𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟬𝟱

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      —  Non, non, je ne suis pas d'accord ! s'emporte Tyron. Il a failli se faire violer ! Il y a un putain de témoin !
      —  Calme-toi, gronde papa.

Moi je ne dis rien. Je préfère rester en retrait. Évidemment que je ne veux pas qu'il reste impuni. Mais ce n'est pas quelque chose de facile à raconter. C'est la sixième fois qu'on vient dans ce commissariat. Le juge ayant déclaré qu'il avait un casier vierge et que ça c'était produit en boîte de nuit, le gars reste impuni. Ce que mes parents, mon frère et moi-même ne comprenons pas vraiment.
Mon père commence à légèrement perdre patience. Ma mère reste muette mais je remarque à sa façon de se tenir qu'elle se retient fortement de s'exprimer. Tyron, lui n'a plus aucun filtre. Il balance des insultes à tout va et s'énerve sur n'importe qui.
Moi je reste là, sur ma chaise. Après bien deux heures à regarder mes parents se battre et mon frère ruminer, je me lève et sors du bâtiment.
Je ne sais pas vraiment s'ils ont remarqué mon absence, mais je m'en fiche un peu. J'en ai marre. Je veux juste que ça s'arrête.
Je soupire fortement avant de détacher mes cheveux. Je les secoue, histoire de défaire cette impression d'être encore serrer.
Je m'assoie sur la première marche du commissariat et sors mon téléphone. Je joue un moment à candy crush quand je sens une présence à côté de moi.
Je relève les yeux et sursaute en constatant que ce n'est pas Tyron.

      —  Désolé gamine, je ne voulais pas te faire peur.

Je hausse les épaules.

      —  Je pensais que c'était mon frère c'est pour ça.
      —  Où est-il ?
      —  Dedans, je réponds.
      —  Hum. Je suis le Lieutenant RIJOUX.
      —  Thaïs.
      —  Et pourquoi ton frère est là-dedans ? Si je puis me permettre.

Je me mords les lèvres avant de soupirer.

      —  Il fait ce qu'il a toujours fait...
      —  C'est-à-dire ?
      —  Me protéger.

Le lieutenant sourit.

      —  C'est que t'as de la chance d'avoir un frère qui te protège !

Je ris.

      —  Vous savez, le lien gémellaire est très fort, je dis.
      —  Ah, vous êtes jumeaux ?
      —  Exact.

L'homme fronce les sourcils.

      —  Mais ce lien n'est pas aussi fort lorsqu'il s'agit de faux jumeaux, si ?
      —  Nous sommes de vrais jumeaux, j'indique. C'est juste que... j'ai l'apparence d'une fille.
      —  Oh. Désolé.

Je hausse les épaules.

      —  Ce n'est pas grave. C'est fait exprès. Même si aujourd'hui, je n'ai pas mis les vêtements, je me rends compte que je ressemble vraiment à une nana...
      —  Et... c'est grave ?
      —  Pas vraiment.

Le vieil homme soupire, et je sens qu'il est perdu.

     —  Désolé, je lâche en riant. C'est juste qu'avec ma famille on... joue à des jeux stupides. Cette année j'ai perdu, du coup... mon gage était de m'habiller en fille. J'avais déjà les cheveux mi-long l'année dernière. Avec ce gage j'ai été obligé de les laisser pousser. C'est pour ça que je ressemble tant à une fille.
      —  Je vois. Il y a le vernis aussi.

Je hoche la tête.

      —  Bon... quel as-tu ?
      —  17, j'indique.
      —  Et que fait ton frère pour te protéger cette fois ?
      —  Il essaie en vain de faire entendre raison à vos collègues.
      —  Comment ça ?
      —  Je... je soupire. Il y a environ trois semaines, j'ai failli me faire violer. En boîte.
      —  Sacre bleue !
      —  Comme vous dîtes, je soupire. Tyron a senti... l'incident. Et un ami a pu m'aider à temps. Mais on est quand même venu porter plainte.
      —  Et donc ?
      —  Bah... son casier est vierge et c'était en boite sous le coup de l'alcool du coup... il a eu un avertissement.
      —  Et c'est tout ?
      —  Hum, hum...

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