'avais été fascinée par la magnificence du panorama. Je n'avais presque pas vu le temps passer, les yeux perdus dans la contemplation d'une nature toute puissante. Alisha avait ronflé pendant la majorité du trajet, me poussant à remettre mes écouteurs pour contrer ses nuisances sonores. Sal s'était d'ailleurs amusé à l'enregistrer sur son portable pour en faire un moyen de pression. Visiblement, le fameux mâle dont elle m'avait parlé au coffee attendait son retour avec impatience.
Sans la tension sous-jacente de Brennan et d'Alistair, j'aurais presque pu me croire en route pour une colonie de vacances.
Dans la dernière partie du voyage, notre progression était devenue compliquée en raison du verglas et de la route de plus en plus chaotique. À un moment donné, la voiture avait tourné à droite pour emprunter un chemin entièrement camouflé par la nature ambiante. Nous avions suivi cet accès étroit durant une bonne vingtaine de minutes, nous enfonçant aussi loin que possible dans les bois. Notre véhicule, bien que dernier cri, avait connu des difficultés pour parcourir les derniers kilomètres. La voie était si étriquée et sinueuse qu'elle m'avait presque rappelé le lit d'un torrent serpentant au milieu d'une forêt. Les bosses et les trous dissimulés par la poudreuse nous avaient valu des secousses particulièrement brutales.
Nous avions dû nous arrêter à trois reprises pour passer des barrières magiques invisibles. La sécurité était extrêmement ingénieuse : seuls des métamorphes pouvaient franchir les passages. Calum nous avait expliqué que le système fonctionnait en accord avec le phénotype alternatif* des métamorphes. Pas de génome spécifique : pas de laissez-passer. Je me demandais cependant qui serait assez fou pour se risquer à venir jusqu'ici ! Les voies d'accès étaient absolument impraticables pour un novice. Il serait facile de s'y perdre et de mourir de froid !
Je sortis de la voiture et m'étirai tout en inspectant les lieux. Autour de nous, les arbres se dressaient, majestueux, purs joyaux végétaux dans leur écrin blanc. Une sensation de calme s'épanouit en moi comme chaque fois que je me retrouvais en pleine nature. Une brise se leva et agita quelques-unes de mes boucles, l'odeur des pins emplit mes narines et les sons de la faune ambiante résonnèrent comme un doux chant à mes oreilles. Ces stimuli qui avaient peuplé mon enfance m'apportèrent un sentiment de calme et de sérénité bienvenu. Je soupirai de bien-être et fermai les yeux, attentive à chaque détail sensoriel.
— Alanna, viens chercher tes affaires ! Ce n'est pas moi qui vais les porter, m'appela Alistair.
— Pourquoi cela m'étonne-t-il autant ? répondis-je, en ouvrant les paupières. Tu perds tes manières, mon cher !
— Si tu veux un boy, demande à papy Brennan !
Ce dernier maugréa qu'il n'était pas un grand-père, et Al gloussa. C'était agréable de le voir aussi détendu. Depuis qu'il avait retrouvé l'Irlandais, il semblait totalement différent. Plus jeune, plus humain.
J'allai jusqu'au coffre pour récupérer mon sac à dos. L'air était vif et les rayons de soleil avaient du mal à traverser les cimes des conifères. J'enfilai mon anorak et remontai la fermeture éclair jusqu'au cou. La température s'était considérablement rafraîchie depuis que nous étions proches de notre destination.
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Les Gardiens d'Apophis tome 2: Résilience (édité)
VampiriDans le jeu des apparences, chacun porte un masque. XXIe siècle. Londres. Alanna s'est enfin libérée de la tyrannie de Sehen et s'est soustraite à l'emprise des gardiens d'Apophis. Lorsqu'elle fuit aussi loin que possible et qu'elle se cache auprès...