Chapitre 4

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Quand je voulais faire mon stage, je voulais le faire dans une grande entreprise, non pas parce que je veux continuer à travailler pour elle dans le temps, mais parce que ça faisait vraiment un atout sur le curriculum. C'est ce que je voulais, faire bonne impression auprès de tous ceux chez qui j'allais postuler dans le futur. Ça aurait vraiment fait toute la différence.

Mais je n'aurais jamais pensé que travailler dans une entreprise comme Impero serait aussi angoissant, je l'avoue.

Ses deux grandes mains toujours sur mes épaules, mon patron me conduit jusqu'à la porte de son bureau. Notre proximité me rend tellement mal à l'aise que je dois ressembler à quelqu'un qui a la gastro et qui essaie d'aller jusqu'aux toilettes sans en lâcher une goutte.
Ce n'est clairement pas glamour, je le sais, mais j'ai les fesses si serrées que c'est exactement ce que je pense. Et puis je n'arrive même pas à reprendre une respiration correcte, chaque fois que je prenais une inspiration, son parfum m'agressait le nez à m'en couper le souffle.

En plus de ressembler à une malade du cul, on dirait que j'ai couru un marathon. Je dois vraiment être une top ridicule de l'extérieur, parce que c'est sûr que je ne suis pas un modèle.

Je sens la pression sur mon corps se relâcher quand il se recule pour saisir la poignée de l'une des deux grandes portes qui nous séparent du couloir. Je sens une faible chaleur naître dans le bas de mon dos quelques instants plus tard, avant d'être forcé à nouveau d'avancer pour sortir de la pièce.

Trouvez un patron plus tactile que lui, sérieusement, je pense qu'il serait en prison.

Il me fait pivoter sur la droite, un grand bureau élégant en bois avec quelques petites touches de blanc me fait maintenant face. Une femme est assise derrière, tapant frénétiquement sur son clavier elle aussi. Visiblement, ils ont tous l'air de travailler avec acharnement ici, sauf le patron. Elle a un chignon sophistiqué qui retient ses cheveux derrière sa tête. Elle fixe son écran avant que notre chahut lui fasse relever les yeux sur nous. Je peux observer son visage se déformer de surprise lorsqu'elle pose son regard sur l'homme qui se tient à mes côtés, et un voile de peur traverse ses pupilles.

Elle se relève subitement, mettant ses mains sur ses cuisses pour se courber à quarante-cinq degrés.

— Bonjour monsieur Kim, est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ?

Elle se redresse et je lui souris quand nos iris se croisent un bref instant.

— Je te présente Kang Ji-yeon. Ma nouvelle stagiaire.

— Enchantée, s'adressé-t-elle à moi.

J'ai l'impression d'être une bête de foire et d'être présentée à mes prochains détenteurs. Je dois dire que je n'aimais pas trop ça. De plus, il y a une tension très malaisante qui s'installe entre nous trois.

Discrètement, je lève le regard vers mon nouveau patron, qui faisait une bonne tête de plus que moi. Il fixe la jeune femme avec insistance, à tel point que je pouvais sentir la gêne de celle-ci. Quand je repose les yeux sur elle, elle jouait nerveusement ses doigts.

— Oui monsieur ?

— T'es virée, dit-il dans un sourire arrogant.

Sa sentence étant tombée, un grand silence s'installe ou ni elle, ni moi n'osions parler. Il doit s'agir d'une de ses terribles farces pas drôle du tout, n'est-ce pas ? Son regard s'assombrit soudainement, et ses cheveux viennent très vite tomber dedans lorsqu'il baisse légèrement la tête, lui donnant un air menaçant.

— Bouge-toi, je n'ai pas que ça à faire. Ne m'oblige pas à prendre tes affaires et à te dégager par la force.

Il pose brutalement ses mains sur le bureau, nous faisant sursauter toutes les deux. Il la fixe dans les yeux et elle se pétrifie.

— Et tu oublieras tout ce qu'il s'est passé ici. T'as juste démissionné.

— Oui monsieur.

Il la balaye du regard lorsqu'elle rassemble précipitamment ses affaires, débarrassant le bureau aussi vite qu'elle le peut. Elle ne m'adresse même pas un regard quand elle s'éloigne vers l'ascenseur.

Je reste très perplexe face à cette situation. À vrai dire, je n'ai pas très bien compris ce qu'il venait de se passer. C'était tellement... surprenant que je n'en revenais pas. Je le vois contourner le bureau maintenant qu'il est vide, puis prendre place sur la chaise pour commencer à faire quelque chose sur l'ordinateur, ses yeux se rivant sur l'écran.

Je suis encore abasourdi face à ce qu'il venait de se passer. Il vient de virer quelqu'un sous mes yeux comme si c'était la chose la plus normale du monde. Normalement, il faut des préavis, des papiers. Il l'a juste fait partie comme ça, comme une moins que rien. Et si elle avait des difficultés financières ? Elle y tenait peut-être à ce travail! Et s'il m'arrivait la même chose ?

— Tu penses trop. J'avais juste besoin de la place pour que tu puisses travailler. Je compte te garder parce que tu vas m'être très utile, et pas seulement pour le travail.

Ses yeux sombres et malicieux se plongent dans les miens, me coupant dans mes pensées qu'il semblait avoir lues encore une fois. Comment est-ce qu'il fait ? Pour savoir ce qu'il se passe dans ma tête ? Il doit vraiment être fort en télépathie. 

— Non, j'ai juste des capacités que tu n'imagines même pas. 

— Quoi ?

Il lâche un bref rire face à la stupeur qui se lit sur mon visage. 

— Tu te poses des questions sur moi, c'est légitime. Mais chaque chose en son temps !

Il hausse les épaules et s'avance vers moi, évitant le meuble qui nous sépare pour se poster à quelques centimètres de ma personne. Il plonge ses mains dans ses poches, se penchant sur mon corps pour me surplomber, laissant son regard amusé détailler mon visage. Une tension étrange nait entre nous, et un sourire nerveux se dessine sur mes lèvres quand je n'arrive même pas à le regarder dans les yeux. 

— Tu as encore beaucoup de choses à apprendre de moi, mia bella, mais aussi de toi... Je sens que cette petite aventure va être... amusante.

Sa phrase se termine sur un rictus malsain. 

C'est à ce moment que je me dis que je suis dans la merde. 

Je veux démissionner. 

𝐈𝐌𝐏𝐄𝐑𝐎 | kthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant