8) A contre-courant

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L'un assis sur un banc, l'autre appuyé debout contre un arbre avec pour seul bruit le vent qui éraflait la nuit ainsi que le bruit des passes qui s'enchaînaient. Les deux jeunes garçons ne prirent la parole tout de suite. Les idées fusaient dans leurs têtes et Kindaichi attendait que Kunimi se lance.

Ce dernier n'avait pas l'air de savoir comment débuter son récit.

Ouais, réfléchit. Mais j'espère fortement pour toi que t'essaies de trouver les mots justes et pas une excuse à la con. T'as intérêt Kunimi, t'as intérêt.

Les passes se succédaient par une cadence implacable comme un métronome abandonné de nulle part ayant pour seul repère son rythme cardiaque.

Au bout de quelques minutes qui parurent interminables pour Kindaichi, Akira prit enfin la parole.

-Bon, j'aurai beau repousser ce moment le plus longtemps possible, on est déjà en train de le vivre. Alors je vais essayer de le finir au plus vite.

- M'en fout que ça soit rapide ou pas, je veux tout savoir. Alors déballe.

~~ Quelques jours auparavant...~~


- Toi ! Dimanche dans deux semaines, nos équipes s'affronteront ! Pas d'absences tolérées ! Je m'arrangerai avec Ukai et Takeda-sensei, mais ça ne devrait pas poser de problèmes !

Et c'est sur ces mots qu'ils laissèrent un Kunimi effaré par ce qu'il venait de se produire devant ses yeux. Bordel, pourquoi n'avait-il pas réagi plus rapidement ? Il n'avait pas le numéro du chauve et encore moins de sa soeur. D'ailleurs, il n'avait le numéro d'aucun des corbeaux mis à part de Kageyema, du fait qu'ils avaient anciennement un groupe pour parler de tout ce qui concernait le club de volleyball de Kitagawa Daiichi. Il n'avait aucune envie de faire équipe avec Kageyama. Mais le pire dans cette histoire était Kindaichi. En plus du dégoût qu'il aurait certainement en rejouant avec son ancien coéquipier, il y avait le fait qu'il perdait confiance en lui. Ce n'était pas linéaire, mais il serait faux de prétendre qu'il se sentait ainsi il y a encore quelques mois. Depuis que Karasuno avait battu Shiratorizawa, cette équipe comportant un attaquant faisant parti du top 3 des joueurs lycéens du volleyball du Japon, il avait tout remis en question.

Kunimi soupira. Ça lui arrivait souvent d'être excédé mais en l'occurence, il était carrément à cran.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire moi, hein ?

Seul les bruits de la circulation lui répondirent. Pour qu'il commence à parler à haute voix alors qu'il était son propre interlocuteur, il devait effectivemment se situer dans une bien belle galère.

Et voilà, j'aurais dû écouter ma mère et arrêter de grignoter à tout bout de champ. Si j'étais pas allé m'acheter ces foutus caramels salés, j'en serais pas là.

Kunimi sortit son portable dans l'optique d'alerter Kindaichi, puis il se retint.

Qu'est-ce qu'il allait pouvoir lui dire et surtout, comment ?

Il réfléchit, puis une idée déplaisante lui traversa l'esprit. Mais avait-il une autre solution à porter de main alors que le temps pressait ?

*

- Kageyama ?

-...

- Euh... Kageyama Tobio ?

- Salut. C'est Kunimi.

Tenant son téléphone dans une main et un verre de l'autre, Kageyama rattrapa sa boisson qui avait échappé de sa main in extremis face à la personne qui l'avait appelé. Que pouvait-il bien lui vouloir ?

Destitution ou Reconstruction ? [Haikyū]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant