Chapitre 6

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Mes yeux fixent l'écran qui se trouve devant moi. Il n'y s'y trouvait pas grand chose, juste un fond d'écran noir avec le logo de l'entreprise en blanc ainsi que son nom. C'est quelque chose de courant dans les lieux publics. J'ai la même chose sur mon ordinateur à l'école. Et puis il y a quelques icônes sur le bureau, dont je ne connais pas l'utilité. Je reconnais seulement la corbeille et le navigateur internet qui à l'air interne. Super, tout à l'air pisté ici, je ne pourrais même pas regarder d'animé tranquillement au lieu de travailler.

Mon attention est détournée par du bruit qui vient du bureau de mon patron. Taehyung... Son nom me dit vaguement quelque chose, je l'ai déjà entendu quelque part. Je sais qu'il n'ai pas le seul détenteur de ce nom, mais lui me perturbait plus que la normale. Comme si je le connaissais déjà. Mais ce qui me titille encore plus, c'est sa voix. Je n'y avais pas fait attention jusque-là, mais, je l'ai déjà entendu quelque part. Et je sais que ce n'est pas à la télé, mais directement dans mes rêves.

Mon sang ne fait qu'un tour, laissant mon cœur rater un battement. Je sens un violent et désagréable frisson s'emparer de mon échine tandis que je reste coincée sur cette chaise de bureau qui me semble tellement inconfortable sur le moment. C'est lui. C'est lui la source de mes cauchemars, mais comment est-ce que ça se fait ? Je ne l'ai jamais vu, ni même aperçu ne serait-ce qu'une fois. Et je doute que de l'avoir entrevu quelques fois à la télé par le biais d'interview ou de scandales que ma mère regardait, ou sur la une des magazines, pourraient me faire faire des cauchemars de ce type.

Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres, s'évaporant dans l'air et brisant le silence un court instant. Je ne sais pas tout ce qu'il se passe mais je n'aime pas ça. J'ai l'impression de me retrouver dans une série et de ne pas maitriser ce qu'il m'arrive. Je savais que j'étais le sims de quelqu'un, mais à ce point, c'est vraiment pas cool. Qu'on me laisse faire ce que je veux s'il-vous-plaît, je ne demande pas la lune.

Mon attention est encore détournée quand le bruit retenti à nouveau dans le bureau du patron. Ce n'est pas quelque chose de commun, vraiment pas. On dirait des bruits de lutte, comme s'ils étaient en train de se battre. Mais même si ma curiosité est piquée à vif, je suis incapable de me lever pour aller voir. Je suis collée sur cette chaise sans même réussir à en décoller mon derrière comme si mon corps était cloué sur place depuis qu'il m'en a donné l'ordre. 

Je ne sais pas quoi faire. Oui je reste assise ici, oui je ne bouge pas, mais qu'est-ce que je dois faire pour m'occuper ? Il ne m'a donné aucune tâche à faire. Je ne vais pas aller sur mon téléphone pour faire passer le temps, si ? Ce serait tellement pas professionnel... 

Ji-yeon, réfléchis, tu vas bien trouver quelque chose.

Je me sens tellement mal à l'aise, pourquoi est-ce que je suis revenue sur ma décision de démissionner ? Je pense que je n'aurais jamais dû le regarder dans les yeux. Il y a quelque chose dans son regard qui m'a dissuadé de faire quoique ce soit. Ma grand-mère me disait souvent de ne pas regarder les gens dans les yeux quand je ne les connaissais pas, surtout si je ne portais pas son bracelet. 

Eh mais...

Je relève les mains face à mon visage pour constater que je n'ai seulement qu'un élastique au poignet droit. J'ai oublié le bracelet chez moi ce matin comme j'étais en retard. Est-ce que ça aurait un lien ? Non c'est tellement bizarre. Ma grand-mère a toujours eu des comportements étranges de toute manière. Mon père disait toujours qu'elle était une vieille sorcière, pour rigoler sûrement, mais je sais qu'il le pense vraiment. Maintenant que j'y pense, je devrais parler de mes cauchemars, elle a un don pour ça, je le sais, et ainsi je pourrais savoir pourquoi je rêve de mon patron.

La porte s'ouvre brusquement, me sortant de mes pensées d'un coup. Je vois l'homme qui était avec Taehyung, Namjoon si je ne m'abuse, sortir avec les mains ensanglantées qu'il essuie sur un tissu blanc.

J'écarquille les yeux sous la surprise, le choc et tout simplement l'horreur. La vue du sang...

Je plaque soudainement mes mains sur ma bouche quand je sens cette montée nauséabonde, comme une bombe à retardement sur le point d'exploser. Mes intestins se tordent violemment, un mélange de bile amère et de morceaux de je-sais-pas-quoi remonte en force dans ma gorge. C'est comme si mon estomac était possédé, se débattant violemment pour expulser tout ce qui le tourmente. Je suis prise au dépourvu, en proie à cette sensation horrible de perdre le contrôle, alors que mon corps se prépare à évacuer son contenu avec une violence incontrôlable.

Je vais vomir, il faut que je cours aux toilettes, mais je n'ai pas le temps et je n'arrive pas à bouger de cette foutue chaise.

Je m'empare rapidement de la poubelle à mes pieds, dégoupillant dedans à peine, je la place sous mon visage.

— Eh beh, on est pas aidé... souffle le nouveau venu. Ils ont vraiment choisi la pire... 

Je le vois s'approcher de moi, d'un pas las, quand je relève la tête. Il retrousse ses manches, d'une manière moins calculée que Taehyung, puis me tend un mouchoir en papier, complètement immaculé, heureusement.

— Tiens.

Je le regarde, déconcertée, hésitant un instant avant de le prendre.

— Il n'est pas empoisonné, tu sais.

Il ricane dans un rictus et je m'en empare finalement tout en le remerciant, pour m'essuyer la bouche avec. Je le jette dans la poubelle que j'éloigne le plus de moi pour éviter d'avoir les odeurs nauséabondes qui m'envahissent.

— Tu devrais aller voir ton patron, il a deux ou trois mots à te dire.

Sur ces mots, il se dirige vers l'ascenseur, glissant ses mains dans les poches de son pantalon. Un mauvais, très mauvais pressentiment tend mes muscles pendant que je bascule ma tête vers le bureau de mon supérieur. Étrangement, je sens que je peux dorénavant me lever, mais est-ce que j'ai réellement envie d'aller voir ce qu'il s'est passé dans cette pièce ? Non.

Je veux juste rentrer chez moi et ne plus remettre les pieds ici, ça c'est certain.

𝐈𝐌𝐏𝐄𝐑𝐎 | kthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant