Quelqu'un qui me secoue doucement.
— Maman, laisse-moi encore dormir, il est tôt.
Un petit rire échappe à mon interlocutrice mais il m'alarme, ce n'est absolument pas le rire de ma mère ! J'ouvre les yeux, Yami se tient agenouillée devant moi. J'ai du sable plein le visage. Et plein la bouche aussi, voilà ce que ça fait de s'endormir face contre sable. Il doit être pas loin de deux ou trois heures du matin. Il fait encore nuit et ça picote.
— Espèce d'idiot ! Je ne suis pas ta mère ! Je pensais que tu étais mort d'une hypothermie ! Ou pire !
Je m'assois avant de rire en m'époussetant.
— Oh non, ne t'inquiètes. En revanche, je ne vois ce qui pourrait être pire que mourir d'une hypothermie ?
Elle regarde au loin, le visage perdu dans les vagues.
— Mon grand-père me racontait des histoires de démon du désert. Mais personne n'y croit vraiment.
— Plus de monde que tu ne le pense.
Elle se laisse tomber à côté de moi et ramène ses jambes vers elle. Elle me regarde avec un air suspicieux.
— Tu y crois ?
J'hausse les épaules.
— Bien sûr que j'y crois. On ne peut pas être un vrai Egyptien sans croire à la magie de notre pays ! D'ailleurs, est-ce que tu crois en la beauté du désert ?
— Je n'ai jamais vraiment pu faire de balade dans le désert avant. Si tu me montrais ? Tu es guide après tout, dit-elle en riant légèrement.
— Nuit assez courte pour quelqu'un qui semblait si fatigué la veille, fais-je observer en haussant un sourcil.
— Je n'ai pas besoin de dormir debout pour recharger les piles. Heureusement que Quentin n'est pas comme moi !
Je secoue la tête et le lève.
— Dans ce cas...dis-je en lui tendant la main.
Elle attrape ma main avant de me suivre en courant vers les écuries. Nous prenons chacun un cheval et à ma grande surprise, elle arrive à monter Tonnerre, un pur-sang arabe noir aussi farouche que le si célèbre cheval d'Alexandre Le Grand, sans difficultés. Je pars devant et elle me suit. Elle semble être à l'aise, je ralentis pour me caller à sa hauteur, elle fait de même et nous pouvons parler. J'en profite pour la complimenter :
— Tu as une bonne maîtrise de l'équitation.
— Merci.
Et elle s'enfuit au galop. Je lance aussi le mien au galop. Je sens l'adrénaline parcourir chaque vaisseau sanguin de mon corps. Pénétrer chacune de mes cellules. Je me sens bien, si bien. Galoper dans le désert de la nuit. Malgré le froid, j'ai chaud. J'ai toujours adoré ça. Mais cette fois, il y a quelque chose en plus. J'ignore c'est quoi. Brusquement, elle ralentit et je tire fort sur mes rênes pour stopper mon cheval brusquement.
— Pour toi, c'est quoi le bonheur ?
Je suis surpris par sa question, je m'y attendais pas vraiment.
— Hm...Quand tout est beau. Que les gens qui te veulent du mal ne t'atteignent pas et que tout va bien.
— Ah oui ? questionne-t-elle en haussant un sourcil, moi, je me méfierais si tout était beau.
— Alors, c'est quoi la version du bonheur pour toi ?
— Savoir rire lorsqu'on t'étrangle. Pour moi, le bonheur c'est être soi-même et avoir les bonnes personnes à ses côtés. Que malgré la noirceur des ténèbres continuer à marcher. Ne jamais abandonner et avoir la certitude de faire ce que l'on veut, de se battre pour les autres. De savoir, quand ne pourra jamais te briser parce que tu t'attends toujours au pire. Au moins, tu n'es jamais déçu.
— Drôle de vision du bonheur, tu ne trouves pas ?
— Pourquoi, tu n'es pas d'accord ?
Je fronce les sourcils, elle n'a pas tort au fond de moi, je sais qu'elle a raison. Mais c'est le genre de chose que je ne dis jamais de peur d'être vu comme un type bon à être enfermé dans un asile. Elle semble lire dans mes pensées puisqu'elle retorque :
— Je dis toujours ce que tu penses et j'ai des pensées peu conventionnelles. Si tu n'aimes ni l'un, ni l'autre, je te conseille de mettre le maximum de distance.
— Si ! Si ! m'empressé-je de dire, j'adore ça !
Je ne sais même pas pourquoi il m'a paru si important de me justifier auprès d'elle et elle me sourit, avant de déclarer en scrutant le ciel :
— On devrait rentrer.
Le ciel se teint, déjà, de teinte orange et rose. Je n'avais pas vu le temps filer ! Après, il est vrai que le soleil se lève tôt en Égypte. Nous faisons demi-tour dans un silence complet. Je repense à toute mon aventure auprès de Yugi. C'est la première fois que j'y repense depuis que je me suis réincarné. Je pensais en avoir fini avec cette histoire. J'avais tourné la page. Mais le vent est retourné de lui-même la page. L'histoire est revenue vers moi. Nous revenons à l'hôtel.
Les autres nous attendent à l'entrée, ils ont l'air inquiets. Lorsqu'il voit la jeune fille aux yeux violets, ils lui sautent littéralement dessus.
— QU'EST-CE QUI T'A PRIS DE PARTIR ?! On s'est inquiété ! hurle Marine.
— Vous n'êtes pas ses parents, dis-je en haussant un sourcil, elle peut sortir sans que vous le sachiez.
Ils se tournent tous vers moi, les yeux ahuris.
— Atem, il y a des choses que tu ne sais pas. En temps normal, elle va où elle le veut. On s'en fout. Mais pas aujourd'hui.
— Pourquoi ? dis-je incrédule.
Ils se tournent vers Yami, elle secoue la tête.
— Tu parles trop Thomas.
Elle s'en va. Et à la dernière minute, elle se retourne vers moi.
—J'ai adoré la balade.
Cette fois, elle s'en va pour de bon. Je vois cette bande d'amis sous un autre angle. Elle semblait normale avec des délires particuliers. Mais là, je me rends compte qu'elle cache un secret bien plus profond. Profond et obscur. Les paroles de Yami tout à l'heure :
« Savoir rire lorsqu'on t'étrangle. Pour moi, le bonheur c'est être soi et avoir les bonnes personnes à ses côtés. Que malgré la noirceur des ténèbres continuer à marcher. Ne jamais abandonner et avoir la certitude de faire ce que l'on veut, de se battre pour les autres. De savoir, quand ne pourra jamais te briser parce que tu t'attends toujours au pire. Au moins, tu n'es jamais déçu. »
Elles ont un sens bien plus profond que je me le suis imaginé. Je rentre interloqué. Ryou m'attend avec Malek à l'entrée. Son éternel sourire narquois n'est pas au rendez-vous aujourd'hui.
— Qu'est-ce qui y a ?
— Zork est de retour.
VOUS LISEZ
Manque
أدب الهواةLe pharaon Atem. Un ami, un proche, un héros. Voilà ce que pense Yugi Mûto et tous ses proches. Mais il a tant souffert. Désormais, il est au royaume des Voix Justes puisqu'il a dû une nouvelle fois se sacrifier. Doux sacrifice...Pourtant, il manque...