8. Une nouvelle histoire

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           — Si ce garçon se réveille, il devra passer quelques jours, pour des examens, dit une voix frêle d'un homme abîme par le temps.

Et pour ma fille ? demande une voix féminine.

Elle est mal au point, très mal. Elle dort souvent. Quand elle dors pas, elle ne mange pas et tourne dans sa chambre en se tenant le cou avec les mains. Et quand elle dort, c'est guère mieux : des cauchemars qui la font souvent tomber de son lit tellement elle bouge mais ce n'est même pas suffisamment pour la réveiller. Elle refuse d'entendre quoi que ce soit et répète des mots incompréhensibles dans son sommeil.

J'entends ?! J'entends ?! Je suis dans le noir, depuis un moment, peut-être des heures, peut-être des années et le silence était mon fardeau. Mais voilà que j'entends à nouveau. Le garçon c'est moi et la fille, c'est Yami. Yami est dans un état critique et si je suis à l'hôpital c'est que je suis vivant. Yami...J'arrive ! Je fais des efforts incommensurables pour me relever. Je pousse un hurlement à réveiller les morts, pour libérer une pression que j'ai sur le cœur, sans résultats. J'entends des bruits pressés.

Il a hurlé ! Qu'a-t-il ?! Son cœur bat beaucoup trop vite !

J'avance à petit pas, j'halète. C'est beaucoup trop dur mais je le fais quand même. Partout, il y a une sortie, et je trouvais celle de cet endroit. Après seulement quelques minutes et malgré ma rage d'avancer, je tombe à genou. Je n'en peux plus. Yami, je suis désolé. Je ne sais plus rien, je suis coupé de tout. A-t-on vaincu Zork ? Est-il encore là ? Je baisse la tête, des larmes coulent d'elle-même. Quelque chose brille devant moi, je relève la tête. Mais les larmes me brouillent la vue, je vois seulement une forme de taille humaine qui me tourne autour très lentement. J'essuie mes larmes d'un revers de main. J'aurais préféré ne pas faire ça, ce que je vois me noue la gorge : Yami en une apparition fantomatique, qui scintillent légèrement, avec de nombreuses blessures, elle a ses mains vissées autour de son cou. Elle porte une tenue d'hôpital, légère, et marche pieds nus. Elle a le visage peiné et elle semble sur le point de pleurer. Pourquoi tourne-t-elle autour de moi ? Je pense et espères qu'elle va finir par se lasser car je ne supporte pas cette vision. Yami est une femme forte, elle se tient toujours debout. Alors pourquoi tourne-t-elle autour de moi ?

« Savoir rire lorsqu'on t'étrangle. Pour moi, le bonheur c'est être soi et avoir les bonnes personnes à ses côtés. Que malgré la noirceur des ténèbres continuer à marcher. Ne jamais abandonner et avoir la certitude de faire ce que l'on veut, de se battre pour les autres. De savoir, quand ne pourra jamais te briser parce que tu t'attends toujours au pire. Au moins, tu n'es jamais déçu. »

Sans que je sache pourquoi, ces phrases reviennent dans ma tête. Elle veut que je me lève, elle veut que j'y crois même si c'est désespéré. Aussi incroyable que ça puisse paraître, elle veut me faire comprendre qu'elle lutte mais que malgré toutes ses résolutions, elle n'y arrive pas seule. Elle m'appelle, elle a besoin de moi. Elle a besoin de moi. Cette pensée me fournit une énergie nouvelle juste suffisante pour que j'arrive à me lever de nouveau. Elle arrête de tourner en rond et je la suis. Je sais qu'elle va me mener à la sortie. Brusquement, elle tourne. J'ai du mal à la suivre mais je fais le maximum d'efforts. Je ne veux pas qu'elle m'échappe parce que si je perds cet esprit, c'est la vraie Yami que je perdrais. Et ce pour toujours. Finalement, elle s'arrête et une porte apparaît devant moi. Elle devient de plus en plus transparente avant de disparaitre pour de bon au niveau de la porte. J'ouvre la porte, une vive lumière m'aveugle, je me sens transporter.

Une grande goulée d'air. Respirer. Ce qui semblait être normal et anodin est à cet instant précis un grand cadeau de la nature. Je m'assois dans mon lit.

Vous êtes enfin réveillez jeune homme ! m'informe inutilement un homme arrondi dans sa blouse blanche.

Je me sens bien, j'ai mal nulle part. Je me tourne vers Manon, la seule personne que je connaisse un minimum dans cette pièce.

ManqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant